La quotidienne

SUV qui peut !

Chères toutes et chers tous,

📅  Jeudi 13 avril à l’Académie du climat (Paris 4), Vert organise une grande soirée intitulée «Sobriété, nucléaire, renouvelables : quelles énergies pour quel futur ?». Au menu, une table ronde sur l’indispensable sobriété, avec Anne Bringault, du Réseau action climat, l’ingénieur et vulgarisateur Rodolphe Meyer, alias «Le Réveilleur», Thomas Pellerin-Carlin, de l’Institut de l’Économie pour le Climat (I4CE) et Thomas Veyrenc, du Réseau de transport d'électricité (RTE). Réservez votre place sans plus attendre en cliquant ici.


Alors que les émissions de gaz à effet de serre baissent dans l’industrie et le tertiaire, les grosses cylindrées nous font toujours vivre un enfer. 


En 2022, les émissions de gaz à effet de serre françaises seraient en recul de 2,5% en raison d’un hiver doux

Émissions pas nettes. Les émissions de CO2 ont reculé de 2,5% en 2022, selon les premières projections du Citepa. Un retour à une trajectoire conforme aux objectifs climatiques français qui s’explique davantage par la chaleur hivernale et les prix élevés de l’énergie que par des mesures pérennes.

La France serait en passe de respecter sa trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour l’année 2022. Alors que la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) de l’État fixait un seuil de 410 millions de tonnes équivalent CO2 (tCO2e), le pays aurait émis 408 millions tCO2e l’année dernière, selon les estimations, encore provisoires, du Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa), l'organisme mandaté pour les évaluer.

Après la baisse historique de 2020 liée au Covid-19 et aux confinements (− 9,6%) et l’important rebond en 2021 (+6,4 %), «les émissions de GES ont repris leur trajectoire à la baisse en 2022» avec «une réduction de 2,5%» par rapport à l’année passée, observe le Citepa.

Évolution des émissions de gaz à effet de serre en équivalent CO2 en France, hors puits de carbone (UTCATF) © Citepa

Première source d’émissions en France, les transports ont connu une augmentation de leurs rejets de carbone en 2022 en raison de la reprise du trafic routier et aérien post-Covid (+2% par rapport à 2021 - ce qui reste tout de même inférieur au niveau de 2019). Pour l’agriculture, deuxième secteur le plus émetteur, les chiffres ne sont pas encore disponibles et ne permettent pas de confirmer la réduction engagée.

En revanche, l’industrie et le secteur résidentiel/tertiaire enregistrent un décrochage des émissions de GES en 2022, respectivement de 8% et de 15%, le niveau le plus bas depuis 1990. Au-delà de l’appel à la sobriété, ce sont surtout les prix élevés de l’énergie, notamment dus à la guerre en Ukraine, et les records de chaleur hivernale qui ont conduit à une baisse de la consommation de fossiles. Ainsi, les émissions de CO2 sont restées quasi-stables les 9 premiers mois de l’année (-0,3%), avant de connaître une baisse substantielle à partir d’octobre.

Cette trajectoire reste également insuffisante au regard des recommandations du Haut Conseil pour le climat, qui rappelait en juin que le rythme annuel de réduction des émissions doit doubler, pour atteindre -4,7% par an en moyenne entre 2022 et 2030. Afin de rester dans les clous en 2022, le gouvernement avait relevé les plafonds d’émissions de sa stratégie carbone.

· En fin de semaine dernière, 158 élu·es des Deux-Sèvres ont signé un appel réclamant la mise en place d’un moratoire sur les méga-bassines et l’ouverture d’Assises de l’eau afin d’apaiser les tensions à la suite des affrontements autour de la réserve d’eau de Sainte-Soline le 25 mars (notre reportage). - La Nouvelle République

· En concertation avec les citoyen·nes et les chasseur·ses, la commune de Saint-Dié-des-Vosges a décidé de suspendre la chasse le dimanche après-midi à partir du 1er avril pour faciliter le partage du territoire entre les différents usager·es. Cette démarche est «inédite», d’après le maire Bruno Toussaint (sans étiquette) de cette ville d’environ 20 000 habitant·es. - 20 minutes (AFP)

· Des taux élevés de polluants PFAS (appelés «polluants éternels» pour leur persistance dans l’environnement) ont été enregistrés dans des œufs prélevés à proximité d’usines chimiques au sud de Lyon, a confirmé la préfecture du Rhône lundi. En janvier, de premières ponctions avaient signalé des niveaux de pollution largement supérieurs (entre 8 et 16 fois) aux valeurs réglementaires. Le périmètre d’interdiction de consommation d’œufs et de viande de volaille a été élargi. - Le Monde (AFP)

· Lundi, la ministre de la transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a fait le bilan des mesures de sobriété énergétique mises en place cet hiver et rappelé l’objectif de réduction de 40% de la consommation d’énergie en 2050. Le télétravail pourra aider les entreprises, à condition qu’il s’accompagne de la fermeture de bâtiments, révèle une étude de l’Agence de la transition écologique (Ademe). La ministre incite également les salarié·es à rouler à 110km/h sur l’autoroute afin de limiter les émissions de CO2. - Le Parisien

 

57%

L’effet boeuf. 57% des Français·es affirment avoir réduit leur consommation de viande ces trois dernières années, révèlent ce mardi l’institut de sondage Harris interactive et le Réseau action climat dans leur baromètre (pdf) sur la consommation de viande des Français·es. Un chiffre en baisse de 9 points par rapport à l’an dernier qui s’explique d’abord par l’inflation (58% ; +25 points), et par des considérations écologiques (45%, +6 points). Par ailleurs, 39% (+9 points) des interrogé·es envisagent de diminuer la bidoche dans les trois prochaines années. Enfin, les Français·es attendent des politiques publiques volontaristes. Elles et ils sont 85% à désirer la limitation des élevages intensifs.

La folie des SUV enflamme le climat

SUV qui peut ! La vente de ces voitures bodybuildées continue de progresser dans le monde. Si les SUV étaient un pays, ils seraient le sixième plus polluant de la planète avec près d’un milliard de tonnes de CO2 émises chaque année.

Après une année 2021 record, les ventes de voitures dans le monde ont légèrement baissé en 2022 (-8% aux États-Unis, -4% en Europe, +10% en Chine), selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Mais les véhicules utilitaires sportifs (Sport utility vehicle - SUV), ces faux 4x4 et vrais monstres de la route, continuent à progresser aux États-Unis, en Inde et en Europe. En 2022, les SUV ont représenté près de la moitié (46%) des ventes de véhicules neufs - soit 35 millions environ.

Problème : les SUV sont plus lourds que les véhicules standard et consomment environ 15% de carburant supplémentaire. En France par exemple, le poids moyen d’une voiture a pris presque 300 kilos en 30 ans - soit 10 kg par an -, passant de moins d’une tonne (953 kg) en 1990 à 1 233 kg en 2022, selon l’Ademe. Résultat : après une baisse constatée au cours des dernières années, les émissions moyennes par kilomètre parcouru sont reparties à la hausse en France.

Le sixième pollueur mondial

En 2022, les émissions de gaz à effet de serre liées à la construction et à l’utilisation des SUV ont représenté près d’un milliard de tonnes, d’après l’AIE. C’est autant que les émissions de CO2 territoriales de la France et de l’Allemagne réunies. Ainsi, si les SUV étaient un pays - appelons-le «Suvland» -, celui-ci se placerait à la sixième place des pollueurs, derrière la Chine, les États-Unis, l’Inde, la Russie et le Japon.

«La progression des ventes de SUV, dans les prochaines années, est incompatible avec la réalisation des objectifs climatiques de la France pour 2030», regrette le WWF. L’ONG avance que ces véhicules urbains pourraient représenter 2/3 des ventes en 2030. En 2021, la vente de SUV a représenté la deuxième source d’augmentation mondiale des émissions de gaz à effet de serre (notre article).

Retrouvez cet article en intégralité ici 

L’écologie pour toutes et tous

Plateformidable. Niels de Fraguier est un «écopreneur». Il a créé la plateforme collaborative L’écologie pour toutes et tous qui vise à agréger des contenus sur le climat et le vivant et favoriser le passage à l’action des citoyen·nes en proposant des alternatives. «Il faut sortir de l’apathie et de la peur car le challenge est trop important», raconte-t-il à Vert dans un court entretien à lire juste ici.

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+ Alban Leduc et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.