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Au Royaume-Uni, prison ferme contre dix activistes écologistes de Just stop oil

Frisson ferme. La justice britannique a confirmé les peines de prison de dix militant·es écologistes, et quelque peu allégé celles de six autres. Elles et ils étaient jugé·es pour des actions de désobéissance civile qui visaient à rappeler l’urgence écologique.
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À l’annonce de la décision par la Cour d’appel britannique, une vingtaine de militant·es de l’ONG Just stop oil se sont levé·es des bancs de la salle d’audience, en silence. Elles et ils ont tourné le dos à la juge, Sue Carr, plus haute magistrate d’Angleterre et du Pays de Galles, vêtu·es de tee-shirts «Corruption in Court» («Corruption au tribunal»). Ce vendredi, la justice a confirmé les peines de prison de dix activistes écologistes de cette organisation, et allégé celles de six autres. Tous plaident pour l’arrêt de l’exploitation des énergies fossiles d’ici à 2030.

Les six qui passeront finalement moins de temps derrière les barreaux avaient écopé, en juillet 2024, de quatre à cinq ans d’emprisonnement – des peines qui avaient choqué les ONG écologistes.

Une militante de 78 ans

Ces derniers avaient planifié, lors d’une réunion en ligne, une action de blocage de l’autoroute M25 autour de Londres. Parmi elles et eux figurait le fondateur de Just stop oil, Roger Hallam, qui a vu sa peine réduite de cinq à quatre ans de prison par la cour d’appel.

Il s’agissait des peines «les plus élevées de leur genre dans l’histoire moderne du Royaume-Uni», avait affirmé l’un de leurs avocats, Danny Friedman, lors de l’audience fin janvier. Au total, les 16 participant·es à l’action avaient tous·tes été condamné·es en première instance à des peines comprises entre 15 mois et cinq ans de prison ferme.

Phoebe Plummer et Anna Holland, de Just stop oil, avaient jeté de la soupe sur les «Tournesols» de Van Gogh, en octobre 2022.  © Just Stop Oil/Anadolu via AFP)

L’avocate de l’organisation Friends of the Earth Katie de Kauwe, associée au recours, a salué, après le jugement et les allégements de peine d’aujourd’hui, une «évolution positive pour le mouvement climat dans son ensemble, et pour tous les mouvements pacifiques qui réclament des comptes au gouvernement».

«Nous saluons le principe de l’arrêt d’aujourd’hui selon lequel la condamnation pour une manifestation pacifique doit tenir compte des motivations de l’accusé et des protections offertes par la Convention européenne des droits de l’homme», a-t-elle ajouté.

Gaie Delap, militante de 78 ans condamnée à 20 mois de prison pour avoir escaladé les portiques de l’autoroute M25, a vu sa peine réduite à 18 mois d’enfermement. Cette femme à la santé fragile, victime d’un AVC en juillet, avait déjà été autorisée à sortir de prison fin janvier après 43 jours, pour être assignée à résidence avec un bracelet électronique.

Des peines qui «n’ont pas leur place dans une démocratie»

Phoebe Plummer et Anna Holland avaient respectivement été condamné·es à deux ans et 20 mois de prison pour avoir jeté, en octobre 2022, une conserve de soupe sur les Tournesols de Van Gogh – protégés derrière une vitre – à la National Gallery de Londres. Elles ont vu leur requête d’allègement de peine rejetée.

C’est aussi le cas des quatre militant·es de l’ONG qui avaient escaladé les portiques de l’autoroute M25 avec des bannières Just stop oil, et de quatre autres qui avaient occupé pendant 13 jours un tunnel sous une route dans l’Essex, pour dénoncer l’impact de l’industrie des énergies fossiles.

© The Guardian

Le parquet britannique avait défendu la sévérité des peines infligées en première instance, estimant que les membres de Just stop oil avaient «dépassé les limites du raisonnable», et soulignant le caractère «dangereux» de leurs actions.

«En dépit des modestes réductions accordées, ces peines restent sans précédent et n’ont pas leur place dans une démocratie qui défend le droit de manifester», a regretté vendredi Areeba Hamid, co-directrice exécutive de Greenpeace UK, organisation également associée au recours des militant·es.

«Des répercussions considérables»

Cet arrêt de la cour d’appel aura, selon les ONG, «des répercussions considérables sur l’avenir des manifestations pacifiques», et sur le sort des activistes qui attendent leur jugement.

C’est le cas de membres de Just stop oil accusé·es d’avoir «endommagé» les monolithes protégés de Stonehenge, dans le sud de l’Angleterre, en les aspergeant de peinture, ou d’avoir dégradé, en janvier dernier, la tombe de Charles Darwin dans l’abbaye de Westminster (Londres).

Des manifestant·es de Just stop oil disent «non à la prison pour des actions pacifiques», en décembre 2022. © Steve Eason/ Flickr

Cette organisation britannique est connue pour ses actions spectaculaires et controversées dans des musées, lors de compétitions sportives ou de spectacles. Ces dernières années, ONG et activistes ont dénoncé un recul de la liberté de manifester au Royaume-Uni, et une répression grandissante des militant·es écologistes.

En 2022 et 2023, les précédents gouvernements conservateurs avaient voté une série de lois pour dissuader et punir plus sévèrement les actions «coup de poing» de ces activistes.

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