Après la Jamaïque, Haïti et Cuba en début de semaine, Melissa poursuit sa route vers les Bahamas. Classé en catégorie 5 (le niveau maximal sur l’échelle de Saffir-Simpson) lorsqu’il a atteint les côtes jamaïcaines mardi soir, l’ouragan a déversé sur l’île jusqu’à 76 centimètres de pluie, avec des vents atteignant 297 kilomètres-heure (km/h).

Depuis mercredi, il perd peu à peu de sa puissance mais laisse dans son sillage des dégâts humains et matériels considérables. Le bilan, forcément provisoire, s’établit à plus de 30 morts, dont 24 en Haïti. En Jamaïque, une analyse préliminaire d’Enki Research évalue les dégâts entre six et dix milliards de dollars (soit 5 et 8,6 milliards d’euros), environ 40% du produit intérieur brut (PIB) du pays. Au total, la région des Caraïbes pourrait déplorer plus de 50 milliards de dollars (43 milliards d’euros) de dommages, d’après AccuWeather.
«Le changement climatique d’origine humaine a clairement rendu l’ouragan Melissa plus fort et plus destructeur», a expliqué à la presse Ralf Toumi, le directeur du Grantham Institute de l’Imperial College London (Royaume-Uni). En cartographiant des millions de trajectoires théoriques de tempêtes dans différentes conditions climatiques, son équipe a découvert que dans un monde sans réchauffement, un ouragan comme Melissa n’aurait touché la Jamaïque qu’une fois tous les 8 000 ans environ. Dans le climat actuel – le réchauffement climatique mondial a atteint +1,3°C depuis 1850 –, cet événement est désormais quatre fois plus probable, et survient à peu près une fois tous les 1 700 ans.
Les scientifiques ont constaté que le réchauffement de l’air et de l’eau à la surface de l’océan a accru la vitesse des vents de Melissa de 7% (soit 18 km/h). En revanche, elles et ils n’ont pas pu attribuer d’effet du changement climatique aux précipitations en raison de données satellitaires temporairement inaccessibles. D’après le Climate Damage Tracker, une nouvelle initiative de l’Imperial College London qui évalue les coûts humains et économiques du changement climatique, la hausse des températures a déjà doublé la probabilité que des tempêtes tropicales se transforment en ouragans majeurs.
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