À l’issue d’un an de travail, le Grand défi a rendu sa copie ce jeudi au siège du Conseil économique social et environnemental (Cese), à Paris. Initié par la géopolitologue et présidente du Giec des Pays de la Loire, Virginie Raisson-Victor, et le directeur d’Engage, Jérôme Cohen, ce processus s’est inspiré de la Convention citoyenne pour le climat, mise sur pied par Emmanuel Macron en 2019. La mission du Grand défi ? «Accélérer la transition écologique des entreprises afin de mettre en place un système économique compatible avec les objectifs de neutralité carbone en 2050», explique à Vert Virginie Raisson-Victor.
Pendant quatre mois, dirigeant·es, salarié·es, étudiant·es, représentant·es d’associations écologistes et de collectivités territoriales, ont phosphoré sur les obstacles et les leviers à la transition de l’économie et des entreprises. Puis, 150 délégué·es tiré·es au sort ont élaboré cent propositions (retrouvez la liste ici en pdf) qui touchent à la communication, au financement, au cycle de vie d’un produit ou d’un service. Celles-ci couvrent des mesures qui pourront être mises en place par les entreprises elles-mêmes, comme «former massivement les salariés et les administrateurs» ou «indexer les rémunérations variables sur la performance environnementale». Mais aussi des décisions réglementaires de planification et de réglementation qui dépendent des pouvoirs publics ; par exemple, «faire de la biodiversité une grande cause nationale» ou «mettre en place un plan de recherche low tech». Quelques-unes, enfin, s’adressent aux consommateur·ices.
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Pour aboutir à ces propositions solides, la formation des délégué·es a été primordiale. «Personne n’y échappe, même les plus réticents : on voit une communauté se fédérer très vite autour des enjeux et la nécessité de trouver des solutions», relève Virginie Raisson-Victor. Elle salue aussi la robustesse du processus avec une assemblée tirée au sort : «notre démocratie a du mal à résoudre les enjeux de long terme. C’est un vrai apport».
Les entreprises sont-elles prêtes à changer radicalement ? «L’idée n’est pas de tout mettre en œuvre, tempère-t-elle. C’est un parcours sur la gouvernance qui peut être effectué jusqu’à l’entreprise à mission. Les choses sont en train de se transformer tellement vite que ce qui pourrait semblait ambitieux, voire radical, n’est que la réalité de demain.» Elle cite en exemple le fonds de réserve écologique à hauteur de 10% des dividendes, qui a été repris par la Maif début janvier.
Prochaine étape : présenter ce vaste plan au gouvernement. Contrairement aux propositions de la Convention citoyenne pour le climat qui avaient été pâlement intégrées à la «loi climat et résilience» (Vert), celles du Grand défi n’ont fait l’objet d’aucune promesse de la part d’Emmanuel Macron, de son gouvernement ou de sa majorité.
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