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Le gouvernement présente aujourd'hui son plan de sobriété : c'est bonnets gants et gants bonnets.


Le gouvernement présente son plan de sobriété énergétique et appelle à la « mobilisation générale »

Courant alternatif. Le gouvernement officialise aujourd’hui son plan pour éliminer rapidement 10 % de nos consommations d'énergie par rapport à 2019. Tour d'horizon des principales mesures.

Plusieurs feuilles de route transversales ou par secteur (industrie, numérique, sport, etc) seront détaillées cet après-midi par la Première ministre, Elisabeth Borne, et sept de ses collègues. Aucune contrainte n'est prévue à ce stade mais le gouvernement espère une implication maximum dans la mise en œuvre de ses propositions.

L’État est le premier concerné car il devra montrer l'exemple. Dans l’administration, l'eau chaude sanitaire (hors douches) sera coupée, le recours au télétravail encouragé et les agents au volant devront réduire leur vitesse de 20 km/h par rapport aux maximales autorisées sur autoroute et voies rapides. Une enveloppe de 150 millions d’euros sera dédiée à la réalisation de travaux « à gains rapides » : pose de thermostats intelligents, d’ampoules à LED, isolations simples, etc. Limité à 19°C en moyenne, le chauffage pourrait encore baisser d’un degré en cas d'urgence.

Quelques mesures classées selon leur efficacité © Ministère de la Transition écologique

Les entreprises sont encouragées à suivre une feuille de route comprenant 16 actions « d’organisation générale et de fonctionnement ». Ces mesures sont classées selon quatre axes : la réduction du gaspillage, l'efficacité énergétique, la mobilité et le suivi des actions.

Les collectivités sont aussi invitées à baisser la température (de deux degrés dans les gymnases et de un degré dans les piscines municipales) et à réduire l’éclairage nocturne. A ce propos, un décret publié ce jeudi harmonise les règles d'extinction des enseignes lumineuses entre une et six heures du matin.

Les ménages seront sensibilisés à partir du 10 octobre via une campagne de communication qui mettra en avant cinq écogestes significatifs : baisser le chauffage, baisser la température du chauffe-eau, éteindre les appareils plutôt que les mettre en veille et décaler certains usages (machine à laver, cuisson) hors des pics de consommation.

· Mercredi, la commission des finances de l’Assemblée nationale a adopté un amendement au budget 2023 visant à supprimer les avantages fiscaux pour les dons faits aux associations dont les militant·es s’introduisent dans les sites agricoles et industriels. Un texte qui vise directement l’action d’associations comme L214, Alternatiba ou Greenpeace. Une trentaine d’entre elles appellent les député·es à le rejeter lors de son examen en plénière.

· Mercredi encore, des activistes de Greenpeace ont interrompu le discours de Liz Truss lors du congrès du parti conservateur britannique avec une bannière « qui a voté pour ça ? ». L’ONG accuse la nouvelle première ministre de trahir les promesses écologiques du programme sur lequel son parti a été élu en 2019. Sitôt nommée par son parti, Liz Truss a levé le moratoire sur la fracturation hydraulique, une technique polluante d'extraction des hydrocarbures, et ne cache pas son désintérêt pour le climat (Vert). - The Guardian (anglais)

· Le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) a décidé de conditionner les aides publiques accordées aux films, séries et téléfilms à une estimation de leurs émissions de CO2, à partir du 1er janvier 2024. L’obligation sera étendue dans un deuxième temps « aux œuvres d’animation, immersives et aux jeux vidéo ». - Sud Ouest (AFP)

« D’une manière ou d’une autre, il faut une intervention gouvernementale qui se traduise […] par la protection des plus pauvres et cela veut probablement dire que les gouvernements doivent taxer les gens dans cette pièce pour payer pour ça »

Saint Taxe. Incroyable mais vrai : mardi, le patron du géant pétrolier Shell, Ben van Beurden, a reconnu que les gouvernements devraient taxer davantage les entreprises énergétiques pour faire face à la crise actuelle. L'envolée des prix de l'énergie, liée majoritairement à la guerre en Ukraine, est une source de profits exceptionnels pour les majors pétro-gazières alors qu'elle fragilise les plus précaires. Ces derniers mois, de nombreuses institutions ont appelé à taxer ces surprofits (Vert). L'Union européenne vient d'ailleurs d'acter un prélèvement de 33% sur les bénéfices excédentaires réalisés par les producteurs d'énergies fossiles en 2022. Problème : Shell a récemment déplacé son siège social, de la Haye (Pays-Bas) à Londres (Royaume-Uni). Ce qui lui permet de contourner les réglementations européennes sur la fiscalité mais aussi d'échapper à la condamnation d'un tribunal néerlandais sur ses émissions de gaz à effet de serre, comme l'avait raconté Novethic.

Bio, Demeter, HVE... les labels écolos le sont-ils vraiment ?

Label affaire. Depuis plusieurs années, les rayons des supermarchés sont assaillis de labels qui promettent des aliments responsables, écolos, éthiques ou de meilleure qualité. À tel point qu’il est bien difficile de s’y retrouver, entre engagement sincère des producteurs et greenwashing des marques. Tour d’horizon.

Créé en 1985 par le ministère de l’agriculture, le label AB est le plus connu et le plus répandu des labels dits « verts ». Jugé incomplet et laxiste, notamment avec l’agriculture industrielle, le label AB est concurrencé depuis plusieurs années par de nombreux labels privés qui se veulent mieux-disants. C’est le cas des certifications Bio équitable, Bio cohérence ou Demeter, qui tiennent compte des problématiques liées au commerce équitable (dont la juste rémunération des producteur·rices).

En revanche, les labels ne sont pas tous gages de qualité. La certification Haute valeur environnementale (HVE), largement promue par le gouvernement, comporte d’énormes lacunes sur le plan environnemental (Vert). Pour se repérer dans cette jungle, Bioconsom’acteurs, FAIRe un monde équitable et Actionaid ont élaboré une « Boussole des labels » en 2021, dont voici une version simplifiée réalisée par Vert.

Cliquez sur l'image pour l'afficher en grand © Vert

Les labels « durables » qui prétendent désigner des produits meilleurs pour la planète et la santé pullulent, souvent pour justifier des prix élevés. Face à ces risques de greenwashing, la plus grande arme des consommateur·rices est la connaissance : ne pas se fier aux moindres labels et en connaître les critères d’éligibilité permet d’éviter les pièges marketing. Enfin, plutôt que de considérer qu’un label bio est suffisant pour être écolo, c’est encore mieux si les produits sont locaux et de saison.

Pour connaître les détails des différents labels et mieux les comprendre, lisez et partagez la version XXL de cet article sur vert.eco

Les votes sont ouverts jusqu’à demain matin et les résultats seront donnés dans l’édition de vendredi. Vous pouvez aussi nous envoyer vos questions en répondant à ce mail, tout simplement. À vos claviers !

Les activités humaines font le lit des pandémies

La fièvre et la tortue. La pandémie de Covid 19 a mis en valeur l’imbrication entre destruction de la nature et émergence de maladies dévastatrices. En parallèle de la sortie du film documentaire de Marie-Monique Robin La fabrique des pandémies, un site pédagogique du même nom permet d'explorer plus en détails les liens entre biodiversité et santé. Dans cette vidéo, le biologiste Serge Morand superpose plusieurs cartes de l'Asie-Pacifique pour faire une démonstration implacable.

© M2R Films

+ Loup Espargilière, Justine Prados, Juliette Quef, et Gabrielle Trottmann ont contribué à ce numéro.