La quotidienne

Pour la bonne pause

Chères toutes et chers tous,

🔥 C’est demain ! Partenaire du Libé climat tour, Vert organise un atelier «Giec tout compris» ce samedi 13 mai à 16h à l’Hôtel de ville de Lyon avec le climatologue Gerhard Krinner et l’activiste Alex Montvernay d’Alternatiba Rhône. Venez nous voir ! Le programme de ce riche weekend et la billetterie sont à retrouver juste ici.


Peut-on se permettre de lever le pied sur le climat alors que c’est une question de vie ou de trépas ?


Crédit d’impôt, bonus écologique, friches industrielles : le projet d’Emmanuel Macron pour réindustrialiser la France

Défricher l’industrie. Jeudi, Emmanuel Macron a dévoilé les grandes lignes du futur projet de loi «industrie verte», sa feuille de route pour réindustrialiser le pays.

Des industriels, des syndicats, des associations, des élu·es et une flopée de ministres étaient réuni·es à l’Élysée, ce jeudi, pour écouter le chef de l’État présenter sa stratégie d’accélération de la réindustrialisation de la France. Quelques mois après avoir fustigé le plan américain de décarbonation (l’Inflation reduction act) et ses mesures de protectionnisme «super agressives» pour l’Europe (notre article), Emmanuel Macron a finalement décidé de s’en inspirer. «Cela ne veut pas dire que l’on va faire du protectionnisme», s’est-il défendu. «Mais on ne va pas utiliser l’argent du contribuable français pour accélérer l’industrialisation non européenne» en subventionnant, par exemple, des véhicules électriques produits en Chine.

Tout comme aux États-Unis, un nouveau «crédit d’impôt industrie verte» viendra favoriser la production de batteries, panneaux solaires, éoliennes ou pompes à chaleur. De quoi «déclencher 20 milliards d’investissements sur le territoire national d’ici 2030», estime le président. Une simplification des procédures d’implantation d’industries devrait diviser par deux les délais actuels.

Emmanuel Macron lors de la présentation de sa stratégie de réindustrialisation, jeudi 11 mai à l'Élysée. © Yoan Valat / AFP 

Un milliard d’euros seront alloués à la dépollution de friches industrielles pour les rendre «prêtes à l’emploi». L’accent sera mis sur la formation aux métiers de l’industrie : 700 millions d’euros seront débloqués dans l’année pour développer l’offre de formations dans le secteur, à tous les niveaux de diplôme.

Enfin, le plan «industrie verte» comprend une refonte du «bonus écologique» d’ici la fin de l’année. Cette enveloppe de 5 000 euros, accordée aux ménages pour l’achat d’un véhicule électrique, sera désormais conditionnée à son empreinte carbone, comprenant sa fabrication. Les véhicules produits en Europe et a fortiori en France, où le mix énergétique est moins carboné qu’en Chine ou aux États-Unis, seront favorisés.

Le projet de loi sera officiellement présenté en Conseil des ministres mardi 16 mai, et arrivera au Parlement en juin.

· Face à la sécheresse historique qui affecte le pays depuis un mois, l’Espagne a présenté ce jeudi un plan d’urgence de 2,2 milliards d'euros pour soutenir les agriculteur·ices, investir dans des aménagements et faire évoluer la prévention des risques professionnels. À l’approche de l’été, la plupart des régions ont également avancé d’un mois leur campagne de lutte contre les incendies et canicules. - Les Échos

· Jeudi encore, la BNP Paribas a annoncé mettre un terme à tous ses «financements dédiés au développement de nouveaux champs pétroliers ou gaziers». Attaquée en justice pour sa responsabilité climatique (Vert), la banque française ne s’interdira pas, en revanche, de financer des compagnies pétro-gazières, tant que l’argent n’est pas directement affecté aux projets d’extraction fossile. - Sud-Ouest (AFP) 

· En 2022, près de 32 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur de leur pays à cause de catastrophes météorologiques, relève ce jeudi le rapport annuel de l’Observatoire des déplacements internes. Les inondations deviennent la principale cause de déplacement devant les ouragans. 8,2 millions de Pakistanais·es ont par exemple été déplacé·es à cause des pluies intenses en septembre dernier. Les catastrophes liées au climat font davantage de déplacé·es que les guerres et les autres violences.

Pause toujours. Alors qu’il présentait son plan pour réindustrialiser la France, ce jeudi, Emmanuel Macron a appelé à une «une pause réglementaire européenne» sur les normes environnementales. Selon lui, l’Europe est déjà bien assez vertueuse au regard des États-Unis ou de la Chine. Le «risque», a-t-il ajouté : «être les mieux-disant en termes de réglementation et les moins-disant en termes de financement». Sa sortie a laissé perplexe de nombreux observateurs, dont l’avocat spécialisé Arnaud Gossement : le président a-t-il voulu dire qu’il fallait un cadre juridique plus stable pour développer l’industrie, ou comme son prédécesseur Nicolas Sarkozy en son temps, que l’environnement, ça commençait à bien faire ?

Une source de l’Élysée a précisé à l’AFP qu’Emmanuel Macron n’avait demandé ni suspension, ni moratoire, ni abrogation «des normes actuelles en cours de discussion», mais voulait «exécuter les décisions déjà prises avant de faire de nouveaux changements». Au lendemain de la décision du Conseil d’État qui a exhorté le gouvernement a améliorer sa politique pour le climat (Vert), le président devra rapidement expliquer le fond de sa pensée.

Avec «Apporter demain», la Convention citoyenne pour le climat renaît en BD

Demain en mains. À quoi ressemblerait notre quotidien si les 149 propositions de la Convention citoyenne pour le climat avaient vraiment été reprises «sans filtre» par le gouvernement ? Dans la réjouissante bande-dessinée Apporter demain, deux ingénieurs donnent vie à ce foisonnant programme.

«Aménager les voies publiques pour permettre les nouvelles habitudes de déplacement», «renforcer les clauses environnementales dans les marchés publics», ou encore, «réduire les incitations à la surconsommation»… En 2020, après neuf mois d’un immense travail collectif, les 150 citoyen·nes de la Convention citoyenne pour le climat (CCC), tiré·es au sort quelques mois plus tôt, avaient remis au président de la République leur 149 propositions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de la France de 40% d’ici à 2030. Le tout, «dans un esprit de justice sociale», après la crise des Gilets jaunes.

Grâce aux illustrations efficaces de Jonas Teboul, les deux ingénieurs Téo Saal et Lucas Zufic nous projettent dans un présent désirable, où les publicités pour les SUV auraient été interdites et l’agroécologie largement répandue. Chacune des propositions des cinq groupes de la CCC - «Se déplacer», «Consommer», «Se loger», «Produire et travailler» et «Se nourrir» - voit le jour sur une double page à travers des exemples du quotidien. Des interviews de plusieurs membres de la CCC racontent les coulisses de cette instance inédite. La bédé qu’on attendait toutes et tous pour envisager des changements ambitieux, concrets, joyeux et à portée de mains.


Apporter demain, Téo Saal, Lucas Zufic, Jonas Teboul, Les enfants rouges, avril 2023, 136 pages, 20 euros

50 ans avant le plan vélo, la vélorution

Hippie pourra. Pistes cyclables, aides à l’achat, formation… la semaine dernière, le gouvernement a promis deux milliards d’euros d’ici à 2027 pour financer une batterie de mesures en faveur du vélo. Des mesures portées par un mouvement de contestation à bicyclette contre la politique du «tout auto» dès les années 1970, rappelle l’Institut national de l'audiovisuel (INA) dans cette courte vidéo. 50 ans plus tard, les slogans n’ont pas pris une ride : «Le pétrole on s’en fout, l’énergie c’est nous !».

© INA

+ Loup Espargilière, Alban Leduc et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.