Analyse

L’écrasante majorité des Français est prête à tout changer — ou presque — pour lutter contre la crise climatique

  • Par

Less is more. Alors qu’elles et ils vien­nent d’envoyer à l’Assemblée nationale une large majorité de députés libéraux, de droite et d’extrême droite, près de deux-tiers des Français·es con­sid­èrent que notre mod­èle économique n’est pas com­pat­i­ble avec la lutte con­tre le change­ment cli­ma­tique et 73 % pensent que la sobriété est une solu­tion. Cepen­dant, la moitié d’entre elles et eux n’a pas con­fi­ance dans les poli­tiques pour effectuer ces change­ments, révèle une étude de Par­lons cli­mat pub­liée ce mar­di.

Vête­ments à gogo, gad­gets à foi­son, jouis­sance illim­itée : nos concitoyen·nes rêvent-elles et ils de sur­con­som­ma­tion ? Rien n’est moins vrai, selon une étude de Par­lons cli­mat, un pro­gramme ini­tié par le lab­o­ra­toire d’idées Des­tin com­mun, et réal­isée par l’institut Kan­tar Pub­lic en mars 2022 sur un échan­til­lon de 4 000 per­son­nes. Si le pou­voir d’achat reste la pre­mière préoc­cu­pa­tion des Français·es, surtout en ces temps d’inflation des prix, 58 % con­sid­èrent qu’il fau­dra une trans­for­ma­tion « rad­i­cale » de nos modes de vie pour sauve­g­arder l’environnement. Con­traire­ment à une idée reçue, 73 % des per­son­nes sondées jugent souhaitable la sobriété – définie comme une « diminu­tion de la con­som­ma­tion » – pour lut­ter con­tre le change­ment cli­ma­tique.

L’étude pré­cise que la pop­u­la­tion de notre pays est une minorité (moins de 20 %) à ne pas vouloir « con­som­mer des fruits et légumes locaux et de sai­son même si cela réduit son choix », à s’opposer au fait de ne plus pren­dre l’avion ou encore à se mon­tr­er « réti­cente à acheter des pro­duits fab­riqués dans les pays loin­tains ». En revanche, le con­cept de décrois­sance, défi­ni comme la baisse de la pro­duc­tion de richess­es — mesurée par le pro­duit intérieur brut (PIB), séduit moins de la moitié d’entre elles et eux.

L’aspiration à chang­er de sys­tème économique n’est pas l’apanage des plus jeunes ; ces ques­tion­nements sont com­muns à toutes les class­es d’âge, soulève encore l’étude. Par exem­ple, les 18–34 ans sont 36 % à faire du cli­mat l’une de leurs trois pri­or­ités, tout comme un tiers des 65 ans et plus. Les aîné·es sont aus­si celles et ceux qui croient le moins en la tech­nolo­gie comme solu­tion à la crise cli­ma­tique : elles et ils ne sont que 20 % con­tre 29 % chez les 18–34 ans.

Des chiffres jugés « éton­nants » par Lucas Fran­cou Damesin, l’un des auteurs de l’étude, qui souligne que « la sobriété, et par exten­sion la société écologique, est vue comme très souhaitable ». Une appar­ente inco­hérence au moment où les élec­tions lég­isla­tives de ce dimanche ont porté à la dépu­ta­tion une majorité de représentant·es de par­tis libéraux d’un point de vue économique – Ensem­ble (la coali­tion de la majorité prési­den­tielle) a recueil­li 38,6 % des suf­frages exprimés, Les Répub­li­cains 7 % et le Rassem­ble­ment nation­al 17,3 %. L’explication se trou­ve aus­si peut-être dans les pages du tra­vail de Par­lons cli­mat qui mon­tre que la moitié seule­ment des Français·es « aimerait que les respon­s­ables poli­tiques pren­nent des mesures fortes en matière de lutte con­tre le change­ment cli­ma­tique » et 45 % dis­ent que « les mem­bres du gou­verne­ment sont les acteurs aux­quels ils font le moins con­fi­ance pour fournir des infor­ma­tions fiables sur les sujets impor­tants ».