Houle à facettes. L’activiste vient d’être informé que la notice internationale qui demandait son arrestation a été suspendue pour plusieurs mois. Une décision qui ouvre la voie à un possible classement définitif du dossier Paul Watson, plusieurs mois après sa sortie de prison.
Après son interminable séjour dans une geôle groenlandaise, Paul Watson pourrait-il à nouveau être arrêté et emprisonné ? Ce risque semble s’éloigner, ce mardi. La notice rouge d’Interpol émise à son encontre vient d’être suspendue, a-t-il appris, a annoncé son ONG Sea shepherd France, par la voix de sa présidente Lamya Essemlali. Cette notice rouge est un message de signalement international diffusé à la demande d’un service de police (ici, la police japonaise) afin de demander à ses homologues du monde entier la localisation et l’arrestation d’une personne, en vue d’obtenir son extradition.
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Les 196 États membres de l’organisation internationale de police criminelle n’ont donc plus accès à ce document et doivent ignorer la demande d’arrestation japonaise, au moins jusqu’à juin prochain. À ce moment-là, la Commission de contrôle des fichiers d’Interpol devra rendre une décision définitive sur le cas Paul Watson, après examen complet de l’affaire.

En 2012, le Japon avait émis une notice rouge à l’encontre de Paul Watson, l’accusant d’entrave à la pêche à la baleine et de prétendues violences qu’il aurait commises contre un navire-usine nippon en 2010. En vertu de cette notice, le militant écologiste avait été arrêté et écroué au Groenland (Danemark) par les autorités danoises, le 21 juillet 2024. À six reprises, sa détention avait été prolongée, dans l’attente que le gouvernement danois décide de son extradition – ou non – réclamée par Tokyo. Finalement, le Danemark avait refusé son transfert et Paul Watson avait été libéré, le 17 décembre dernier, après 149 jours derrière les barreaux.
«Mauvais traitements en détention»
En attendant qu’Interpol rende sa décision définitive au mois du juin, le militant «poursuivra le combat qu’il mène depuis plus de 40 ans pour défendre le bien commun, en sensibilisant les gouvernements et l’opinion publique internationale à l’importance de la protection des espèces marines et des océans», a savouré l’association Sea shepherd France ce mardi. Il se rendra notamment à la troisième conférence des Nations unies sur les océans (Unoc-3), à Nice (Alpes-Maritimes), du 9 au 13 juin prochain.
Sea shepherd France précise aussi que la Commission «a exprimé ses doutes quant à la conformité de la notice au regard des règles d’Interpol, sur la base de la démonstration faite de la motivation politique de l’affaire au Japon, de la disproportion évidente du mandat d’arrêt, des divers risques de violation de plusieurs de ses droits fondamentaux, notamment les droits à un procès équitable et à l’interdiction de mauvais traitements en détention».
William Bourdon, l’un des avocats de Paul Watson, a réagi auprès de Vert : «Enfin, après plusieurs tentatives, Interpol prend ses responsabilités et suspend la notice de rouge diffusée à l’encontre d’un grand lanceur d’alerte et activiste écologiste. Cela peut ouvrir la voie à une nouvelle jurisprudence d’Interpol, plus protectrice des grands lanceurs d’alertes, au moment où ils sont parfois durement persécutés et criminalisés.»
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Photo de couverture : Loïc Venance/AFP