L’année la plus chaude jamais enregistrée, la deuxième plus sèche, un ensoleillement exceptionnel… En 2022, la France a pulvérisé de nombreux records météorologiques, comme le révèle Météo-France dans un accablant bilan publié vendredi. La température moyenne annuelle a grimpé à 14,5°C. C’est 1,5°C degré de plus que la moyenne de la période 1991-2020. Et surtout, c’est bien plus que le précédent record de 14,07°C en 2020. On remarque d’ailleurs une accélération dans l’écart entre les records d’année en année : alors que ces seuils étaient jusqu’alors dépassés de 0,1°C ou 0,2°C, il a cette fois-ci été excédé de plus de 0,4°C en deux ans seulement. « L’écart avec le précédent record est… je n’ose pas dire stratosphérique, mais presque, c’est vraiment colossal », juge Matthieu Sorel, climatologue chez Météo-France. Parmi les dix années les plus chaudes depuis 1900 (soit le début des relevés en France), huit d’entre elles ont eu lieu après 2010.

De nombreux records de températures ont été battus au cours de l’année dont, par exemple, les 40°C les plus précoces jamais enregistrés en France métropolitaine – c’était le 16 juin dans l’Hérault. En juillet, Brest (Finistère) a connu un pic à 39,3°C contre 35,2°C pour le précédent record, vieux de 73 ans.
L’année a été ponctuée d’événements exceptionnels. Des épisodes de douceur, voire de chaleur anormale se sont succédé, avec une vague précoce dès le mois de mai, trois vagues de chaleur en juin, juillet et août, puis un épisode de chaleur tardive en octobre, et enfin une période de douceur extrême fin décembre. On peut également noter un épisode de gel tardif en avril (notre article), qui a mis à mal les arbustes en fleurs, ou un pic de froid en décembre, entre deux vagues de douceur anormale.

Les Français·es ont subi trois canicules pour un total de 33 jours de vagues de chaleur pendant l’été 2022 – un autre record. À titre de comparaison, la France avait connu 22 jours de vagues de chaleur lors de l’été meurtrier de 2003. « On se dirige vers des épisodes anormalement chauds qui sont plus intenses, plus durables, plus précoces et plus tardifs. Et là-dessus, 2022 a été un sacré cru, on a coché beaucoup de cases », résume Matthieu Sorel, de Météo-France.
Les régions françaises ont connu un ensoleillement spectaculaire. Rennes (Ille-et-Vilaine) a expérimenté 327 heures de soleil en plus que sa moyenne annuelle ; 470 heures pour Colmar (Haut-Rhin).
2022 a aussi été marquée par « une sécheresse des sols remarquable par sa durée et son étendue », note Météo-France. L’assèchement des sols est le deuxième plus long enregistré, et a affecté les trois quarts du territoire, ce qui en fait une des cinq sécheresses les plus généralisées. Son intensité est tout aussi considérable, avec un déficit pluviométrique (manque de pluie) record de -25% sur l’année, et des records mensuels de -60% en mai et -85% en juillet.
Outre les températures, 2022 a connu son lot d’épisodes orageux intenses, comme la tempête meurtrière qui a frappé la Corse en août, ou les tornades qui ont décimé plusieurs villages des Hauts-de-France en octobre.
« On a surnommé 2022 l’année hors normes, mais c’est aussi une année illustratrice de ce qui nous attend dans les prochaines années et décennies », analyse le climatologue.
L’Europe est le continent qui se réchauffe le plus rapidement à l’échelle mondiale et la France n’est pas une exception. L’année 2022 a aussi été la plus chaude jamais mesurée en Allemagne, Belgique, Espagne, Irlande, Italie, Royaume-Uni, Slovénie et en Suisse.