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À l’ouverture de la COP27, les pays du Sud mettent le Nord sous pression

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Vis­er la thune. Près de 100 chef·fes d’État et de gou­verne­ment ont fait le déplace­ment jusqu’à Charm el-Cheikh pour l’ouverture offi­cielle de la 27ème con­férence des Nations unies (COP27) sur le cli­mat. Après une année de cat­a­stro­phes cli­ma­tiques, les pays pau­vres cla­ment l’urgence de nou­veaux moyens financiers, tan­dis que le Nord tem­po­rise.

Le tra­di­tion­nel « som­met des lead­ers » s’achève aujourd’hui à la COP27. L’absence de la plu­part des dirigeants de grandes puis­sances (États-Unis, Inde, Chine, Brésil) a large­ment terni cette étape cru­ciale des négo­ci­a­tions. Mais les pays du Sud ont prof­ité de cette tri­bune pour porter de puis­sants réquisi­toires. Le prési­dent kényan, William Ruto, a ain­si décrit « le cauchemar éveil­lé » subi par des mil­lions d’Africains en rai­son du réchauf­fe­ment cli­ma­tique. « Ces 50 dernières années, les sécher­ess­es ont tué un demi-mil­lion de per­son­nes et provo­qué des pertes économiques de plus de 70 mil­liards de dol­lars dans la région », a‑t-il déclaré.

Atten­du cet après-midi, le pre­mier min­istre pak­istanais devrait évo­quer les inon­da­tions his­toriques qui ont sub­mergé un tiers du ter­ri­toire de son pays et affec­té quelque 33 mil­lions de per­son­nes pour plus de 30 mil­liards de dol­lars de dégâts. « Nous devons être aidés pour répar­er les dégâts que vous nous avez infligés », a implaca­ble­ment résumé le prési­dent des Sey­chelles Wav­el Ramkalawan. Met­tant sur la table le sujet cru­cial des « pertes et dom­mages », ces destruc­tions irréversibles causées par le boule­verse­ment du cli­mat.

À ce sujet, plusieurs ora­teurs — dont Emmanuel Macron — ont défendu une réforme du sys­tème ban­caire inter­na­tion­al pour faciliter notam­ment le sou­tien aux vic­times de cat­a­stro­phes cli­ma­tiques. « Quand les pays du Nord emprun­tent à un taux d’intérêt de 4 %, nous emprun­tons à 14 % », a illus­tré la Pre­mière min­istre des Bar­bades, Mia Mot­t­ley. « Les insti­tu­tions finan­cières inter­na­tionales et les ban­ques de développe­ment doivent chang­er leur mod­èle économique et faire leur part », a défendu le secré­taire général des Nations Unis, Anto­nio Guter­res.

La pre­mière min­istre des Bar­bades, Mia Mot­t­ley, lun­di 7 novem­bre à Charm el-Cheikh. © CCNUCC

De son côté, le prési­dent français a annon­cé la mise en place d’un « groupe des sages de haut niveau » chargé de faire des propo­si­tions « au print­emps » pour trans­former, entre autres, les règles de fonc­tion­nement du Fonds moné­taire inter­na­tionale ou de la Banque mon­di­ale. « C’est bien sûr très impor­tant de réformer le sys­tème financier mais cela va pren­dre des années », a réa­gi Fan­ny Petit­bon, experte du cli­mat pour l’ONG Care France. « Or, les pays pau­vres récla­ment des solu­tions à très court terme ».

Plusieurs d’entre eux défend­ent la créa­tion d’un fonds d’urgence ali­men­té par les super­prof­its des com­pag­nies pétro-gaz­ières. « Com­ment des entre­pris­es qui ont fait 200 mil­liards de dol­lars de prof­its dans les trois derniers mois pour­raient ne pas con­tribuer », s’est ain­si indignée la Pre­mière min­istre des Bar­bades Mia Mot­t­ley. L’aboutissement des négo­ci­a­tions sur ce sujet con­stituera un mar­queur de réus­site ou d’échec de la COP27.