Les députés refusent d’interdire la réclame pour les produits les plus climaticides

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SUV qui peut. Au cours de leur exa­m­en de la loi « cli­mat et résilience », les députés de la majorité ont refusé d’in­ter­dire la pub­lic­ité pour les pro­duits les plus néfastes pour le cli­mat.

Par­mi leurs 149 propo­si­tions adressées en juin 2020 à Emmanuel Macron, les mem­bres de la Con­ven­tion citoyenne pour le cli­mat (CCC) avaient sug­géré l’in­stau­ra­tion d’une « sorte de loi Evin sur le cli­mat ». Votée en 1991, cette dernière avait large­ment lim­ité la pub­lic­ité pour les bois­sons alcoolisées dans le but de pro­téger les plus jeunes du mar­ket­ing agres­sif des fab­ri­cants. Afin de ren­dre moins sexy les biens les plus émet­teurs de dioxyde de car­bone (CO2), comme les imposants SUV, la CCC recom­mandait d’in­ter­dire, dès 2023, la pub­lic­ité sur les pro­duits les plus pol­lu­ants.

Dans sa ver­sion ini­tiale, le pro­jet de loi « cli­mat et résilience » du gou­verne­ment avait fait une inter­pré­ta­tion très restric­tive de cette idée, plaidant pour la seule inter­dic­tion de la réclame – raris­sime — pour les éner­gies fos­siles. Le résul­tat d’un intense lob­by­ing mené, au nom de la lib­erté des consommateur·rice·s et la défense de l’emploi, notam­ment par l’in­dus­trie auto­mo­bile, qui compte très large­ment sur la pub­lic­ité pour ven­dre ses véhicules de plus en plus imposants. Sur les 4,3 mil­liards d’eu­ros que le secteur a dépen­sé en réclame en 2019, 1,8 mil­liard (soit 42%) a con­cerné des spots pour des SUV, a indiqué le WWF dans une toute récente étude.

Jeu­di, lors de l’ex­a­m­en du chapitre de la loi cli­mat con­sacré à l’en­cadrement de la pub­lic­ité, les député·e·s de la majorité LREM ont rejeté tous les amende­ments qui pro­po­saient de brid­er la réclame.

Une pub­lic­ité de Peu­geot pour des SUV

La majorité et le gou­verne­ment comptent sur la seule bonne volon­té des annon­ceurs. Le pro­jet de loi prévoit la pro­mo­tion, par le Con­seil supérieur de l’audiovisuel (CSA), de « codes de bonne con­duite ayant notam­ment pour objet de réduire de manière sig­ni­fica­tive les com­mu­ni­ca­tions com­mer­ciales audio­vi­suelles rel­a­tives à des biens et ser­vices ayant un impact négatif sur l’environnement ». Une méth­ode qui a déjà fait la preuve de son inef­fi­cac­ité dans la lutte con­tre la mal­bouffe dans le secteur agro-ali­men­taire, se sou­vient Libéra­tion : en sep­tem­bre, une étude de l’UFC-Que Choisir mon­trait que 88% des spots à des­ti­na­tion des enfants fai­saient la pro­mo­tion de pro­duits classés D ou E au nutri-score.

Seul point posi­tif, jeu­di soir, les député·e·s ont adop­té un amende­ment déposé par le groupe Modem qui inter­dit la men­tion « neu­tre en car­bone » sur les pub­lic­ités.