Chères toutes et tous,
Nous sommes jeudi et comme tous les jeudis, c'est le jour du Vert du faux, la nouvelle rubrique où nous répondons aux questions que vous vous posez sur tous les sujets ! Vous pourrez également voter pour celui de la semaine prochaine, en choisissant entre deux propositions faites par les lectrices et lecteurs de Vert.
Les énergies renouvelables sont en retard comme jamais, quand pleuvent les profits des pétroliers.

Le gouvernement s'y prend « de la pire façon » pour accélérer sur les renouvelables et le nucléaire
Façons de fer. La présentation de deux projets de loi censés hâter le déploiement des renouvelables, ainsi que du nucléaire, fait pleuvoir les critiques. Inefficace sur le fond et brutale sur la forme, la méthode estomaque institutions et associations.
Lundi, le ministère de la Transition énergétique présentait officiellement son projet de loi sur l'accélération des énergies renouvelables en Conseil des ministres. Le même jour, il lançait les consultations sur son ébauche dédié au nucléaire. Les deux textes seront étudiés par les parlementaires, à partir de la fin octobre pour le premier, début 2023 pour le second.
Présentés comme les deux faces d'une même stratégie, ils proposent essentiellement des mesures techniques et/ou temporaires pour accélérer les projets à court terme. Plusieurs mesures sont d'ailleurs communes aux deux textes, comme l'octroi d'une « raison impérative d’intérêt public majeur » (RIIPM), qui permettra aux projets de déroger à l'interdiction de détruire des espèces protégées. L'avocat spécialisé en droit de l'Environnement, Arnaud Gossement, remarque toutefois que le texte relatif au nucléaire présente « des mesures de simplification plus importantes ».

Le projet de loi consacré aux énergies renouvelables « réalise le tour de force de mécontenter élus, ONG, environnementalistes, et même… professionnels de la filière », analyse Contexte dans un large tour d’horizon. Dans un avis sévère, le Conseil d’État pointe les lacunes de l'étude d'impact qui accompagne le projet de loi, « inégale, insuffisante sur plusieurs articles, voire inexistante sur certaines dispositions », faisant craindre l’inefficacité des mesures.
Quant à l'avant-projet de loi nucléaire, il irrite surtout par la brutalité du processus. Le ministère n’a laissé qu’une semaine au Conseil national de la transition écologique (CNTE) pour émettre un avis consultatif, alors que l'étude d'impact n'est pas encore disponible. Un débat public est censé se tenir à partir du 27 octobre, soit après la présentation du texte en Conseil des ministres, mi-octobre. La Commission nationale du débat public (CNDP) n'a pas manqué de réagir à ce court-circuitage manifeste. Pour Michel Dubromel de France Nature Environnement, le gouvernement s’y prend « de la pire façon » pour engager la réforme. Mais celui-ci prendra-t-il le temps de changer de braquet ?
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· Ce jeudi, les garde-côtes suédois annoncent qu’une quatrième fuite de gaz a été identifiée sur les gazoducs de Nord Stream 1 et 2. Les autorités danoises et allemandes s’attendent à ce que l’intégralité de leur contenu s’échappe, soit entre 200 000 et 300 000 tonnes de méthane, selon certains scientifiques. La libération de ce puissant gaz à effet de serre équivaudrait au tiers, voire à la moitié, des émissions annuelles de CO2 du Danemark, ou 4 à 7 % de celles de la France. - Le Monde (abonnés)
· Mercredi, plusieurs ONG dont ClientEarth, ou Zero Waste France ont mis en demeure les groupes Auchan, Carrefour, Casino, Danone, Lactalis, Les Mousquetaires, Picard Surgelés, Nestlé et McDonald’s France, accusés de ne pas lutter efficacement contre la production de déchets plastiques. Une première étape avant de saisir le tribunal judiciaire si ceux-ci n’ont pas « adopté un plan de vigilance conforme et mis en œuvre les mesures adaptées pour atténuer les risques et prévenir les atteintes graves à l’environnement, à la santé et aux droits humains liés à l’utilisation des plastiques » dans un délai de trois mois. - Le Parisien
· Les glaciers helvètes ont « pulvérisé » tous les records de fonte en 2022, sous l’effet d'un hiver sec et de la canicule de cet été, a révélé l’Académie suisse des sciences naturelles ce mercredi. Les montagnes ont perdu 6 % de leur volume cette année, soit le triple de ce qui était jusqu’alors considéré comme une année « extrême ». - Libération


2 620 000 000 €
Mazette de mazout ! 2,62 milliards d’euros : c’est le montant du dividende exceptionnel que TotalEnergies a décidé de verser à ses actionnaires pour 2022. Ce généreux bonus devrait s’ajouter au dividende « habituel » qui a atteint 6,9 milliards d’euros en 2021 et sera réhaussé de 5 % cette année. En comparaison, l’entreprise indique avoir dédié 4 milliards d’euros aux énergies renouvelables sur la même période. Le géant des hydrocarbures surfe comme jamais sur la hausse des prix des énergies fossiles liée à la guerre en Ukraine. Sur le premier semestre 2022, le groupe a totalisé un bénéfice de 18,8 milliards d’euros, presque le triple de celui engrangé un an plus tôt. Alors que de nombreuses institutions préconisent de taxer ces profits opportunistes ou « superprofits » (Vert), le gouvernement français continue de s’y opposer.

Quelle est la différence d’impact environnemental entre le travail au bureau et à la maison ?
Une question posée par Jordane M. et choisie par les lecteur·ices de Vert.
Télé-boulot, télé-dodo. Alors que le recours au télétravail a été ponctuellement multiplié par sept en raison de la pandémie, il constitue un puissant moyen de réduire la pollution liée aux transports. Mais il a aussi des effets « rebonds » en termes de consommation d’énergie liée au numérique.
Un bénéfice certain sur les trajets domicile-travail
Le travail à distance a pour effet principal de supprimer les trajets entre le domicile et le lieu de travail et, par conséquent, les émissions de gaz à effet de serre, la pollution de l’air et la congestion routière associées. Cependant, les déplacements annexes - amener les enfants à l’école, faire ses courses - demeurent. L’Agence de la transition écologique (Ademe) a mesuré que « la généralisation du télétravail permettrait l’évitement quotidien de 42,9 millions de kilomètres et une réduction de nos émissions de CO2 d’environ 3 300 tonnes aux heures de pointes un jour de semaine ». Les bénéfices sur l’environnement dépendent du mode de transport utilisé. Selon l’Insee, 74 % des Français·es utilisent leur voiture pour se rendre sur leur lieu de travail.

Nouvelles consommations énergétiques au domicile
Bureau à la maison signifie aussi chauffage en journée et appareils électriques branchés chez soi. L’impact du télétravail dépend donc du type de chauffage installé et de l’isolation de notre logement. Une augmentation des consommations globales qui peut être limitée si les locaux professionnels sont partagés (flex office). Même phénomène pour la démultiplication des équipements numériques. Enfin, l’utilisation des outils de visioconférence a explosé durant la pandémie. Or, le flux de données en vidéo consomme 1 000 fois plus de bande passante que l’audio.
Des modes de vie qui changent, pour le meilleur ou pour le pire ?
« Dès qu’on a du télétravail, on réinterroge et on redessine son quotidien », souligne Jérémie Almosni, directeur régional de l’Ademe Ile-de-France. Les télétravailleurs les plus aguerris favorisent les commerces de proximité et des modes de déplacement doux. Cela permet de revitaliser les centres-bourg ». Mais le travail à distance ouvre aussi des possibilités en termes d’éloignement du lieu de vie qui peuvent augmenter l’empreinte environnementale et artificialiser les sols et d’extension du domicile qui devient alors plus gourmand en ressources.
Les votes sont ouverts jusqu’à demain matin et les résultats seront donnés dans l’édition de vendredi. À vos claviers !
Quelles sont les autres questions que vous vous posez ? Répondez à ce mail avec les interrogations qui vous trottent dans la tête et nous les lirons avec intérêt !

Après avoir dévasté Cuba, l’ouragan Ian pourrait être l’une des pires catastrophes du genre aux Etats-Unis
Orage, ô désespoir. Pluies diluviennes, vagues de cinq mètres de haut, vents de plus de 185 km/h… Après avoir ravagé Cuba, l’ouragan Ian a officiellement touché terre mercredi à Cayo Costa, dans le sud-ouest de la Floride (Etats-Unis). Les premières images recueillies par France Télévisions témoignent de ce qui pourrait être « l’un des pires événements du genre dans l’histoire américaine » selon le météorologue texan Jeff Lindner.

+ Gabrielle Trottmann, Juliette Quef et Loup Espargilière ont contribué à ce numéro.