Décryptage

COP28 à Dubaï : les trois dossiers chauds pour l’avenir de la planète

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La 28ème conférence des Nations unies sur le climat (COP28) débute la semaine prochaine à Dubaï, aux Émirats arabes unis. Malgré les nombreux procès en inutilité, plusieurs dossiers cruciaux sont à l’ordre du jour.

Certes, confier l’organisation à une puissance pétrogazière était le meilleur moyen d’alimenter le scepticisme ambiant autour des COP. Mais même si la COP28 part sur un mauvais pied, des dossiers très chauds y seront négociés, qui sont autant de raisons de la suivre de près, estiment notamment les 27 organisations membres du Réseau action climat (RAC) français.

On fait le bilan, calmement

Pour commencer, les États devront faire le premier bilan mondial (ou «global stocktake») depuis la signature de l’Accord de Paris en 2015. «Ce bilan va prendre la forme d’un texte de décision où ils identifieront ce qu’ils doivent améliorer collectivement», a détaillé Marine Pouget, en charge de la gouvernance internationale sur le climat du RAC. En septembre, l’ONU avait déjà averti que le monde était sur la mauvaise pente (notre article). L’idée est donc de trouver comment améliorer les engagements pour le climat de chaque pays (les «Contributions déterminées au niveau national» – CDN), avec une mise à jour prévue pour 2025. Mais «le bilan mondial couvre tous les secteurs de l’Accord de Paris» et pas seulement la lutte contre le réchauffement climatique, précise Marine Pouget. Outre les stratégies d’atténuation du changement climatique, les moyens d’adaptation et de réparation seront également examinés.

Viser la thune

Sujet crispant s’il en est, la solidarité financière entre le Nord et le Sud sera une fois de plus au cœur des négociations à Dubaï. En 2009, les pays développés s’étaient engagés à transférer 100 milliards de dollars par an entre 2020 et 2025 pour aider les pays du Sud à mettre en œuvre des politiques d’atténuation et d’adaptation au changement climatique. Ce montant vient d’être atteint avec trois ans de retard, selon des données provisoires de l’OCDE et il est déjà l’heure de négocier l’objectif post-2025. D’après Oxfam, les besoins des pays du Sud pourraient atteindre le montant colossal de 3 000 milliards de dollars par an dès 2030.

Autre sujet majeur : la création d’un mécanisme de réparation des «pertes et dommages», pour que les pays les plus responsables de la crise indemnisent les pays qui en subissent les pires conséquences. «L’année dernière, on a fait un pas de géant en scellant un accord pour mettre en place un fonds, s’est félicitée Fanny Petitbon, de l’association Care France. Il faut désormais le rendre opérationnel et que des engagements financiers soient pris dès cette COP». Le projet de texte sur lequel vont plancher les États ne contient pour l’instant ni cible financière, ni obligation de financement de la part des pays historiquement responsables du changement climatique. Le texte peut encore être «rouvert», même si le risque est grand qu’il soit «adopté tel quel ou qu’il n’y ait aucun accord», entrevoit Fanny Petitbon.

Plus fossile à dire qu’à faire

Bien que les combustibles fossiles soient la principale cause du dérèglement climatique (à 80%), les pays ne sont jamais parvenus à acter collectivement la nécessité d’en sortir. «Paradoxalement», le fait de confier l’organisation de la COP28 à une puissance pétrogazière «a donné un regain de mobilisation assez exceptionnel», selon Arnaud Gilles, du WWF France. «Non seulement, la société civile, mais aussi plusieurs chancelleries ont fait de la sortie des fossiles leur priorité», selon lui. L’Europe, et notamment la France, font partie des pays moteurs sur ce sujet. Les pays d’Afrique ont déjà indiqué qu’ils n’adhèreraient à cet objectif qu’en cas d’augmentation des financements pour le climat.

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Photo d’illustration : Vue aérienne de Dubaï. © Christoph Schulz / Unsplash

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