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Les associations font feu de tout bois contre l’avion, toujours plébiscité par les Français

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Avion à réac­tions. De nom­breux rassem­ble­ments ont été organ­isés ce week-end pour dénon­cer les nui­sances aéri­ennes dans le cadre d’une semaine de mobil­i­sa­tion européenne. De récentes études mon­trent pour­tant que l’avion reste un moyen de trans­port priv­ilégié.

Con­tre l’agrandissement de l’aéroport à Lille, face à la marée de jets privés qui s’annonce pour le fes­ti­val de Cannes ou en oppo­si­tion aux touristes qui sur­v­o­lent les parcs nationaux en héli­cop­tère à La Réu­nion, des dizaines de col­lec­tifs d’habitant·es ont man­i­festé ce week-end pour deman­der la réduc­tion pro­gres­sive du traf­ic aérien.

En plus de l’impact cli­ma­tique de l’avion — respon­s­able de 6% du réchauf­fe­ment glob­al (Vert) — les asso­ci­a­tions dénon­cent des nui­sances sur la san­té forte­ment sous-estimées. Dans leur viseur, les par­tic­ules ultra­fines (PUF) émis­es par les réac­teurs d’avion, plus dif­fi­ciles à décel­er que celles des voitures et poten­tielle­ment plus tox­iques pour nos poumons. L’atterrissage et le décol­lage provo­quent égale­ment d’importantes nui­sances sonores, respon­s­ables de trou­bles du som­meil et cog­ni­tifs, d’hypertension ou de mal­adies car­dio­vas­cu­laires. Selon l’Organisation Mon­di­ale de la San­té (OMS), le bruit représente en Europe le plus grand risque envi­ron­nemen­tal sur la san­té après la pol­lu­tion atmo­sphérique. «Ce sont des sujets globaux qui impactent tout le monde, cela ne peut pas être résolu par des petites mesurettes», estime auprès de Vert Char­lène Fleury, coor­di­na­trice française du réseau mon­di­al Rester sur terre, qui souhaite réduire le traf­ic aérien. Aux côtés de 70 autres asso­ci­a­tions envi­ron­nemen­tales, le col­lec­tif demandait dans une tri­bune pub­liée la semaine dernière de suiv­re l’exemple de l’aéro­port d’Am­s­ter­dam-Schiphol, qui a fixé un nom­bre max­i­mum de vols à 440 000 par an d’i­ci à 2025 (Vert).

Entre 300 et 400 ont man­i­festé ce same­di 13 mai devant l’aéroport de Lille-Lesquin con­tre le pro­jet d’agrandissement de l’aérogare. De nom­breux élu·es et par­lemen­taires ont dénon­cé l’«indifférence coupable» du préfet face à «l’avis défa­vor­able des con­seils munic­i­paux de 35 com­munes» © Louise Bihan

La majorité des Français·es adhèrent à la communication des constructeurs

Les aéro­ports français suiv­ent pour­tant la ten­dance inverse. Le traf­ic aérien est sur le point de dépass­er son niveau d’avant-covid et «un nom­bre crois­sant de vols [sont] effec­tués en mécon­nais­sance de la régle­men­ta­tion envi­ron­nemen­tale en vigueur», s’inquiète l’Autorité de con­trôle des nui­sances aéro­por­tu­aires (ACNUSA). Pour échap­per au cou­vre-feu imposé à l’aéroport parisien d’Orly, cer­tains vols sont par exem­ple déroutés vers celui de Rois­sy. «Pour éviter d’al­i­menter le rejet du secteur par les pop­u­la­tions riveraines et des ten­sions plus vio­lentes […] de nou­velles mesures de restric­tion d’ex­ploita­tion doivent être envis­agées», insiste l’autorité indépen­dante.

Les usages ne sem­blent pas non plus évoluer. Plus d’un jeune âgés de 18 à 34 ans sur deux (54 %) con­sid­ère tou­jours l’avion comme son mode de trans­port favori pour par­tir en vacances der­rière la voiture (65%), selon un sondage Ipsos réal­isé pour l’Al­liance France tourisme, qui regroupe des entre­pris­es du secteur. Le train n’ar­rive qu’en troisième posi­tion (35%) et le cov­oiturage est pra­tiqué par seule­ment 10% des répondant·es.

D’après la Chaire Pégase con­sacrée à l’é­conomie et au man­age­ment du trans­port aérien à l’u­ni­ver­sité de Mont­pel­li­er, la majorité des Français·es interrogé·es seraient prêt·es à pay­er 15% plus cher leurs bil­lets pour vol­er à bord d’avions à hydrogène. Cette tech­nolo­gie est pour­tant aujourd’hui une des plus incer­taines pour l’avenir du secteur.