Changer de COP. Alors que s’est ouverte, jeudi, la 28ème conférence des Nations Unies (COP28) sur le climat à Dubaï, une alter COP, organisée par le collectif Scientifiques en Rébellion, a installé ses quartiers à Bordeaux.
Rassemblé·es dans l’immense bunker de la Base sous-marine de Bordeaux, ancien lieu militaire désormais dédié à la création, les membres du collectif Scientifiques en rébellion proposent au public rencontres, projections, performances et conférences pour aborder différemment les questions climatiques.
«Nous partons du constat suivant : depuis la première conférence mondiale sur le climat de 1992, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 60%. Il ne s’agit pas de dire que les COP ne servent à rien, mais elles ne suffisent pas. Avec cette alter COP, nous proposons d’autres narratifs, d’autres façons de partager les connaissances scientifiques et d’autres leviers d’action», explique à Vert Romain Grard, l’un des coordinateurs de l’événement.
Ce vendredi, le collectif organise un procès fictif du pétrolier français TotalEnergies pour son rôle climaticide, qui projette le public en 2035. «Nous l’avons co-construit avec la fac de droit de Poitiers, en prévoyant des temps de pause dans les 5 heures que dure ce procès pour des échanges entre le public et les scientifiques», détaille Romain Grard. Ce metteur en scène, qui poursuit un master en ingénierie environnementale, soutient que les liens entre sciences et arts permettent une authentique mobilisation des citoyen·nes.
Ce weekend, les tables-rondes sur l’eau, la métropolisation, les pesticides, les énergies ou la désobéissance civile voisineront avec des formes artistiques et un clubbing militant. L’intégralité de ces rendez-vous est accessible en streaming.
«En France, le collectif Scientifiques en rébellion compte environ 400 membres actifs», précise le chercheur en épidémiologie Kévin Jean, l’un des initiateur·ices de l’appel des 1000 scientifiques qui a donné naissance au mouvement en février 2020.
Ironie du calendrier, alors que s’ouvrait ce jeudi la COP28 sur le climat à Dubaï et l’alter COP, le bureau francilien de Scientifiques en rébellion était, lui, au tribunal pour un procès suite à une action d’occupation du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), réalisée le 9 avril 2022, qui visait à alerter sur la crise écologique. «Au vu des débats lors du procès ce jeudi, la relaxe est presque assurée et les faits reprochés ne seront pas retenus», confie Kévin Jean. De quoi passer une bonne alter COP.
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