Ça ne vole pas haut. Le futur projet de loi climat ne réduira qu’une infime partie des émissions de l’aviation, a calculé Greenpeace.
En 2019, le secteur aérien a généré quelque 23,4 millions de tonnes de CO2, d’après le ministère de la transition écologique, soit environ 6% des émissions nationales. Avant la pandémie, le nombre de passagers avait augmenté de 3,8% par an entre 2013 et 2018 (Insee).
Pour réduire ces importantes émissions produites par une minorité de la population française, la Convention citoyenne pour le climat avait proposé de supprimer les vols domestiques réalisables en moins de quatre heures de train. Dans son projet de loi, présenté début février en conseil des ministres, le gouvernement a préféré s’en tenir aux trajets faisables en 2h30 et ne pas appliquer ce principe pour les correspondances des vols internationaux. Ce qui exclut l’écrasante majorité des vols intérieurs et surtout, les plus émetteurs.
Dans un rapport publié jeudi, l’ONG Greenpeace indique que sur les 15 connexions les plus fréquentées, seules trois seraient concernées par la réforme : Paris-Bordeaux, Paris-Lyon et Paris-Nantes. Exit le Paris-Nice, qui génère 82,3 kilos de CO2 par passager contre 2,1 en train ; ou le Paris-Marseille, pourtant réalisable en seulement trois heures de TGV pour un bilan carbone 53 fois moindre (!). Au total, seuls cinq lignes intérieures seraient touchées sur une centaine.
Pis, les liaisons domestiques ne représentent elles-mêmes qu’une toute petite partie des émissions des vols au départ de la France, puisque ce sont les vols internationaux qui sont – de très loin – les plus émetteurs. Selon les calculs du Réseau action climat, la réforme ne permettrait de réduire que de 6,6% les émissions de CO2 issues des vols métropolitains, et de 0,5% les émissions de l’ensemble des vols au départ de la France.
Si le trafic aérien est actuellement en chute libre en raison de la pandémie (-50% sur les vols intérieurs en 2020 – OACI), des changements de fond sont nécessaires pour enrayer sa croissance à plus long terme. Greenpeace propose d’interdire les trajets ayant un équivalent en moins de six heures de train, ce qui permettrait de faire baisser de 83,5% les émissions issues des vols intérieurs et 6,2% du total des vols au départ de la France.