Dans l'actu

Emmanuel Macron en visite aux États-Unis pour infléchir la transition américaine

  • Par

Le cli­mat des affaires. Le prési­dent français espère con­va­in­cre Joe Biden d’amender son Infla­tion Reduc­tion Act. Ce grand plan de décar­bon­a­tion de l’économie améri­caine n’est pas vrai­ment du goût des Européens. Expli­ca­tions.

Comme son nom ne l’indique pas, l’Infla­tion Reduc­tion Act (loi de réduc­tion de l’inflation) adop­tée cet été par le Con­grès améri­cain représente, à lui seul, le plus grand effort de tran­si­tion écologique jamais con­sen­ti par les États-Unis. Le texte prévoit en effet que 370 des 430 mil­liards de dol­lars (soit autant d’euros) d’investissements publics prévus sur dix ans seront directe­ment fléchés vers la réduc­tion des émis­sions de gaz à effet de serre, jusqu’à 50–52% d’ici à 2030 (par rap­port à 2005).

Le texte prévoit de nom­breuses sub­ven­tions ou crédits d’impôts pour les ménages et les entre­pris­es qui instal­lent des pan­neaux solaires, rénovent des bâti­ments ou achè­tent des véhicules élec­triques. Les investisse­ments liés aux éner­gies renou­ve­lables, au stock­age de car­bone, à l’hydrogène « vert » ou encore à la pro­duc­tion nucléaire sont égale­ment ciblés par des crédits d’impôts.

Emmanuel Macron et Joe Biden à Wash­ing­ton DC, le 30 novem­bre. © Ludovic Marin / AFP

Le hic, pour l’Europe, c’est que la plu­part de ces dis­po­si­tions sont assor­ties de coups de pouce généreux à la pro­duc­tion sur le sol améri­cain : les crédits d’impôts pour la pro­duc­tion d’électricité décar­bonée prévoient ain­si une boni­fi­ca­tion de 10 % si au moins 40 % de la valeur des équipements est d’origine améri­caine. Pis, le crédit d’impôt pour l’achat d’un véhicule élec­trique est entière­ment con­di­tion­né à l’origine améri­caine des min­erais cri­tiques et de la bat­terie. Un coup dur pour l’industrie auto­mo­bile européenne.

Out­rée par tant de pro­tec­tion­nisme, l’Union européenne ne sait pas encore sur quel pied danser. Tan­dis que la France veut riposter avec un « Buy Euro­pean Act » (loi pour acheter européen), l’Allemagne espère encore obtenir des exemp­tions par le dia­logue. En guise de dia­logue, Emmanuel Macron a com­mencé fort, dès mer­cre­di, en fustigeant des mesures « super agres­sives » pour l’Europe. Les prochains jours diront si cela a mis Joe Biden dans les meilleures dis­po­si­tions pour en dis­cuter.