La quotidienne

Mazout alors !

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Un numéro où l'on tentera de faire chavirer les compagnies pétrolières plutôt que leurs supertankers.


Amoco Cadiz : Il y a 30 ans, le « procès du siècle » pour l’environnement

Le 24 janvier 1992, la Standard Oil of Indiana était définitivement condamnée pour la marée noire causée par son navire, l’Amoco Cadiz, en 1978. Une éclatante victoire pour les communes bretonnes victimes de la catastrophe et un procès hors-norme qui a définitivement changé le droit en matière de protection de l’environnement.

Immédiatement après la catastrophe, les élu·es breton·nes des communes et départements concernés se mobilisent et entendent demander réparation pour les conséquences économiques – pêche, ostréiculture, tourisme, etc., mais aussi environnementales de la marée noire. Connu des élus locaux pour son aide dans les dossiers de pollution maritime de l’Olympic Bravery et du Boehlen en 1976, l’avocat Christian Huglo est appelé le jour même par le maire de Brest pour mener à bien cette procédure judiciaire. « C’est le procès du siècle, affirme aujourd’hui l’avocat. Sur le plan international on a réussi un exploit contre les Américains. »

Le naufrage du supertanker Amoco Cadiz, le 16 mars 1978 © Archives des incidents de la NOAA

Alors que la population et l’armée nettoient les plages et tentent de sauver les oiseaux mazoutés, Christian Huglo et son équipe s’activent pour décider de la meilleure stratégie. La décision est prise d’attaquer – directement aux Etats-Unis – l’Amoco International, et sa maison-mère la Standard Oil of Indiana, toutes deux basées à Chicago. Une information pénale est certes ouverte en France et un juge d’instruction est nommé à Brest. Mais les Bretons et leur avocat craignent que la procédure ne s’éternise. « On devait s’attendre à 13 ans de procédure pénale, avant de s’engager au civil pour 13 ans de plus. Cela faisait 26 ans au total ! […] En allant devant la juridiction américaine, on pouvait attaquer directement au civil, c’était l’action la plus directe. »

Les obstacles à surmonter sont alors nombreux ; le premier d’entre eux est financier. Les 92 communes bretonnes et deux départements engagés dans la procédure obtiennent des prêts bancaires et mettent en place une contribution exceptionnelle, autour de dix francs par an et par habitant, pour faire face à la machinerie américaine. Au total, après 14 ans de procédure, les frais de justice s’élèvent à plus de 135 millions de francs.

La suite de cette folle épopée judiciaire est à retrouver sur vert.eco

· Samedi, le Pérou s'est déclaré en « urgence environnementale » et a déployé des mesures exceptionnelles pour tenter de circonscrire une importante marée noire au large de ses côtes. Celle-ci a été provoquée le 15 janvier dernier par le déchargement accidentel d'un tanker qui a libéré l'équivalent de 6 000 barils de pétrole brut. Comme cause de l'accident, l'entreprise espagnole Repsol accuse la forte houle engendrée par l’éruption volcanique sous-marine aux îles Tonga. Mais plusieurs autorités du Pérou la soupçonnent de négligences. - Courrier International

· A la clôture des inscriptions dimanche, les organisateur·ices de la Primaire populaire ont décompté 467 000 inscrit·es pour le vote d'investiture qui aura lieu du 27 au 30 janvier. C'est plus que n'importe quelle primaire organisée par des partis politiques traditionnels. Pour rappel, sept candidat·es ont été préalablement désigné·es, parfois contre leur gré, pour porter un socle commun de dix mesures à l'élection présidentielle (Vert). L'objectif affiché est d'unir la gauche derrière un seul candidat mais l'initiative est critiquée tant dans son processus que dans ses intentions. - France Info

« Pendant que les riches volent, notre avenir s’envole »

Ça plane pour eux ! Vendredi, 74 militant·es d'Extinction Rebellion, Attac France et Alternatiba Paris ont fait effraction sur le tarmac de l'aéroport d'affaires du Bourget (Seine-Saint-Denis) pour attirer l'attention sur une lubie climaticide très en vogue : les jets privés. Possédés par des fortunes de 1,3 milliard d'euros en moyenne, ces bolides sont dix fois plus polluants que les avions de ligne, et cinquante fois plus que le train, selon Attac. Or, leur usage est en constante augmentation. En 2019, un vol sur dix au départ de la France était effectué en jet privé et le trafic a augmenté de 20% l'année dernière !

© Arnaud Vilette / Attac

Il faut dire que la voie est laissée volontairement libre pour encourager la croissance du secteur ! Par exemple, le taux d'imposition pour les carburants de ces avions est entre 35% et 40% inférieur à celui de l’essence pour les automobiles. L'année dernière, le Parlement a introduit une interdiction des vols aériens à l’intérieur du territoire français pour lesquels il existe une alternative en train d’une durée inférieure à 2h30. Malheureusement, il a refusé d'y inclure les jets privés. L'Europe n'est guère plus ambitieuse : alors qu'elle prévoit de taxer le kérosène aérien à partir de 2023, les jets privés devraient en être exonérés. De même qu'ils sont actuellement exemptés du système européen de quotas sur le CO2.

TotalEnergies quitte la dictature birmane

Myanmarre. Après trente années à frayer en eaux troubles, la major pétrolière se retire finalement du pays où la répression militaire fait rage.

Arrivée dans le pays en 1992 pour y exploiter le champ gazier de Yadana, TotalEnergies a composé pendant de longues années avec des pouvoirs autoritaires. Mais depuis le coup d’État de février 2021, sa présence était de plus en plus contestée par les ONG de défense des droits de l'homme. La major pétrolière justifiait son maintien dans le pays par la nécessité d'approvisionner les habitants du Myanmar et de Thaïlande en énergie. Mais elle était surtout accusée de financer la répression militaire, en partageant ses revenus avec les généraux birmans, par paradis fiscal interposé (Vert).

Sa décision de se retirer du pays d'ici six mois est à la fois inattendue et bienvenue. L'américain Chevron, son partenaire dans l'exploitation de Yadana, lui emboîte d’ailleurs le pas. Les deux entreprises passeront le relais à la société d’État birmane MOGE et à une filiale de la société nationale d’énergie thaïlandaise, PTTEP.

Tout en saluant la nouvelle, le journal Libération n’a pu s’empêcher de remarquer que l’exploitation de Yadana était prévue pour s’achever dans trois petites années, après de lucratives rentrées. « Et est-ce un hasard si la décision de TotalEnergies est prise juste avant que l’Union européenne annonce de probables nouvelles sanctions ? », interroge innocemment le journal.

Présidentielle : l'écologie a-t-elle une chance ?

Malgré la prise de conscience citoyenne et médiatique, les thématiques environnementales peinent à se faire une place dans le débat politique

© Université Populaire Politeia

+ Tudi Crequer, Loup Espargilière et Juliette Quef ont contribué à ce numéro