La quotidienne

Le climat mis en boîtes

Chères toutes et chers tous,

📻 Ce mardi, Loup Espargilière était l'invité de l'émission « Je pense, donc j'agis » de la radio chrétienne RCF. Au menu de ce riche débat : crise de la biodiversité, sortie de l'auto, planification écologique et justice climatique. 


Alors que les ministères ont raboté les propositions de la société civile, les chef·fes d'entreprises auront-ils la tâche plus facile ?


150 entreprises françaises s’engagent pour le climat et promettent une « grande bascule »

Merci patrons. Née en 2020, la Convention des entreprises pour le Climat (CEC) a remis mardi un rapport au ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, faisant le point sur plusieurs mois de travaux et les engagements de 150 firmes engagées dans le projet. Avec la volonté d’alimenter le débat politique en propositions concrètes.

Inspiré·es par la Convention citoyenne pour le climat - les 150 Français·es tiré·es au sort qui avaient soumis leurs nombreuses propositions au gouvernement pour réduire nos émissions « dans un esprit de justice sociale » (Vert), les dirigeant·es sélectionné·es par un comité dédié de la CEC ont travaillé pendant plusieurs mois sur les pistes à explorer pour réduire l’impact environnemental et améliorer la « reconnexion au vivant » de leurs boîtes. 

Résultat ce 25 octobre : 150 pages pour « pousser les curseurs au maximum » et « accélérer la bascule du business as usual vers l’entreprise régénérative » en 2030, promet dans l’édito du rapport Eric Duverger, ex-cadre dirigeant chez Michelin.

Cette « entreprise régénérative » constituerait le standard le plus élevé et s’opposerait à la notion d’économie extractive, basée sur l’exploitation de ressources naturelles. Le but affiché : ne pas se contenter de moins polluer ou d’être « neutre », mais séquestrer plus de carbone que l’entreprise n’en émet, régénérer plus de biodiversité que celle détruite par l’activité, etc.

Après plusieurs mois de travaux, la CEC fait donc le bilan des feuilles de routes plus ou moins ambitieuses adoptées par les entreprises participantes, dont une dizaine est encore en cours de finalisation. 

Les quatre postures possibles pour une entreprise, sur lesquelles s'est appuyée la Convention des entreprises pour le climat. © CEC

« Les engagements sont totalement libres, explique à Vert Florent Favier, en charge des relations presse de la CEC. Les entreprises (...) choisissent dans le panel des propositions ce qu’elles sont à même de faire et à quelle échéance : on comprend bien que Renault Trucks n’aura pas la même agilité que d’autres entreprises. Ce qui est intéressant pour les responsables politiques, c’est que ce sont des idées rapides à mettre en place et déjà cooptées par le monde économique », poursuit-il..

La CEC veut désormais transmettre le message aux politiques afin de transformer l’essai dans des lois contraignantes pour toutes les entreprises et assure réfléchir au suivi des mesures, pour que ces dernières ne restent pas des paroles en l’air. 

Présente ce mardi, la paléoclimatologue et co-autrice du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) Valérie Masson-Delmotte a incité son auditoire à accélérer : « Est-ce aux scientifiques de porter la charge mentale sur le climat ? Non, c’est aux décideurs, et plus on a de leviers d’action, plus cette charge doit être forte. Il est critique que les chefs d’entreprise la prenne à bras le corps. C’est une course contre la montre ».

Retrouvez cet article en intégralité sur vert.eco

· Mardi, la ministre de la culture Rima Abdul Malak a jugé « absurde » de vouloir « détruire une œuvre d’art » pour le climat et appelé les musées français à « redoubler de vigilance ». Ces derniers jours, des œuvres de Monet et de Van Gogh ont été la cible de militant·es écologistes en Allemagne et en Angleterre (notre article). Barbouillées de purée et de soupe, les peintures n’ont pas été dégradées et encore moins détruites puisqu’elles étaient protégées par des vitres. - Le Parisien (abonné·es)
 

· Mardi encore, 105 député·es ont saisi la Commission nationale du débat public (CNDP) pour réclamer un débat sur « la place du nucléaire dans le mix énergétique de demain ». Une saisine commune à plusieurs tendances politiques, de la Nupes au Modem. « À la fin, nous ne voterons peut-être pas la même chose sur le nucléaire », a commenté le socialiste Dominique Potier. - Ouest-France (AFP)
 

· Mercredi, Oxfam, les Amis de la terre et Notre affaire à tous ont mis en demeure BNP Paribas de cesser de financer de nouveaux projets pétro-gaziers. Les ONG envisagent une action judiciaire contre la banque française au nom du « devoir de vigilance » des entreprises, en vue de la contraindre à rehausser ses engagements climatiques. - France info

Cliquez sur le dessin pour le voir en grand. © Sanaga pour Vert

La justice suspend un projet de retenue d’eau pour produire de la neige artificielle à la Clusaz

La CluZAD. Mardi, le tribunal administratif de Grenoble (Isère) a suspendu le projet de construction d’une retenue collinaire visant à alimenter la station de ski de la Clusaz (Haute-Savoie) - un projet largement décrié pour son impact environnemental.

C’est une première victoire juridique pour les habitant·es et associations opposé·es à ce projet de lac artificiel à 1 500 mètres d’altitude. Cette retenue d’eau, qui serait la cinquième sur le territoire de la Clusaz, aurait une capacité de 148 000 mètres cube. Elle servirait, pour les deux tiers, à produire de la neige artificielle pour la station de ski, mais aussi à alimenter les réserves d’eau potable de la commune. De nombreuses associations y sont opposées en raison de son lieu d’implantation : le bois de la Colombière, à proximité d’une zone classée Natura 2000, qui abrite une cinquantaine d’espèces protégées dont le tétras lyre ou l’aigle royal.

Dans le bois de la Colombière, sur le plateau de Beauregard, une ZAD s'est formée, constituée par des militant·es d'Extinction Rebellion et des sympatisant·es, contre le projet de retenue collinaire. © Geoffrey Bire / Hans Lucas via AFP

« L’intérêt public qui découle de la réalisation d’une retenue collinaire essentiellement destinée à assurer l’enneigement artificiel de la station est insuffisant à remettre en cause l’urgence qui tient à la préservation du milieu naturel et des espèces qu’il abrite », a tranché le juge des référés, donnant raison aux cinq associations qui l’avaient saisi pour suspendre l’autorisation environnementale délivrée par la préfecture de Haute-Savoie le 20 septembre dernier.

Depuis fin septembre, des militant·es y avaient installé un campement, « la Cluzad », pour empêcher le lancement des travaux. Les occupant·es ont annoncé leur départ à la suite de la décision du juge.

France nature environnement Haute-Savoie, une des associations requérantes, a exprimé « son soulagement [...] alors que les travaux étaient imminents ». Le fond du dossier devra maintenant être étudié par la justice pour aboutir à une décision définitive. Selon les informations de France 3 Auvergne Rhône-Alpes, le maire de la Clusaz, Didier Thévenet, défenseur du projet, aurait décidé de se pourvoir en cassation auprès du Conseil d’État pour contester cette ordonnance.

« La sixième extinction », un podcast sur les menaces et les espoirs de la biodiversité

Oiseau rare. La vulgarisatrice des sciences Marie Treibert et le média Numérama nous emmènent dans une série de podcasts à la rencontre des espèces menacées. Dans le premier épisode, on nous apprend que si le dodo s’est éteint à la fin du XVIIe, il est toujours possible de sauver un autre oiseau : le kakapo, un perroquet nocturne qui vit en Nouvelle-Zélande. Si le constat d’urgence est indéniable, le parti pris de ce podcast est d’agrémenter cette connaissance de « touches d’espoir ».

+  Loup Espargilière, Justine Prados et Sanaga ont contribué à ce numéro.