La quotidienne

Solide aridité

Chères toutes et chers tous,

📅 «Doit-on faire flipper ou rêver pour passer à l’action?» : c’est le thème du prochain rendez-vous de «Débats et des bières» organisé par Makesense ce soir, jeudi 22 juin à 19h à la Gaîté Lyrique à Paris (3ème). Loup Espargilière y papotera avec Lauren Boudard de Climax, l’autrice-réalisatrice Valérie Zoydo et la showgirl Nathalie DocLaLuna. Pour vous inscrire, c’est juste là.


Pendant que les écologistes se prennent des scuds, le monde voudrait plus de solidarité entre le Nord et le Sud.


Dissolution des Soulèvements de la Terre, et maintenant ?

Soulèvements de la ter…miné ? Officiellement dissout mercredi matin en conseil des ministres, le collectif des Soulèvements de la Terre (SLT) a annoncé avoir saisi le Conseil d’Etat.

«Nous sommes les Soulèvements de la Terre», répétaient les syndicalistes, politiques et activistes écologiques rassemblé·es ce mercredi en fin d’après-midi sur le parvis du Conseil d’Etat, venu·es dire leur opposition à la dissolution des Soulèvements de la Terre quelques heures plus tôt.

Raphaël Kempf et Ainoha Pascual, avocat·es du collectif, ont annoncé saisir la plus haute juridiction administrative pour faire appel de la décision. Le collectif veut employer la procédure d’urgence de référé-liberté, au titre de l’atteinte à la liberté fondamentale d’association. Facilitée par la loi contre le séparatisme, la procédure de dissolution pourrait aussi être remise en cause au niveau européen devant la Cour européenne des Droits de l’Homme.

La dissolution interdit aux membres du collectif de participer au maintien ou à la reconstitution du groupement et d’utiliser tout ce qui se rapporte à son identité (logo, slogans, symbole, réseaux sociaux…). Par ailleurs, la dissolution va permettre une surveillance accrue des militant·es proches du mouvement ; la loi sur le renseignement de 2015 ayant facilité le recours à des techniques spéciales par les services de renseignement. La décision du Conseil d’Etat devrait intervenir dans les 48 heures après sa saisine en référé-liberté.

Plus de 150 rassemblements de soutien ont été organisés hier en France, comme ici à Paris sur la place de l’Hôtel de ville. © Vert / Alban Leduc

«À travers la dissolution, le gouvernement a fait le choix de l’autoritarisme», a martelé Raphaël Kempf, avocat des SLT. Présente en France à l’occasion du sommet pour un nouveau pacte financier mondial, la Suédoise Greta Thunberg s’est jointe à la mobilisation devant le Conseil d’Etat, soulignant l’importance du «droit de manifester et de défense de la vie».

«Mettre sur le même plan les terroristes et des activistes du climat, c’est une dérive sans précédent», jugent également à l’unanimité les leaders politiques de gauche. Rassemblés quelques heures plus tard sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris, ils ont successivement pris la parole pour assurer leur soutien au mouvement et exprimer leurs inquiétudes. «C’est quoi la suite ? Le gouvernement va pouvoir dissoudre l’intersyndicale après une simple manifestation. Et pourquoi pas dissoudre la FNSEA [Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles, NDLR] qui dépose du fumier devant les préfectures ?», demande Marine Tondelier, secrétaire nationale d’Europe Écologie-Les Verts (EELV).

Plus de 150 rassemblements de soutien ont été organisés mercredi soir à travers la France. Les Soulèvements de la Terre appellent déjà à de nouvelles mobilisations mercredi prochain.

· Mercredi, le Conseil constitutionnel a validé la majeure partie de la loi de relance du nucléaire (notre article), mais a censuré le durcissement des peines en cas d'intrusion dans les centrales, jugé sans lien avec le fond du texte. La peine devait être portée d'un à deux ans de prison et de 15 000 à 30 000 euros d'amende. - France info (AFP)

· Ce jeudi, 22 associations membres du Bureau européen des unions de consommateurs, déposent plainte auprès de la Commission européenne contre 17 compagnies aériennes (dont Air France) pour greenwashing et pratiques commerciales trompeuses envers les consommateurs. Elles s’indignent notamment des incitations trompeuses et parfois onéreuses à compenser l’impact carbone des vols ou financer le développement d’alternatives «durables». - UFC-Que choisir

· Jeudi toujours, l’association Énergies renouvelables pour tous·tes présente un recours au Conseil d’État pour contester le manque de moyens publics accordés aux énergies renouvelables. La France n’a toujours pas atteint l’objectif qu’elle s’était fixé pour 2020 d’atteindre 23 % d’énergies renouvelables dans sa consommation énergétique finale, et elle n’est pas non plus en mesure d’atteindre les objectifs à 2030, alerte l’association. - Vert

Lena Lazare (à droite) était aux côtés de Greta Thunberg (à gauche) et d'autres défenseur ·ses des Soulèvement de la terre, mercredi. © AFP

«Ça ne va pas du tout stopper le mouvement. On n’a jamais autant parlé des Soulèvements depuis que l'on a eu ces menaces de dissolution»

Alors que l’avenir des Soulèvements de la terre est en suspens, une de ses porte-parole Léna Lazare s’inquiète dans un entretien à Vert, de la criminalisation croissante des activistes écologistes, mais reste optimiste quant à la poursuite des mobilisations et résolument motivée à obtenir gain de cause devant la justice. Un échange à retrouver sur vert.eco

Que peut-on attendre du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial ?

Développement du rab. Annoncé par Emmanuel Macron après la COP27 sur le climat, le Sommet pour un nouveau pacte financier mondial se tient à Paris jeudi 22 et vendredi 23 juin. Avec pour ambition la redéfinition des relations Nord-Sud.

Faire de Paris un nouveau Bretton Woods: tel est le cap affiché par l’Elysée à l’ouverture, ce jeudi au Palais Brongniart, du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial. Lancé par le président français Emmanuel Macron à l’issue d’une COP27 sur le climat au bilan mitigé (Vert), ce raout doit rebattre les cartes de la solidarité internationale et amorcer la réforme des institutions financières, bâties au sortir de la seconde Guerre mondiale, pour créer un «choc d’investissement». Des enjeux de taille alors que le Sud, qui est le moins responsable du changement climatique, subit des crises multiples et croule sous la dette. Ses besoins pour faire face aux changements climatiques s’élèveraient à plus 2000 milliards de dollars par an, selon un rapport publié pendant la COP27.

« Taxons les super-pollueurs » : mercredi 21 juin, des ONG ont illuminé le Palais Brongniart à Paris où se tient le Sommet pour demander la taxation des industries les plus polluantes © Noémie Croissac / Greenpeace

«Il s’agit de reconstituer une confiance brisée entre le nord et le sud car les promesses financières n’ont pas été honorées ou trop tardivement», explique Fanny Petitbon de l’ONG Care France. Le sommet pourrait déboucher sur une pause du remboursement de la dette en cas de catastrophe climatique future. 

En sus de l’annulation de la dette des pays du Sud, la société civile demande que soient trouvés des financements pour abonder le fonds Pertes et dommages, créé lors de la COP27, et qui vise à compenser les dégâts irréparables déjà subis en raison de la crise climatique (notre article). Ce pourrait être le cas d’une taxe sur le trafic maritime mondial qui devrait être évoquée pendant ce sommet, avant une autre rencontre sur le sujet prévue au mois de juillet. 

Si une quarantaine de chef·fes d’Etats sont attendu·es ce jeudi, seuls le chancelier allemand et le président français représenteront des pays riches. Un échec pour les associations qui y voient un manque d’ambition du sommet. «On craint d’avoir une opération de communication plutôt que des avancées concrètes», regrette Louis-Nicolas Jandeaux, chargé de campagne chez Oxfam France. La société civile salue tout de même «un début» mais s’interroge sur l’articulation de ce cadre avec le système onusien des COP sur le climat, dont la prochaine se tiendra en décembre aux Emirats Arabes Unis.

Au Gabon, les pollutions cachées d’un pétrolier français

Désarroi du pétrole. L’entreprise française Perenco est le premier producteur d’or noir au Gabon. Or, le groupe serait responsable d’au moins dix-sept pollutions dans le pays entre mars 2019 et mai 2023. À chaque fois, des mangroves, des zones forestières ou encore les fonds marins ont été gravement touchés. L’enquête dévoilée aujourd’hui par Disclose et Investigate Europe est à lire en intégralité sur leur site.

© Disclose

+ Alban Leduc, Johanne Mâlin, Justine Prados et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.