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Cent millions d’euros vont être investis par l’État pour attirer des chercheurs étrangers en France

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Science des responsabilités. Lundi, l’État français a promis d’investir cent millions d’euros pour accueillir en France des scientifiques étranger·es, dont des Américain·es menacé·es par les baisses de financement de l’administration Trump.

Lors de la conférence «Choose Europe for science» (Choisissez l’Europe pour la science), organisée lundi à l’université de la Sorbonne, à Paris, Emmanuel Macron a dénoncé tout «diktat qui consisterait à dire qu’un gouvernement quel qu’il soit puisse dire “il est interdit de chercher ceci ou cela”», qu’il s’agisse de «la santé des femmes», des «cyclones» ou du «climat».

«Personne ne pouvait penser que cette très grande démocratie du monde, dont le modèle économique repose si fortement sur la science libre», «allait faire une telle erreur», a-t-il ajouté. Une attaque directe contre la politique de de son homologue américain, qu’il n’a pas nommé.

«Un appel de la Sorbonne»

«Face aux menaces», «l’Europe, oui, doit devenir un refuge», a scandé Emmanuel Macron en lançant «un appel de la Sorbonne qui s’adresse à tous les esprits libres qui veulent œuvrer pour la science et défendre notre modèle». Selon lui, «sans science libre, nous perdons (…) ce qui fait le cœur même des démocraties libérales occidentales».

Via ces financements, la France entend permettre aux chercheur·ses du monde entier, «qui croient en cette science libre», de rejoindre l’Europe pour poursuivre leurs travaux sans restriction.

Les cent millions d’euros d’argent public supplémentaires permettront de «cofinancer des recrutements dans les établissements français». Ils seront financés par une réserve du programme d’investissement public France 2030 qui n’était jusqu’ici pas affectée, a précisé l’Élysée. «Cela passera par un engagement du secteur privé et de certaines collectivités locales pour accompagner ces cofinancements», a indiqué la présidence.

La plateforme internet «Choose France for Science», lancée par le gouvernement le 18 avril, a déjà «suscité plus de 30 000 connexions, dont un tiers depuis les États-Unis», a souligné le chef de l’État. Elles émanent en tout de 157 pays.

Soutien à François Hollande

Lors de l’événement, Emmanuel Macron a également exprimé son soutien aux «propositions, y compris législatives, visant à mieux protéger les réfugiés scientifiques», dans une allusion apparente au texte de loi déposé par son prédécesseur socialiste François Hollande à l’Assemblée nationale.

Pour Emmanuel Macron, «ce qui est remis en cause aujourd’hui, principalement compte tenu du rôle pivot des États-Unis pour la science mondiale, ce sont les grandes plateformes de recherche structurantes à l’échelle planétaire, les bases de données essentielles en épidémiologie, en climatologie, qui risquent d’être arrêtées, rendues inaccessibles, voire dans certains cas irrémédiablement perdues pour la science». Le président a appelé à protéger ou recréer ces bases de données en Europe pour assurer leur pérennité.

Enfin, il a demandé à l’Europe d’«investir massivement» sur «une dizaine de chantiers du siècle», en matière de santé, d’espace, de quantique, d’intelligence artificielle, d’économie circulaire, de vieillissement, d’énergie nucléaire, de climat, d’électronique, ou encore de lutte contre la désinformation.

Dans un communiqué publié vendredi, l’intersyndicale de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR) a fustigé une opération de communication menée par Emmanuel Macron. La mise en place de la plateforme Choose France for science est jugée «choquante, voire indécente» dans un contexte d’affaiblissement conséquent (baisse des financements et du nombre de titulaires, attaques contre le «wokisme», etc) de l’enseignement supérieur depuis 2017. L’intersyndicale critique notamment l’écart de traitement entre les scientifiques américain·es qui pourraient être accueilli·es, et celui des chercheur·ses précarisé·es en France. Pour cette dernière, ces annonces ne servent qu’à «redorer l’image [du gouvernement] à peu de frais».

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