«Un avant-goût d’été au premier jour de mai» : voilà ce que promet Météo-France alors qu’un épisode de chaleur va marquer l’ensemble du territoire hexagonal toute la semaine. Des températures qui dépassent aisément les 25 degrés (°C) seront enregistrées dans de nombreuses régions, et il ne sera pas impossible d’approcher des 30°C localement, anticipe l’organisme météorologique. Un mercure plus proche de celui d’une fin mai ou d’un début juin que de la fin du mois d’avril. Mais le thermomètre devrait retomber à partir de dimanche.

La chaleur sera particulièrement marquée dans la moitié nord du pays, avec des températures entre 25°C et 27°C attendues à proximité de la frontière belge – «dignes du plein été», d’après Météo-France –, et jusqu’à 28°C anticipés jeudi à Lille (Nord) ou à Paris. L’épisode sera le plus remarquable sur le littoral de la Manche et de la Bretagne, avec un écart par rapport aux normales de saison de quelque 10 degrés. «Il n’est pas particulièrement rare que les températures soient plus élevées dans le nord que dans le sud du pays au printemps, car la saison est favorable à cette situation, indique à Vert François Gouraud, prévisionniste chez Météo-France. On peut avoir des bulles d’air chaud dans le nord du pays, compensées par un temps plus humide et orageux dans le sud, en raison de l’influence de la Méditerranée.»
Un épisode précoce mais pas exceptionnel
On parle d’un «épisode de chaleur précoce» à partir du moment où ces trois critères sont remplis : les températures maximales dépassent le seuil des 25°C sur la moitié nord du pays ; elles surpassent les normales de saison de plus de 4°C pendant trois à cinq jours (là où un pic dure moins de trois jours) ; enfin, elles s’apparentent à des températures de fin mai-début juin. Les «vagues de chaleur» sont généralement réservées à des événements estivaux (juin, juillet, août).
Bien «qu’inhabituellement chaud», cet épisode ne sera pas exceptionnel, prévient Météo-France. Des événements similaires ont déjà touché la France à la même période, notamment en 2005, où le mercure avait dépassé les 31°C dans les Landes. En 2024, le thermomètre s’était même élevé à 29°C à Lyon (Rhône) le 6 avril.
«Un climat qui se réchauffe favorise un tel phénomène»
Avec le changement climatique, ces épisodes de chaleur inhabituelle vont se multiplier et s’intensifier. «Ce qui est sûr, c’est qu’un climat qui se réchauffe favorise un tel phénomène, même s’il aurait aussi pu se produire dans un climat non réchauffé», détaille François Gouraud. Il faudrait mener une étude d’attribution, visant à déterminer la responsabilité du changement climatique dans cet événement par rapport à la variabilité naturelle de la météo, afin d’estimer le rôle du dérèglement du climat dans cet épisode. Mais, le climat se réchauffant, il est plus facile d’atteindre des situations proches des records.
La France connaît d’ores et déjà un climat plus chaud de +1,7 degré en moyenne par rapport à la première moitié du 19ème siècle. Météo-France anticipe un réchauffement de +2°C en 2030, +2,7°C en 2050 et +4°C en 2100. Ce dernier s’accompagnera d’une hausse des événements extrêmes, et notamment en matière de températures élevées, puisque la France subira dix fois plus de jours de vague de chaleur qu’aujourd’hui.
Cette chaleur précoce s’inscrit dans le contexte d’un début d’année marqué par des températures supérieures aux normales saisonnières. «Nous n’avons pas mesuré d’énormes anomalies de températures, mais ce mois d’avril risque de compter parmi les cinq mois d’avril les plus chauds relevés en France», souligne François Gouraud. Et la dynamique ne risque pas de s’enrayer tout de suite, puisque Météo-France anticipe d’ores et déjà des mois de mai, juin et juillet plus chauds que la normale.
À lire aussi
-
Pluies intenses, manque de neige, nuits torrides : à quoi ressemblera une France à +4°C ?
Chaleur tourne. Dans un rapport publié ce jeudi, Météo-France brosse le portrait d’une France à +4°C en 2100, pour comprendre clairement à quoi il faut s’attendre en matière de climat et d’événements extrêmes d’ici la fin du siècle. Édifiant. -
Irritabilité, perte de concentration… Vert a testé pour vous une cabine qui simule la vie à 50°C
Chaud must go on. Fondé par l’explorateur Christian Clot, le Human adaptation institute a récemment ouvert une cabine pour expérimenter les conséquences physiques et cognitives d’un climat à 50°C. Notre journaliste raconte son immersion dans la fournaise.