L'estivale

Ministères minus

🕶️ L’été, tout ralentit, Vert y compris ! En juillet et en août, les éditions quotidiennes et hebdomadaires laissent la place à une édition estivale unique. Vous aurez droit à un large tour d’horizon de l’actualité de l’écologie des sept derniers jours, chaque mercredi à midi dans votre boîte mail, jusqu'à la rentrée de septembre.


Est-on sûr que pour mener à bien la baisse des émissions, il faut choisir des ministres qui ne connaissent pas la mission ?


Partout en France, des festivals de musique relèvent le défi de l’indépendance et de l’écologie

La saison des festivals bat son plein. Certains d’entre eux promettent de divertir et d’éduquer dans une même danse et résistent encore et toujours à la concentration qui s’opère dans le secteur culturel.

Du label « écoresponsable » qui consigne les gobelets, aux ateliers de sensibilisation et de mise en pratique, il y a un monde. Ces dernières années, Les pluies de juillet, Climax, le Cabaret vert, Ecaussystème, et bien d’autres, ont multiplié les actions pour proposer une programmation culturelle et écologique exigeante et réduire leur impact environnemental. Choix d'artistes locaux, réhabilitation de friches industrielles, ateliers de réparation, conférences sur la biodiversité ou l’agriculture durable ; ces festivals sont devenus de véritables incubateurs de l’engagement en faveur de l’écologie et de la justice sociale. « On veut rassembler les différentes générations autour de la paysannerie qui est foncièrement écologique car elle mise sur le troc, la récup, l’autonomie et la solidarité », raconte par exemple Emma Conquet, organisatrice-bénévole de Lac’oustique, qui se tiendra près de Cahors (Lot) début septembre.

La carte des festivals musicaux français écolos et indépendants. Cliquez sur l'image pour l'afficher en grand © Vert 

Ces raouts estivaux doivent aussi répondre à des objectifs contradictoires, à savoir limiter leur impact environnemental tout en irradiant sur le territoire. L’édition 2022 du Cabaret vert de Charleville-Mézières (Ardennes) verra ses émissions de carbone dûment consignées. S’en suivront « un plan d’action, une grosse étude de mobilité pour connaître les habitudes et les freins », précise Jean Perrissin, directeur du développement durable. Parmi les pistes évoquées : limiter l’usage de l’avion et de la voiture et instaurer des repas végétariens.

Ces manifestations ont choisi d’aligner leur modèle économique - indépendant - avec leur programme culturel et leur démarche écologique et écartent les « sponsors polluants » qui les privent nécessairement de revenus. Dès lors, la concurrence est rude face aux festivals de grands groupes qui possèdent aussi labels de musique et chaînes de radio et captent plus facilement les têtes d’affiche, essentielles au succès des événements. Face à la concentration, les acteurs indépendants tentent de s’unir, notamment à travers l’initiative Vous n’êtes pas là par hasard qui agrège une centaine de festivals. Benoît Chastanet, fondateur d’Ecaussystème, dans le Lot, en appelle aussi au public pour privilégier les rendez-vous indépendants.

Retrouvez notre large tour d’horizon des festivals musicaux écolos ET indépendants sur vert.eco 

· Jeudi, un décret paru au Journal officiel a interdit l'utilisation des termes empruntés au secteur de la viande pour désigner des produits végétaux. Exit, donc, les steaks de tofu et autres saucisses de soja dès le 1er octobre 2022. Cette décision est une victoire pour les représentants des filières animales qui y dénonçaient une atteinte à l'intégrité de leur produits. En janvier, la Commission européenne avait invité le gouvernement à « reconsidérer si les termes dont l’interdiction est prévue […] sont effectivement de nature trompeuse » et pointait une contradiction possible entre cet encadrement et certains objectifs du Pacte vert européen, comme la promotion d'une alimentation moins carnée, raconte le média spécialisé Contexte.

· Dimanche, l'effondrement du glacier de la Marmolada dans les Alpes italiennes a fait au moins sept morts et treize blessés selon un bilan encore provisoire. D'après les scientifiques, cet effondrement est sans doute lié au record de température (10°C) enregistré la veille sur le massif et qui a fait fondre une partie du glacier (France Info). Le nord de l'Italie est touché depuis plusieurs semaines par des vagues de chaleur intenses et la pire sécheresse en soixante-dix ans. - Reporterre

· Ce mercredi midi, la proposition de la Commission européenne de labelliser le gaz et le nucléaire comme « énergie de transition » dans la Taxonomie verte européenne va être soumise au vote des eurodéputé·es. L'obtention de ce label, qui permettrait aux industriels du gaz et du nucléaire de recevoir des financements fléchés vers la transition écologique, fait l'objet de vives controverses (Vert). Le 15 juin dernier, les 76 élu·es des commissions Affaires économiques et Environnement du Parlement avaient voté contre cette inclusion (Vert) mais il faut obtenir une majorité de 353 voix pour confirmer cette décision en séance plénière.

Vous ne rêvez pas, cet article est bien réel. A l'heure où il est plus urgent que jamais de tourner le dos aux énergies fossiles - principaux moteurs de la crise climatique - et où la France se prépare à un hiver calamiteux, notamment en raison d'une indisponibilité historique de son parc nucléaire, le Figaro a publié un guide à destination des « résistants » aux éoliennes. Pour rappel, dans son dernier rapport, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) place le développement de l'énergie éolienne au troisième rang des solutions présentant le meilleur potentiel pour réduire les émissions mondiales (notre synthèse). Hélas, après de longues recherches à travers les archives du Figaro, nous n'avons pas trouvé de guide pour apprendre à s'opposer à la réouverture des centrales à charbon ou à l'installation de nouveaux terminaux pour accueillir le gaz naturel liquéfié en provenance des Etats-Unis.

De gauche à droite : Clément Beaune, Bérengère Couillard, Caroline Cayeux, Christophe Béchu, Dominique Faure et Olivier Klein © Compte Twitter de Christophe Béchu

En avant les histoires. Le nouveau gouvernement d’Élisabeth Borne a été annoncé lundi matin, deux semaines après des législatives ratées pour Emmanuel Macron (Vert). Il est marqué par la nomination de six ministres rattaché·es à la transition écologique. Un ministère grand par la taille, mais qui dégringole du cinquième au dixième rang (sur 16) de l'ordre protocolaire. Juste avant le ministère de la transition énergétique, piloté par Agnès Pannier-Runacher (son portrait). Emmanuel Macron n'avait-il pas promis que ce quinquennat « sera[it] écologique ou ne sera[it] pas » ?

C'est Christophe Béchu qui prendra la suite d'Amélie de Montchalin, ministre de la transition écologique défaite en juin. Une nomination politique avant tout : l'actuel maire d'Angers est un proche lieutenant d'Edouard Phillipe et pilier du parti Horizons. Hélas, Christophe Béchu « n'a jamais travaillé ni de près ni de loin sur un dossier environnemental », a résumé la porte-parole du mouvement Alternatiba, Sandy Olivar Calvo. De fait, l'homme est davantage connu pour son opposition au mariage « pour tous » (ou même aux affiches montrant des couples gay), ce qui lui fait un point commun avec sa collègue chargée des collectivités territoriales, Caroline Cayeux. Clément Beaune est promu aux transports, Olivier Klein récupère la ville et le logement. L'équipe est complétée par les secrétaires d'Etat Dominique Faure (ruralité) et Bérengère Couillard (écologie) ; un sujet sur lequel cette dernière s’est peu attardée lorsqu'elle était députée de la majorité d'après Agir pour l'environnement. « Nous allons tous les six, nous efforcer d’incarner l’écologie de l’action du concret et du quotidien », a promis Christophe Béchu sur Twitter. Le changement, c'est maintenant ?

« Nous avons sauté à pieds joints dans le changement climatique et ses manifestations. Personnellement, je souffre de voir cette violence qui s’abat sur les cultures et les habitations. »

Anormales de saisons. Evelyne Delhiat est présentatrice météo sur TF1 depuis 1992 et nouvelle star de Twitter depuis qu'elle s'y est installée à la fin juin avec la ferme intention d'informer ses abonné·es au sujet « des enjeux du climat ». À Vert, elle raconte sa perception de la crise climatique et l’évolution de son métier. Un entretien à lire sur vert.eco

· Et que ça (sur)saute ! Mercredi, le Haut Conseil pour le climat (HCC) a appelé, dans son quatrième rapport annuel, à un « sursaut de l'action climatique » face aux « risques majeurs » d'échouer à lutter contre le réchauffement climatique. La France doit diviser par deux ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 (par rapport à 1990) avant d'atteindre la neutralité climatique en 2050. Or, même si tous les secteurs de l'économie française connaissent (enfin) une baisse de leurs émissions, la tendance reste trop « modeste ». Le HCC recommande au gouvernement de se concentrer en priorité sur la sobriété énergétique, les renouvelables et le changement des pratiques agricoles et alimentaires. - Reporterre

· Bio parleurs. « La politique de soutien à l'agriculture biologique reste insuffisante » par rapport aux objectifs que la France s'est fixés, conclut un rapport de la Cour des comptes paru jeudi. Ce mode de production, qui bannit les pesticides de synthèse, les organismes génétiquement modifiés (OGM) et les antibiotiques, représentait 10,3 % des surfaces agricoles fin 2021, contre 15 % visés et alors que l'objectif européen vient d'être rehaussé à 25 % en 2030. - La Tribune

Cliquez sur l'image pour afficher l'article et accéder à la version interactive de la carte ©  Anna Sardin / Vert

Sèche eau. Entre 2010 et 2020, la part des terres irriguées a augmenté de 14 % alors même que la surface agricole a, elle, diminué de 3,46 % dans le même temps, s'émeut le réseau d'associations France nature environnement (FNE). « Il y a un recours à l’irrigation plus courant, notamment pour des cultures qui se contentaient de l’eau de pluie jusqu’ici, pour maintenir ou assurer les rendements face à des conditions climatiques bouleversées », explique à Vert Alexis Guilpart, coordinateur du réseau « Eau et milieux aquatiques » de FNE. Or « cette stratégie n’est pas durable et constitue un risque de mal adaptation face au changement climatique », selon lui. L'article complet est à retrouver sur vert.eco

· Avions à réactions. Fin juin, le gouvernement des Pays-Bas a annoncé son intention de limiter le trafic de l’aéroport Amsterdam-Schiphol dans le but de réduire à la fois la pollution sonore et atmosphérique. À compter de novembre 2023, le nombre de vols annuels sera limité à 440 000 au lieu de 500 000, soit une baisse de 12 %. « Ce qui est possible à Amsterdam-Schiphol est aussi possible à Roissy-Charles de Gaulle ! », ont réagi, en France, une quinzaine d'associations environnementales et de riverains, qui soulignent que « la réduction du nombre de vols [...] est une des mesures vraiment efficaces et incontournables pour permettre au secteur aérien de faire décroître ses émissions ». - Actu-Environnement

· Jeu de lois. Au Chili, les 154 membres de l'Assemblée constituante ont remis au président progressiste Gabriel Boric leur projet de Constitution. Ce texte reconnaît le Chili comme un état « plurinational, interculturel et écologique » et indique que « l’humanité se confronte à une crise climatique et écologique qu’elle doit prendre en charge ». Il garantit des droits sociaux fondamentaux et consacre plusieurs avancées environnementales, telles que la reconnaissance de l'eau comme bien commun inappropriable. La proposition sera soumise à référendum le 4 septembre prochain pour savoir si elle remplacera la Constitution en vigueur, héritée de la dictature Pinochet. - Reporterre

Nouvelles Graines

Comique de transition. Dans le documentaire « Nouvelles Graines », on retrouve l'humoriste parisien Nicolas Meyrieux, devenu stagiaire dans une petite ferme du Marais d’Orx, au cœur des Landes. L'histoire qu'il raconte est d'abord celle d'une rencontre : avec Anthony et Zoé, jeune couple d’agriculteurs qui s'installent en polyculture et élevage en suivant les principes de l'agroécologie. C'est aussi l'histoire d'un apprentissage pour se mettre « dans la peau d'un agriculteur ». Alors que trotte dans la tête de bon nombre de citadin·es l'envie d'aller mettre les mains dans la terre, ce documentaire offre un aperçu de ce qui les attend. Attention, ça donne envie. 

© France Télévisions

+ Loup Espargilière, Anne-Sophie Novel, Juliette Quef et Anna Sardin ont contribué à ce numéro