Certains veulent y puiser des minerais, d'autres y stocker leurs rejets ; et si on laissait sous la terre ce qui y gît depuis des millénaires ?
L'indispensable réforme du code minier
A creuser. La loi « climat et résilience », étudiée la semaine dernière à l'Assemblée nationale, prépare le terrain pour l'indispensable réforme du code minier français.
Ce texte qui régit les conditions d'exploitation des mines nationales n'avait pas été dépoussiéré depuis 1994. Il devenait urgent de mettre à jour les règles qui ont permis à un projet pharaonique tel que celui de la Montagne d'or, en Guyane, de voir le jour. Opposé à la création de ce site, qui doit permettre d'extraire environ 7 tonnes d'or par an en défigurant une zone naturelle, le gouvernement a déposé en février un recours contre le tribunal administratif qui lui avait ordonné de prolonger les concessions de la compagnie minière.
Dans le cadre de la loi climat, les député·e·s viennent d'autoriser l'exécutif à réécrire le code minier par ordonnances dans un délai de 18 mois. Une fenêtre qui fait craindre à certain·e·s que ce travail sera laissé à une future majorité, au-delà de la prochaine présidentielle. Vendredi, un amendement du gouvernement a toutefois permis d'inscrire dans la loi climat trois mesures importantes : avant d'être validés, note Actu-environnement, les titres miniers seront soumis à une analyse économique, environnementale et sociale ; un titre pourra être refusé pour des raisons environnementales ; les possibilités de recours devant le juge administratif seront améliorées.
Si l'un des objectifs principaux de cette réforme est de mieux encadrer la filière aurifère de Guyane, la majorité a toutefois refusé des amendements qui proposaient d'interdire les techniques d'extraction de l'or les plus dangereuses qui utilisent du cyanure. Un poison qui, comme l'arsenic, pollue toujours les environs de l'ancienne mine d'or de Salsigne (Aude) fermée à la va-vite en 2004.
Une réforme d'autant plus indispensable que la France pourrait être tentée de rouvrir d'autres mines sur son sol pour répondre à certains besoins en matière de terres rares, notamment utilisées dans la fabrication de smartphones, rappelle Alternatives économiques.
• Vendredi, l'arrêté qu'avait pris le maire de La Montagne (Loire-Atlantique) pour interdire les pesticides dans sa commune, en les considérant comme des déchets (lire notre article), a été suspendu par le tribunal administratif de Nantes. Le recours avait été déposé par le préfet de Loire-Atlantique, représentant de l'Etat, qui s'oppose de longue date aux tentatives du collectif des « maires antipesticides » de bannir les produits phytosanitaires de leur commune. Le dossier doit encore être jugé sur le fond. - 20 Minutes (AFP)
• Vendredi soir, dans le cadre de la loi climat, les député·e·s ont élargi la prime à la conversion à l'achat de vélos électriques. En mettant au rebut leur vieille voiture thermique, les Français·es pourront bientôt utiliser cette prime, dont le montant et les conditions de ressources restent à définir, pour s'équiper d'une bicyclette à moteur dernier cri. Un « bonus vélo » sera également instauré pour l'achat de vélos cargos, plus coûteux, qui permettent de nombreux usages, notamment professionnels. - La Croix (AFP)
• Samedi soir, les député·e·s ont voté en faveur de la suppression de certaines lignes aériennes qui ont un équivalent réalisable en moins de 2h30 en train. Une mesure moins ambitieuse que celle que proposait la Convention citoyenne (trajets inférieurs à 4h), qui ne devrait concerner qu'un nombre infime de lignes (notre article à ce sujet) et qui exclut les liaisons aériennes dans le cadre de vols internationaux. - Huffington post (AFP)
La fable du stockage de CO2, financée par les contribuables
Les projets pilotes de capture et stockage de CO2 (CCS), qui permettent aux industries les plus émettrices de promettre - sans preuves - qu'elles seront bientôt neutres en CO2, sont financés par les contribuables.
Pressées de réduire drastiquement leurs émissions de CO2, les industries lourdes (cimentiers, métallurgistes, etc.) et autres énergéticiens ont trouvé une solution à leur mesure. Plutôt que d'amorcer la réduction de certaines activités – comme le forage de nouveaux puits de pétrole, des multinationales se tournent vers les technologies balbutiantes de capture et de stockage de CO2. Et ce, souvent aux frais des contribuables.
Concrètement, il s'agit de trouver un moyen de récupérer le carbone émis lors d'activités industrielles, avant de le stocker dans les sous-sols. Depuis 2009, indique le Monde, l'Europe (et ses citoyen·ne·s) a investi près de 1 milliard d'euros dans des projets de CCS, tous abandonnés par leurs promoteurs, en raison de leur coût ou des oppositions. Bruxelles finance aussi les trois quarts du projet d'ArcelorMittal à Dunkerque. Celui-ci prévoit la construction de deux immenses tours au cœur de son aciérie (dont les fourneaux sont alimentés au charbon), qui devront séparer le dioxyde de carbone (CO2) des autres émissions. Celui-ci sera ensuite liquéfié, avant que l'on trouve où le stocker.
Financé à 80% par l'Etat norvégien, le vaste projet Northern Lights de Total et Shell a deux ambitions. D'une part, aspirer 1,5 million de tonnes de carbone par an issues de deux industries à partir de 2024. Une paille, alors que les émissions liées à la production et à la consommation du gaz et du pétrole de Total représentent environ 400 millions de tonnes de CO2 par an (les Echos). D'autre part, un réseau de pipelines doit être créé pour acheminer ce carbone jusqu'à une vaste formation rocheuse sous-marine. A grande échelle, le déploiement des CCS nécessiterait la construction d'un réseau d'infrastructures d'une ampleur parfaitement irréaliste.
L'Europe promet de ne plus sponsoriser les absurdes projets de CCS liés à l'industrie du charbon. Mais elle continuera de soutenir les tentatives dans l'industrie du ciment, de l'acier ou de l'énergie. Plus d'informations dans le Monde (abonnés).
Lyon se prépare à réduire sérieusement la publicité
Au-delà des timides dispositions contenues dans le projet de loi « climat et résilience », la ville et la métropole de Lyon s'apprêtent à réduire la place de la publicité dans l'espace public.
Tout un symbole : la vaste enseigne lumineuse « liligo » - du nom de ce comparateur de vols en ligne – qui coiffait depuis 2016 un immeuble situé au bord du Rhône, a été retirée, fin mars. La ville a décidé de ne pas renouveler la convention passée avec le publicitaire JC Decaux.
Remportées par des listes d'union entre gauche et écologistes, la ville et la métropole de Lyon planchent sur la nouvelle version du règlement local de publicité (RLP) qui doit entrer en vigueur à l'été 2022. Dans leur viseur, notamment, les publicités lumineuses, très énergivores qui occasionnent une importante pollution visuelle qui nuit à l'ensemble du vivant.
La mairie a déjà supprimé les affichages dans certains espaces verts et dans les crèches de la ville. Par ailleurs, 16 grands panneaux publicitaires devraient bientôt être déboulonnés. Le nouveau RLP devra restreindre les possibilités d'affichage et les supports utilisés : « Il s’agit notamment de diminuer leur taille en prévoyant un format unique de deux mètres carrés, d’imposer une extinction de 22 heures à 7 heures et d’interdire les écrans numériques », explique à la Croix Philippe Guelpa-Bonaro, vice-président du Grand Lyon en charge du climat, de l’énergie et de la réduction de la publicité.
Le règlement local de publicité constitue un bon outil pour permettre aux collectivités de réduire la place de la réclame en ville. Hélas, elles n'ont pas leur mot à dire sur leur contenu. Dans le cadre de l'examen de la loi climat, début avril, les député·e·s de la majorité ont refusé d'encadrer les publicités pour les produits les plus polluants et émetteurs de CO2 (Vert).
La France, 4ème pays le plus vert du monde?
Pointées du doigt pour le peu d'ambition contenu dans le projet de loi « climat et résilience », le gouvernement et la majorité LREM ont opportunément remis la main sur un article qui fait de la France le quatrième pays le plus vert du monde. Ne leur en déplaise, ce travail approximatif en dit plus long sur la communication du pouvoir que sur sa bonne volonté en matière d'écologie, décrypte Blast dans cette vidéo.