L'édito

Budget 2026 : des économies massives sur le dos des plus précaires

Feuille déroute. À partir de ce vendredi, le projet de budget du gouvernement est étudié à l'Assemblée nationale. Santé, logement, retraites… Il regorge de propositions qui ont de quoi faire souffrir les plus pauvres comme rarement auparavant, selon le rédacteur en chef de Vert Loup Espargilière.
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Pauvres, étudiants, malades… S’il est adopté en l’état, le budget 2026 du gouvernement sera une véritable boucherie sociale.

Après un examen en commission des finances, le projet de budget du gouvernement est étudié dans l’hémicycle à partir de ce vendredi. Puis, ce sera au tour de celui de la Sécurité sociale. Au vu de sa faiblesse inédite, on aurait pu imaginer que l’exécutif présenterait une copie moins dure que ce qu’il prévoyait auparavant. Rien n’y fait : les plus pauvres paieront en large partie les économies massives voulues par le gouvernement.

Voici quelques-unes des mesures les plus violentes :

Une «année blanche» pour les prestations sociales et les retraites

Les retraites et les allocations (chômage, familiales, APL, RSA, etc.) ne seront pas indexées sur l’inflation : c’est-à-dire qu’elles stagneront pendant que les prix augmentent. Les personnes qui en bénéficient seront donc appauvries.

Un carnage pour les personnes en situation de handicap

Même les allocations destinées aux adultes handicapés (AAH) et à l’éducation des enfants handicapés seraient gelées.

Le projet de budget du gouvernement de Sébastien Lecornu prévoit des économies sur le dos des plus pauvres. © Alain Jocard/AFP

Et l’allocation pour les affections longue durée (ALD) pourrait être soumise à l’impôt sur le revenu. Elle concerne les personnes atteintes d’au moins une des 30 maladies listées par le ministère de la santé : cancers, AVC, paraplégie, diabète, Alzheimer, Parkinson, etc.

Les mots manquent pour décrire l’indignité de ce geste.

Doublement des franchises médicales

Le reste à charge sur les boîtes de médicaments passerait de un à deux euros ; de quatre à huit euros pour les transports sanitaires. La participation forfaitaire lors d’un passage chez le médecin, pour une radio ou des analyses, bondirait de deux à quatre euros.

Combien de personnes fragiles devront souffrir plutôt que de se soigner ?

Des alternant·es encore plus précaires

Les salaires des apprenti·es seraient désormais soumis aux cotisations sociales classiques des salarié·es. Elles et ils pourraient ainsi perdre entre 101 et 187 euros nets par mois selon les calculs de l’Association nationale des apprentis de France (L’Étudiant).

L’aide de 500 euros pour passer le permis de conduire serait aussi supprimée.

Le logement social amputé

Le budget du logement social serait réduit de 900 millions d’euros. C’est autant en moins pour les HLM ou la rénovation thermique des logements, une urgence écologique et sociale.

Les APL (Aides personnelles au logement) pour les étudiant·es étranger·es non boursier·es et non ressortissant·es de l’Union européenne seraient supprimées.

Les aides à l’insertion par l’activité économique (IAE) seraient réduites de 194 millions d’euros

L’IAE permet à des personnes sans emploi en difficulté d’obtenir un contrat de travail dans des structures telles que le réseau Emmaüs.

Comme l’a expliqué Benoît Hamon, président d’ESS (Économie sociale et solidaire) France, à Alternatives économiques : «C’est un instrument essentiel de lutte contre la pauvreté, qui permet à des personnes très éloignées de l’emploi de se réinsérer sur le marché du travail.» Il estime que 50 000 des 300 000 emplois concernés seraient menacés.

Et aussi…

Suppression de plus de 3 000 postes de fonctionnaires, budget en baisse pour l’Agence nationale de l’habitat et le Fonds vert qui accompagne les collectivités, ces mêmes collectivités locales ponctionnées de huit milliards d’euros… Je ne vous ferai pas la liste complète.

Aujourd’hui, 9,8 millions de Français·es vivent sous le seuil de pauvreté (60% du niveau de vie médian, c’est-à-dire 1 288 euros par mois pour une personne seule, selon l’Insee).

C’est du jamais vu depuis 1996, début de cette série statistique.

© Insee, DGFIP, Cnaf, Cnav, CCMSA, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux 2016 à 2023.

Pourtant

Les député·es macronistes et Rassemblement national ont balayé de concert en commission l’instauration d’une taxe Zucman de 2% par an sur le patrimoine des ultrariches.

Les pauvres seront la variable d’ajustement du déficit colossal né de huit années de macronisme.

Pendant que nos regards sont tournés vers les joyaux de la couronne ou les livres que lira Nicolas Sarkozy en prison, on s’apprête à faire souffrir les plus pauvres comme rarement auparavant.

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