Ils sont conçus pour attirer l’œil des plus jeunes, avec leurs couleurs flashy et leurs personnages cartoonesques. Les aliments pour enfants sont, pour la plupart, des produits ultra-transformés aux effets délétères sur la santé. C’est ce qu’a révélé 60 Millions de consommateurs dans une étude publiée jeudi. Le magazine a passé au crible une quarantaine de produits, des BN à la fraise aux Flamby en passant par les petits beurres… En tout, 35 d’entre eux présentaient les caractéristiques de «l’ultra-transformation».
Certains de ces aliments s’adressent pourtant aux tout-petits. C’est le cas du Blédidej céréales, qui contient pas moins de sept ingrédients typiques de l’ultra-transformation, ou de «Mon 1er Petit Beurre aux pépites de chocolat», qui en renferme quatre. «On ne peut pas imaginer qu’un produit pour enfants puisse être bourré de cochonneries, a déploré Sophie Coisne, rédactrice en chef adjointe de 60 Millions de consommateurs, sur RTL. Eh bien si. Plus de 80% des produits testés contiennent au moins un additif.»
Des produits trop gras et trop sucrés
Les aliments dits «ultra-transformés» sont considérés comme tels lorsqu’ils ont subi un processus de transformation industrielle et l’ajout de nombreux additifs artificiels.
Selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), les méthodes de transformation sont les suivantes : fractionnement (la décomposition d’un aliment brut en plusieurs ingrédients qui seront utilisés pour la préparation d’autres produits alimentaires) ; le soufflage (des céréales), la cuisson-extrusion (traitement mécanique et sous pression de farines humidifiées et de pâtes portées à température élevée) ou encore l’hydrogénation (transformation chimique des acides gras).
Crèmes dessert, portions de fromage fondu, nuggets de poulet… Les produits ultra-transformés sont recensés dans la base de données OpenFoodFacts et accompagnés d’un score qui évalue leur degré de transformation.
Ils font depuis plusieurs années l’objet d’études pointant leurs effets nocifs sur la santé. Le constat est double : non seulement ils sont peu intéressants sur le plan nutritionnel – trop salés, trop sucrés ou trop gras, pauvres en fibres et en vitamines –, mais ils incitent aussi à manger davantage. Résultat : l’apport calorique des repas augmente, de même que le risque de surpoids et d’obésité.
Des alternatives possibles
D’après Sophie Coisne, les produits les plus problématiques sont les biscuits destinés au goûter, mais aussi les snacks : «Il y a de très célèbres biscuits fourrés, surtout à la fraise, qui sont particulièrement ultra-transformés. De façon plus surprenante, certains biscuits qui ont l’apparence d’un produit très sain – parce qu’il y a des céréales complètes à l’intérieur, ou du miel – contiennent énormément de marqueurs d’ultra-transformation.»
Faut-il bannir les rayons enfants des supermarchés ? Pas forcément. Mais une règle simple peut aider : plus la liste d’ingrédients est courte, mieux c’est. «Si la composition dépasse dix ingrédients, il y a de très fortes chances que le produit soit ultra-transformé», rappelle Sophie Coisne dans L’Humanité.
En cas de doute, ou pour trouver des idées de repas équilibrés, Santé publique France propose des repères nutritionnels et des recettes simples sur son site manger-bouger.fr.
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