Désordres de grandeur

La folie des SUV enflamme le climat

La vente de ces voitures bodybuildées continue de progresser dans le monde. Si les SUV étaient un pays, ils seraient le sixième plus polluant de la planète avec près d’un milliard de tonnes de CO2 émises chaque année.
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SUV qui peut ! Après une année 2021 record, les ventes de voitures dans le monde ont légèrement baissé en 2022 (-8% aux États-Unis, -4% en Europe, + 10% en Chine), selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Mais les véhicules utilitaires sportifs (Sport utility vehicle – SUV), ces faux 4×4 et vrais monstres de la route, continuent à progresser aux États-Unis, en Inde et en Europe. En 2022, les SUV ont représenté près de la moitié (46%) des ventes de véhicules neufs – soit 35 millions environ.

Problème : les SUV sont plus lourds que les véhicules standard et consomment environ 15% de carburant supplémentaire. En France par exemple, le poids moyen d’une voiture a pris presque 300 kilos en 30 ans – soit 10 kg par an -, passant de moins d’une tonne (953kg) en 1990 à 1 233 kg en 2022, selon l’Ademe. Résultat : après une baisse constatée au cours des dernières années, les émissions moyennes par kilomètre parcouru sont reparties à la hausse en France.

Le sixième pollueur mondial

En 2022, les émissions de gaz à effet de serre liées à la construction et à l’utilisation des SUV ont représenté près d’un milliard de tonnes, d’après l’AIE. C’est autant que les émissions de CO2 territoriales de la France et de l’Allemagne réunies. Ainsi, si les SUV étaient un pays – appelons-le le «Suvland» -, celui-ci se placerait à la sixième place des pollueurs, derrière la Chine, les États-Unis, l’Inde, la Russie et le Japon.

«La progression des ventes de SUV, dans les prochaines années, est incompatible avec la réalisation des objectifs climatiques de la France pour 2030», regrette le WWF. L’ONG avance que ces véhicules urbains pourraient représenter 2/3 des ventes en 2030. En 2021, la vente de SUV a représenté la deuxième source d’augmentation mondiale des émissions de gaz à effet de serre (notre article).

L’électrique, c’est pas magique

Les SUV électriques gagnent du terrain «mais pas assez rapidement pour compenser l’augmentation de la consommation de pétrole et des émissions de l’ensemble du parc automobile», écrit l’AIE. Parmi les SUV, seulement 16% vendus sont électriques, mais sur l’ensemble des véhicules électriques neufs vendus, 51% sont des SUV. Si à poids égal, les voitures électriques sont moins polluantes que les voitures thermiques (notre article), les plus gros SUV électriques ont un bilan carbone parfois comparable aux plus petits véhicules à essence. Pour cesser d’aggraver la crise climatique, il faudra électrifier les voitures, mais aussi les mettre au régime minceur, selon l’AIE.