Désordres de grandeur

Âge, revenus, part des femmes, types d’exploitations : qui sont les agriculteurs en France ?

Le champ des possibles. La crise agricole qui agite la France depuis le début de l’année a rassemblé une grande partie de la filière. Mais derrière le terme «agriculteur» se cache une myriade de profils et de réalités différentes. À la veille de l’ouverture du Salon de l’agriculture, Vert leur tire le portrait en infographies.
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Qui sont les agriculteurs ?

La dégringo­lade. 760 000 per­son­nes tra­vail­lent dans les exploita­tions français­es, d’après le dernier recense­ment agri­cole de 2020 ; c’est 200 000 de moins qu’il y a dix ans. 500 000 d’entre elles sont chef·fes d’exploitation ou coexploitant·es, 90 000 représen­tent de la main d’œuvre famil­iale et 175 000 sont des salarié·es «hors famille».

L’agriculture reste un secteur large­ment mas­culin, avec un peu moins d’une femme pour deux hommes. Alors qu’elle avait pro­gressé au cours de la décen­nie précé­dente, la fémin­i­sa­tion des exploita­tions a reculé entre 2010 (32%) et 2020 (29%).

Com­bi­en gag­nent les agriculteur·ices ? En 2018, le revenu annuel médi­an s’élevait à 22 200 euros, selon l’Institut nation­al de la sta­tis­tique et des études économiques (Insee). Mais il cache d’énormes dis­par­ités. Les éleveur·ses de bovins sont les moins bien doté·es — la moitié d’entre elles et eux gag­nent moins de 18 400 euros par an -, quand les exploitant·es en grandes cul­tures (blé, maïs, colza), les viticulteur·ices et les maraîcher·es s’en sor­tent mieux, avec 25 000 à 30 000 euros de revenus annuels. Plus pré­caires que la moyenne, 18% des ménages agri­coles vivent sous le seuil de pau­vreté, con­tre 13% des foy­ers français qui perçoivent des revenus d’activité, d’après l’Insee.

L’agriculture est un secteur vieil­lis­sant, avec un âge moyen de 51,4 ans en 2020. C’est 11 ans de plus que l’ensemble des actif·ves français·es. La moitié des fer­mes est dirigée par des travailleur·ses de 55 ans et plus, qui pour­ront par­tir à la retraite d’ici dix ans. Alors que la fil­ière peine à attir­er de nou­velles recrues, le renou­velle­ment des généra­tions est une véri­ta­ble épée de Damo­clès.

À quoi ressemblent les fermes françaises ?

Pre­mière puis­sance agri­cole en Europe, la France y con­sacre près de la moitié de son ter­ri­toire (44,8%). Entre 2010 et 2020, le pays a per­du 100 000 fer­mes ; il en compte 390 000 aujourd’hui. Mal­gré cet effon­drement, la sur­face cul­tivée n’a pas dimin­ué à l’échelle française en rai­son de l’élargissement des exploita­tions. Leur super­fi­cie moyenne atteint 69 hectares en 2020, soit 13 de plus qu’en 2010.

Plus d’un tiers des fer­mes français­es (37%) est dédié à l’élevage (viande et lait), 29% aux grandes cul­tures (blé, maïs, orge, etc) et 15% à la viti­cul­ture. Un peu plus d’une exploita­tion sur 10 se con­sacre à la poly­cul­ture ou au polyél­e­vage, c’est-à-dire qu’elle cul­tive ou élève plusieurs espèces. Enfin, 8% des fer­mes font du maraîchage, de l’horticulture ou des cul­tures fruitières.

En 2021, un peu plus de 58 000 exploita­tions étaient cer­ti­fiées «agri­cul­ture biologique» ou en cours de con­ver­sion. Elles s’étendaient sur 2,8 mil­lions d’hectares, soit env­i­ron 10% de la sur­face agri­cole française.

Pho­to d’il­lus­tra­tion : Unsplash