Chères toutes et chers tous...
SAUVEZ LA DATE ! Pendant la campagne présidentielle, le climat n'a occupé que 3,6% du temps d'antenne des grands médias. Une disparition qui pose un grave problème : mal informé·es les citoyen·nes tardent à se mettre en mouvement, pendant que la crise climatique continue de s'aggraver.
Heureusement, un nombre croissant de journalistes, de scientifiques et des collectifs citoyens se battent pour faire exister ce sujet crucial, des journaux locaux jusqu'aux JT des grandes télés.
⏰ Mardi 24 mai, à 19h à la Base (Paris 10), nous nous demanderons comment (enfin!) mettre le climat à la Une des médias.
Avec : Paloma Moritz, Anne-Sophie Novel, Loup Espargilière, Sophie Roland, les collectifs Quota climat et Plus de climat dans les médias, et des scientifiques !
Pour tout savoir de la soirée, qui sera également retransmise en vidéo, et vous inscrire, cliquez ici.
S'il faut faire la planification écologique sans report, que dire de la planification économique du ministre des transports ?

Qui est Élisabeth Borne, première ministre en charge de la planification écologique ?
Borne again. La nouvelle première ministre est une technicienne spécialisée dans les transports et l’aménagement du territoire. Habituée à l’appareil d’État comme au monde de l’entreprise, elle connaît ses dossiers. De quoi mener à bien le chantier de la planification écologique ?
Emmanuel Macron avait promis de nommer à Matignon une femme, de gauche et écologiste, afin de tout changer. Si la première case est cochée, la nouvelle première ministre est, à tous points de vue, dans la continuité du premier quinquennat.
Formée à l’école Polytechnique et à celle des Ponts et chaussée, Élisabeth Borne a effectué ses trente premières années de carrière aux côtés d’élu·es socialistes. Passée par le ministère de l’Équipement, par le ministère de l’Éducation ou celui l’écologie, elle fut aussi préfète de la région Poitou-Charentes et de la Vienne. Elle a également occupé des postes de direction à la SNCF, chez Eiffage ou à la RATP.

Nommée ministre chargée des transports en 2017, elle s’occupe de la transformation de la SNCF en société à capitaux publics - un chantier très contesté qui ouvre le rail à la concurrence et supprime le statut des cheminots pour les nouveaux arrivants. Lors de son court passage au ministère de la Transition écologique et solidaire (2019-2020), elle n’y fait que du suivi de dossier. Si elle annonce la mise à l’arrêt de la centrale nucléaire de Fessenheim (Alsace) ou encore l’abandon du projet Europacity (un mégacomplexe de loisirs et de commerces envisagé dans le Triangle de Gonesse, au nord de Paris), elle porte aussi le recul de la date de sortie du glyphosate, initialement prévue pour 2021. Elle termine les travaux du projet de loi énergie-climat, qui repousse de dix ans la réduction programmée, à 50 %, de la part du nucléaire dans la production électrique. Elle parvient à faire voter une maigre loi « antigaspillage ».
En 2020, elle porte un plan de 60 millions d’euros pour inciter les Français·es à choisir le vélo pour les déplacements du quotidien. En tant que ministre du Travail, elle mène la brutale réforme de l’assurance-chômage qui fera baisser les allocations de 1,15 million de personnes pendant la première année.
Si les associations reconnaissent qu’Élisabeth Borne saisit les enjeux écologiques, elles s’interrogent sur sa véritable marge de manœuvre. « C’est une ministre ouverte au dialogue avec les ONG. Elle va au fond des sujets, mais elle a obtenu peu d’avancées mémorables dans le domaine de la lutte contre le changement climatique », selon Anne Bringault du Réseau action climat, qui rassemble plus de trente associations.
Retrouvez la suite de cet article sur le site de Vert.

· Entre 58 et 80 milliards d'euros supplémentaires par an : c’est ce que devrait coûter la « décarbonation » de l’économie française, selon les conclusions d’une étude de l’institut de conjoncture Rexecode, commandée par l’organisation patronale du Medef. Cette dernière avait pour but de ne pas laisser « l’écologie aux seuls écologistes », selon son patron, Geoffroy Roux de Bézieux. Sans surprise, le rapport publié lundi recommande de ne pas faire reposer l’effort sur les entreprises et demande, au contraire, une baisse des impôts de production. - Europe 1 (AFP)
· Mardi, d’ancien·es dirigeant·es de plusieurs pays ont lancé la Climate overshoot commission (ou Commission du dépassement climatique). Alors que la température moyenne mondiale promet de dépasser rapidement de 1,5 °C celle de l’ère préindustrielle (ce qui constituait pourtant l’objectif de l’Accord de Paris sur le climat), cette commission se promet de réfléchir à la suite : un monde à +2 °C, voire davantage. Parmi les sujets de réflexion : l’adaptation et la gouvernance des risques liés aux bouleversements à venir. Plus d’informations dans le Monde (abonné·es).


« Sargasses »
La semaine dernière, le deuxième plan de lutte contre les échouages massifs de sargasses, des algues brunâtres endémique de la mer du même nom dans l’Atlantique Nord, a été lancé en Guadeloupe. Il prévoit 36 millions d’euros d’investissement à destination des collectivités de Guadeloupe, de Martinique et de Saint-Martin sur la période 2022-2025. Depuis 2011, des dépôts massifs de sargasses ont lieu sur les côtes des îles des Caraïbes, et en particulier aux Antilles. En plus de leur odeur nauséabonde, elles dégagent de l’hydrogène sulfuré et de l’ammoniac, des gaz toxiques pour les habitant·es et les animaux. Pour s'en prémunir, les communes doivent mettre en place en urgence des collectes si colossales qu’elles peuvent requérir « jusqu’à seize camions par jour », confie au Monde Rémy Harnais, conseiller municipal de la commune du Robert (Martinique).

Ministre délégué aux transports parti pour un constructeur de voitures à hydrogène : le pantouflage douteux de Jean-Baptiste Djebbari
Sans (hydro)gêne. Ce lundi, sans attendre la démission du gouvernement, le constructeur de voitures de luxe à hydrogène Hopium a annoncé avoir proposé Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué aux transports, comme futur membre de son conseil d'administration. Quelques mois plus tôt, la firme faisait une vidéo promotionnelle de la venue du ministre. Un « pantouflage » qui soulève de nombreuses questions.
« C‘était une expérience assez dingue. C’est la première voiture à hydrogène civil avec des performances absolument incroyables ». Ces mots enthousiastes ne sont pas ceux du présentateur d’une émission automobile. Ils ont été prononcés par Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué aux transports, dans une vidéo promotionnelle diffusée sur Twitter par Hopium, fabricant français de voitures à hydrogène, le 21 septembre 2021.
Huit mois plus tard, ce 16 mai, l’entreprise annonçait l’arrivée du ministre à son conseil d’administration. Et ce, avant même que ne soit confirmé son départ du gouvernement.
Cette annonce a immédiatement mis le feu aux poudres des réseaux sociaux, d’aucuns y voyant, a minima, un grossier pantouflage – le passage du public au privé. Voire, pour certain·es, un conflit d’intérêt. Une notion qui désigne « toute situation d’interférence entre un intérêt public et des intérêts publics ou privés qui est de nature à influencer ou à paraître influencer l’exercice indépendant, impartial et objectif d’une fonction », selon la loi de 2013 relative à la transparence de la vie publique.
En l’état actuel du droit, cette annonce ne relève pas d’une prise illégale d’intérêt, juge Elise Van Beneden, avocate et présidente de l’association anti-corruption Anticor. « On est dans une zone grise où ce n’est pas une infraction pénale. Mais c’est forcément choquant pour l’opinion publique, car c’est un beau pantouflage qui entretient la République du soupçon et la défiance envers les gens qui nous gouvernent », analyse-t-elle pour Vert.
Si le pantouflage est une pratique connue de longue date, le quinquennat Macron a insufflé une nouvelle dynamique en la matière, estime la présidente d’Anticor. En janvier dernier, la conseillère en communication de Jean-Baptiste Djebbari, Marion Beyret, avait déjà créé la polémique en rejoignant Air France. « Il est très clair qu’il y a une explosion de ces allers-retours entre le secteur public et le privé, il y a une porosité qu’il n’y avait jamais eu avant. »
La suite de ce décryptage à retrouver en intégralité sur vert.eco

Aurélien Barrau en appelle à une révolution politique, poétique et philosophique
Chaud bouillant. L’astrophysicien, qui a volontairement limité ses prises de parole dans les médias, était l'invité de l’émission La terre au carré, sur France inter. Aurélien Barrau vient de publier un court texte aux éditions Zulma qui invite à questionner profondément nos valeurs. « Au lieu de s’interroger sur les manières d’impacter positivement notre environnement, demandons-nous où nous voulons aller. Ce qu’on appelle croissance aujourd’hui consiste à détruire un espace gorgé de vie et à le remplacer par un parking de supermarché. Qu’on le fasse avec de l’énergie solaire, de l’énergie nucléaire ou de l’énergie éolienne, ça ne change rien : à la fin, on a effectivement détruit une forêt pour construire un espace bétonné », affirme-t-il.

+ Loup Espargilière, Anne-Sophie Novel et Anna Sardin ont contribué à ce numéro