Déconnage imminent. Alors que s’ouvre le Salon international de l’aéronautique la semaine prochaine au Bourget (Seine-Saint-Denis), Airbus prévoit un doublement de la flotte mondiale d’ici à 2042. Un scénario que semble approuver la Commission européenne, proposant de considérer l’aviation comme une activité «durable».
«Les gens veulent voler et veulent voler de manière durable». Dans ses dernières prévisions publiées avant l’ouverture du salon aéronautique qui se tiendra du 19 au 25 juin, Airbus mise sur une croissance du trafic aérien mondial de 3,6% par an dans les 20 prochaines années. La flotte d’avions doublerait, passant de 22 880 appareils en 2020 à 46 560 en 2042. Le constructeur table sur un déplacement du «centre de gravité» de l’aviation vers l’Asie, avec une explosion de la demande en Chine (multipliée par 3) et en Inde (par 5). Le remplacement des vieux avions par des appareils neufs, plus économes en carburant, devrait ensuite représenter 40% des nouvelles commandes.
L’avion représente 4 à 6% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (notre article) et tire leur total à la hausse (Vert). Pourtant, le secteur aérien s’est engagé à atteindre la neutralité carbone en 2050 – à cette date, les émissions de l’aviation devront être entièrement compensées. Mais les professionnels restent très évasifs sur la façon d’y parvenir.
Alors que seul un quart de la flotte en service actuellement est considérée comme «durable» – c’est-à-dire consommant jusqu’à 25% de carburant de moins que les appareils précédents – Airbus annonce timidement privilégier «une multitude de solutions», allant de «l’utilisation de carburants durables» à «des technologies de rupture», en passant par «des mesures basées sur le marché». La réduction du trafic, mise en avant par l’Agence de la transition écologique (Ademe) comme «le levier le plus efficace à court terme», est totalement ignorée.
C’est également la direction privilégiée par la Commission européenne. Ce mardi, à la surprise générale, Bruxelles a annoncé sa volonté d’inclure les avions «zéro émission» et les appareils récents dans sa «taxonomie verte», après y avoir fait entrer le nucléaire et le gaz fossile (Vert). Même s’ils consomment du kérosène, ces avions considérés comme durables pourraient alors bénéficier d’investissements «verts», si la proposition venait à être validée par le Parlement et le Conseil européen.
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