America, phoque yeah ? Le nouveau président des Etats-Unis, Joe Biden, veut diviser par deux les émissions américaines d’ici 2030; un objectif peu réaliste, mais qui lui permet de replacer son pays parmi les leaders climatiques.
Les chiffres donnent le tournis : les Etats-Unis sont à la fois les premiers producteurs et consommateurs mondiaux de gaz et de pétrole. Deuxième émetteur mondial après la Chine, le pays a envoyé plus de CO2 dans l’atmosphère qu’aucun autre au cours de son histoire, rappelle le site spécialisé Carbon brief. Le bilan carbone par personne s’y élève à 20 tonnes de CO2 par an, soit trois fois plus que la moyenne mondiale et 2,4 fois plus que celle de l’Union européenne.
Lors du sommet virtuel sur le climat organisé par les Etats-Unis, Joe Biden a annoncé le nouvel objectif climatique de son pays : une baisse de 50 à 52% des émissions de CO2 d’ici 2030 par rapport à leur niveau de 2005. Une annonce qui a de quoi déconcerter dans ce pays tout entier bâti sur l’accès à des hydrocarbures bon marché et abondants.
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Des chercheur·euse·s de l’université du Maryland ont tenté de traduire ce chiffre en termes de politiques publiques. D’ici 2030, la moitié de l’électricité devra être issue des renouvelables ; la quasi-totalité des 200 centrales à charbon, fermées ; les véhicules électriques devront représenter deux-tiers des ventes contre 2% aujourd’hui ; l’industrie fossile devra réduire de 60% ses émissions de méthane, puissant gaz à effet de serre relâché pendant l’extraction. Etc.
Entre 2005 et 2020, les émissions nationales ont déjà diminué de 21%, mais un tiers de cette baisse est imputable à la pandémie de Covid-19 et ne sera pas durable. Pour tenter d’emporter l’adhésion d’une population encore rétive à ce type de changements, Joe Biden lie ces métamorphoses à la promesse d’une avalanche de « jobs ». Il a pour lui le déclin structurel de l’industrie du charbon. Mais au cours de la décennie qui s’ouvre, les résistances promettent d’être forte au Congrès, alors que de nombreux représentant·e·s des Républicains sont toujours ouvertement climatosceptiques, comme une part importante de la population (Slate).
En réalité, le président fraîchement élu tente surtout de faire oublier les années Trump et veut prendre le leadership diplomatique, jusqu’ici laissé à la Chine et à l’Europe, sur le sujet majeur des décennies à venir.