Le géant pétrogazier TotalEnergies est une nouvelle fois l’invité de la délégation française à la COP. Et c’est loin d’être un cas isolé. Après avoir épluché la liste des 40 000 participant·es au 30ème sommet mondial (COP30) sur le climat qui s’est ouvert lundi à Belém (Brésil), la coalition d’ONG Kick Big Polluters Out (KBPO) («Mettez les gros pollueurs dehors», en anglais) a dénombré 1 602 lobbyistes des énergies fossiles.
Cela représente une proportion record d’1 inscrit·e sur 25. En valeur absolue, la COP28 organisée à Dubaï (Émirats arabes unis) conserve le record (avec 2 456 lobbyistes repéré·es), mais l’affluence totale avait dépassé les 80 000 inscrit·es lors de cette édition-là.

Parmi les principaux pourvoyeurs de lobbyistes, l’International Emissions Trading Association (L’Association internationale d’échange de quotas d’émission) en a accrédité 60. Parmi elles et eux, des représentant·es des majors ExxonMobil, BP et TotalEnergies. Beaucoup sont aussi directement invité·es dans les délégations officielles des pays. La France a ainsi convié 22 lobbyistes (sur une délégation de 450 personnes), dont le président-directeur général de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, et le dirigeant du groupe énergétique Engie, Jean-Pierre Clamadieu.
Plus nombreux que les délégations des dix pays les plus vulnérables
Pour se représenter l’impact d’une telle infiltration des intérêts fossiles au cœur des négociations climatiques, KBPO rappelle que ces 1 602 représentant·es sont plus nombreuses et nombreux que l’ensemble des délégations des dix pays les plus vulnérables face au dérèglement climatique (1 061 délégué·es). Elles et ils sont également 50 fois plus nombreux·ses que la délégation des Philippines et 40 fois plus que celle de la Jamaïque, deux pays récemment dévastés par des catastrophes climatiques, rendues plus intenses par le réchauffement de la planète.
Pour la première fois à la COP30, tous les participant·es non gouvernementaux ont dû indiquer lors de leur inscription l’origine du financement de leur participation et confirmer que «leurs objectifs individuels sont alignés» sur ceux de l’Organisation des Nations unies. Un effort de transparence manifestement peu dissuasif.
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