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Crise de l’énergie : pourquoi il faudra être économes cet hiver

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Ça pull. L’ap­pro­vi­sion­nement de la France en énergie est frag­ilisé comme jamais par des crises aux orig­ines mul­ti­ples. Pour espér­er pass­er l’hiv­er sans encom­bres, les ges­tion­naires de réseau de gaz et d’élec­tric­ité espèrent un élan général­isé de sobriété.

Ras­sur­ants… mais pas trop ! Mer­cre­di, les ges­tion­naires des réseaux de gaz et d’élec­tric­ité ont tenu leurs tra­di­tion­nelles con­férences de presse sur le « pas­sage de l’hiv­er » 2022–2023. Ils ont été timide­ment con­fi­ants mais surtout très pru­dents alors que les six prochains mois s’an­non­cent hors normes en ter­mes d’ap­pro­vi­sion­nement énergé­tique. Avec la guerre en Ukraine, l’Eu­rope doit gér­er le tarisse­ment des flux de gaz russe, qui représen­taient encore 45 % de sa con­som­ma­tion en 2021 (17 % en France). Pour ne rien arranger, la moitié des réac­teurs nucléaires français sont arrêtés pour travaux ou prob­lèmes de cor­ro­sion (Vert). EDF a promis leur remise en ser­vice au cours de l’hiv­er mais le cal­en­dri­er reste incer­tain. Enfin, la pro­duc­tion hydroélec­trique, qui représente habituelle­ment plus de 10% du mix élec­trique français, est très affec­tée par la sécher­esse avec un taux de rem­plis­sage des stocks his­torique­ment bas.

En août, le niveau de l’eau du bar­rage hydroélec­trique de Serre-Ponçon (Hautes-Alpes), le plus grand d’Eu­rope, était inférieur de 13 mètres par rap­port à son niveau habituel en rai­son de la sécher­esse. © Thibaut Durand / Hans Lucas via AFP

« Si l’hiv­er est moyen, nous serons capa­ble de fournir autant de gaz que néces­saire », a indiqué Thier­ry Trou­vé, ges­tion­naire du réseau de gaz GRTgaz. S’il est froid (comme en 2012–2013) ou très froid (comme en 2010–2011), le déficit pour­rait attein­dre 4,7 % des besoins. Même son de cloche du côté de RTE, en charge de l’élec­tric­ité, qui prévient que « le risque de coupures ne peut pas être totale­ment exclu ». Mais il pour­rait être évité « en bais­sant la con­som­ma­tion de 1 à 5 % dans la majorité des cas, et jusqu’à 15 % dans les sit­u­a­tions météorologiques les plus extrêmes ».

Les ges­tion­naires en appel­lent donc à la sobriété à tous les niveaux. « Ce n’est pas un vain mot, cela peut per­me­t­tre d’éviter des sit­u­a­tions com­pliquées », a insisté Thier­ry Trou­vé. Ils pré­conisent en pri­or­ité de baiss­er le chauffage à 19°C : « 1°C en moins réduit la con­som­ma­tion de gaz de 7% », illus­tre Thier­ry Trou­vé. « Le chauffage élec­trique représente 30 à 40 % des appels de puis­sance », soit la puis­sance demandée à un instant « T », indique Xavier Piechaczyk de RTE. Ils recom­man­dent égale­ment de mod­ér­er l’u­til­i­sa­tion des appareils de cuis­son et de s’at­ta­quer à l’é­clairage en général­isant les LED, en éteignant les enseignes et en réduisant l’é­clairage pub­lic. Lors de sit­u­a­tions vrai­ment ten­dues, des alertes sont envoyées via les sites Ecow­att et Ecogaz (lancé en octo­bre).