La Bourse ou la vie. De plus en plus de militant·es en cols blancs s’immiscent dans l’actionnariat des entreprises pour les inciter à de meilleures pratiques. Ces six derniers mois, le phénomène a atteint son plus haut niveau, selon un rapport de la banque Lazard.
L’activisme actionnarial est une branche de l’investissement durable qui consiste à influencer de l’intérieur les pratiques de certaines sociétés. En devenant actionnaire, il est en effet possible d’interpeller les dirigeant·es en soumettant des déclarations ou des résolutions à l’ordre du jour des assemblées générales, en faisant usage de son droit de vote ou encore en dialoguant avec les instances de direction. Certes, l’influence est proportionnelle au nombre d’actions détenues et les fonds « responsables » sont, la plupart du temps, très minoritaires. Mais la banque Lazard a tout de même relevé quelques réussites notables dans son rapport annuel.

Elle mentionne par exemple la campagne acharnée de l’homme d’affaires américain Carl Icahn à l’encontre de la chaîne de fast-food McDonald’s pour que celle-ci se fournisse auprès d’entreprises plus respectueuses de la condition animale. En février dernier, le multimilliardaire est parvenu à faire nommer deux des siens au conseil d’administration de l’entreprise. En France, note la banque, le fonds d’investissement Mirova a demandé un changement de gouvernance à la tête d’Orpea après les révélations de maltraitance des pensionnaires dans les maisons de retraite du groupe.
Au cours des trois premiers mois de l’année, pas moins de 73 nouvelles campagnes d’activisme actionnarial ont été lancées, ce qui en fait un trimestre record, en hausse de 33 % sur un an. Les fonds responsables sont parvenus à obtenir 38 sièges dans des conseils d’administration de diverses entreprises et se battent pour l’obtention de 85 sièges supplémentaires. Si les Américain·es sont les champion·nes de l’activisme actionnarial avec 60 % des campagnes comptabilisées, la France n’est pas en reste. Au premier trimestre 2022, elles ont concentré 27 % des campagnes menées en Europe.
À ce sujet, le groupe TotalEnergies attire particulièrement les faveurs de ces fonds avec le dépôt de résolutions à répétition. En mars, le fonds Clearway Capital a appelé la major pétrolière à se retirer de Russie à la suite de l’invasion de l’Ukraine. Peu de temps après, celle-ci a annoncé qu’elle cessait l’importation de pétrole (mais pas de gaz) en provenance de Russie. En outre, la prochaine assemblée générale du groupe, programmée en mai, prévoit deux résolutions concernant le climat. La première, portée par des actionnaires néerlandais·es, demande que l’entreprise se fixe des objectifs conformes à l’Accord de Paris sur le climat et sur la limitation de la hausse des températures (à 1,5 °C au-dessus de la moyenne de l’ère pré-industrielle). La seconde émane d’actionnaires français·es qui demandent à TotalEnergies de fournir des précisions sur la baisse de ses émissions à court (trois à cinq ans) et moyen terme (huit à dix ans), ainsi que sur l’évolution de son mix énergétique.
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