Chères toutes et chers tous,
Organisé par les Shifters, le festival Projection transition, se tiendra à Nantes, Toulouse, Paris et Bruxelles ce weekend. Ce festival, qui mêle écologie et cinéma, mettra cette année l’accent sur la justice climatique et sociale. Samedi 15 octobre à 14h, au cinéma des 7 Parnassiens (Paris 14), Vert y animera le débat « Transition écologique, atout ou péril pour l'emploi ? » après la projection du film En guerre de Stéphane Brizé. Toute la riche programmation est à découvrir ici.
Le gouvernement réautorise des chasses interdites usant de méthodes cruelles, au mépris d’oiseaux qui battent de l'aile.
Penseur majeur de l’écologie politique, Bruno Latour est mort
Retour à Latour. Disparu dans la nuit de samedi à dimanche, le philosophe, sociologue et anthropologue Bruno Latour, laisse un héritage intellectuel immense pour penser l’écologie.
L’un des intellectuels français les plus connus de notre époque s’est éteint ce weekend à l’âge à 75 ans. Tardivement compris en France, Bruno Latour est un penseur inclassable, au carrefour de la sociologie des sciences et des techniques, de la philosophie, mais aussi de l’art contemporain et du théâtre. Sociologue de profession, formé à l’anthropologie en Côte d’Ivoire, il enseigne à l’école des Mines de 1982 à 2006 avant de diriger le laboratoire de recherche de Sciences Po. Reconnu dans le monde entier, il a notamment reçu le prix de Kyoto en 2021 pour l’ensemble de ses travaux, qui récompense des contributions remarquables en sciences, arts et philosophie.
Influencé par le philosophe Michel Serres, l’écrivain Charles Péguy, le psychologue Gabriel Tarde ou encore le sociologue Harold Garfinkel, Bruno Latour a d’abord étudié la science à travers ce qui n’est pas scientifique - culture, coutumes. Plus tard, c’est grâce à sa conception de l’écologie comme nouvelle lutte des classes que l’homme à l’œil rieur a conquis le grand public. Ses essais Où atterrir ? Comment s’orienter en politique (2017) et Où suis-je ? Leçons du confinement à l'usage des terrestres (2021, notre chronique) ont rencontré un franc succès. Il y invite notre espèce, hors-sol, à « atterrir » et à remettre nos manières d’habiter la Terre au centre des décisions politiques.
Professeur et chercheur en bande organisée, Bruno Latour laisse un héritage important. Il a participé à former bon nombre d’intellectuel·les, dont le philosophe du vivant Baptiste Morizot, le philosophe politique Pierre Charbonnier, la philosophe féministe Emilie Hache ou l’historienne de l’art Estelle Zhong Mengual qui poursuivent son travail pour inventer de nouvelles manières d’habiter le monde.
Pour s’initier à la richesse de sa pensée, une série d’entretiens datant de mars 2022 est à redécouvrir sur France culture.
· Jeudi soir, l’Assemblée nationale a adopté une proposition de loi visant à limiter la hauteur et l’impact sur la biodiversité des grillages d’importants domaines de chasse. En Sologne notamment, des clôtures, parfois rehaussées de fil barbelé, servent à emprisonner la faune sauvage, permettant de constituer de vastes réserves de gibier pour les chasseurs. Si le texte proposé par le député MoDem Richard Ramos est accepté dans les mêmes termes par le Sénat, la hauteur maximale des clôtures sera abaissée à 1,2 mètre et celles-ci ne pourront plus être enfouies pour empêcher renards autres sangliers de passer. - Le Monde
· À partir du 8 novembre, un « chèque fioul » de 100 à 200 € sera proposé aux foyers qui n’ont pu bénéficier du bouclier mis en place pour d’autres sources d’énergie. Un simulateur est disponible sur le site internet chequeenergie.fr pour savoir qui est éligible à cette nouvelle aide du gouvernement. Les bénéficiaires pourront l’utiliser pour payer tout type de factures d’énergie s’ils ont déjà fait le plein de fioul. - Ouest-France
· Ce week-end, près de 1 000 personnes ont bloqué deux dépôts pétroliers de TotalEnergies en Belgique pendant deux jours à Feluy et Wandre pour réclamer une plus grande « justice climatique ». Réuni·es au sein de la coalition « code rouge », les activistes exigent la sortie des énergies fossiles et des mesures concrètes pour faire face à la crise climatique et sociale. - RTBF
· Dimanche, deux accidents de chasse ont fait plusieurs blessés graves. Dans la Drôme, un cueilleur de champignons a été transporté en urgence absolue à l’hôpital après avoir reçu une balle à l’abdomen. Se présentant de lui-même à la gendarmerie, le tireur a expliqué avoir pointé son arme en urgence sur un sanglier qui le chargeait. Dans le Beaujolais, près de Lyon, c’est une femme et ses deux enfants de 7 et 10 ans qui ont été légèrement blessés aux jambes par un chasseur alors qu’ils étaient en promenade. - Le Figaro
Pantes et matoles
À l’ouest. Les chasses traditionnelles des alouettes des champs à l’aide de pantes (filets) et de matoles (cages) ont été ré-autorisées par le gouvernement dans quatre départements du sud-ouest de la France, d’après des arrêtés publiés au Journal officiel vendredi. Une décision à l’encontre du droit européen, qui interdit depuis 2009 les techniques de captures massives et non sélectives d’oiseaux. Sur cette base, le Conseil d’État a déjà suspendu en urgence, à plusieurs reprises, des arrêtés du gouvernement autorisant ces chasses traditionnelles (notre article). La plus haute juridiction administrative française doit encore se prononcer sur le fond du dossier pour envisager une interdiction définitive. La Ligue de protection des oiseaux (LPO) a vivement critiqué les méthodes de l’exécutif et déposé un recours en référé auprès du Conseil d’État pour obtenir une nouvelle suspension d’urgence des arrêtés.
Sécheresses à répétition, prix de l’énergie : comment réduire durablement sa consommation d’eau ?
Eau secours. Alors que la sécheresse assoiffe toujours la quasi-totalité des départements français et à l’entame d’un hiver au cours duquel les factures vont s’alourdir, il est plus nécessaire que jamais d’apprendre à réduire notre consommation d’eau. Mais par où commencer ?
S’équiper pour faire des économies chez soi
En 2020, les Français·es ont consommé 148 litres d’eau en moyenne par personne et par jour, d’après l’Observatoire national des services d’eau et d’assainissement. Pour faire des économies, on peut vérifier que nos robinets et nos WC ne fuient pas en relevant les chiffres sur le compteur avant de se coucher et au réveil, recommande ce guide pratique de l’Agence nationale de la transition écologique (Ademe), qui préconise aussi de privilégier la douche rapide (35 à 60 litres) au bain (150 litres), et d’installer des « mousseurs » pour réguler les jets d’eau et en réduire le débit.
Autres moyens « low tech » d’alléger sa facture : installer un récupérateur d’eau de pluie dans le jardin pour alimenter les WC ou la vaisselle, et opter pour des toilettes sèches. Trois à six litres d’eau - potable - disparaissent dans nos cuvettes à chaque fois que l’on tire la chasse.
Faire le point sur sa consommation
On peut aussi se renseigner sur l’« empreinte eau » de notre alimentation et de nos achats - les volumes nécessaires pour les produire. L’agriculture consomme environ 80 % des ressources mondiales (FAO). Selon le Water Footprint Network, il faut en moyenne 17 196 litres d’eau pour faire un kilo de chocolat, 15 897 litres pour un kilo de café, 15 415 litres pour un kilo de bœuf et 2 500 litres pour un t-shirt en coton. Certaines cultures, qui remplissent pourtant des usages similaires, sont beaucoup plus gourmandes que d’autres : on estime par exemple que le sorgho consomme quelque 30 % moins d’eau que le maïs, souvent utilisé pour nourrir le bétail (notre article).
Au-delà des efforts individuels, la préservation de nos ressources en eau nécessite de passer à l'échelle collective, et donc politique, comme vous le verrez dans la version XXL de cet article à lire sur vert.eco
À quoi ressemblerait un monde neutre en carbone en 2050 ?
6 octobre 2052. Des bâtiments isolés, des banques qui n’investissent plus dans les énergies fossiles, une alimentation moins carnée, une publicité régulée… Invitée par la banque publique d'investissement Bpifrance, la chercheuse en économie du climat Céline Guivarch a tenté d’imaginer un monde devenu neutre en carbone.
+ Loup Espargilière, Alban Leduc, Juliette Quef et Gabrielle Trottmann ont contribué à ce numéro.
