La quotidienne

L’arme du green

Chères toutes et chers tous,

🎁 Jusqu'au 24 décembre, sur Twitter et Instagram, nous vous proposons une (vraie) bonne nouvelle par jour pour finir l'année en beauté. N'oubliez pas de nous suivre sur ces réseaux pour ne rien rater de notre calendrierYeah! de l'avent.


L'industrie fossile repeint tout en vert - même ses puits de pétrole - pour nous faire passer à la casserole.


ExxonMobil promet des puits de pétrole « zéro émission nette » au Texas : une leçon de greenwashing

Le géant des fossiles ExxonMobil vient d'annoncer que son extraction massive d'hydrocarbures dans le sud des Etats-Unis, serait « neutre en CO2 » d'ici 2030. Omettant les émissions liées à l'utilisation de son gaz et son pétrole.

En matière de greenwashing, on pensait avoir tout vu. Nous étions loin du compte. ExxonMobil vient promettre des puits de pétrole « zéro émission nette » dans le Bassin permien, cet énorme réservoir de gaz et de pétrole à cheval entre le Texas et le Nouveau-Mexique (Etats-Unis). Comment la multinationale prétend-elle pouvoir réussir ce tour de passe-passe ?

Sur son site, Exxon annonce que ses opérations, réalisées à l'aide de gigantesques machines, seront électrifiées. Cette électricité sera issue d'énergies « bas-carbone », « qui pourraient inclure » l'éolien, le solaire, mais aussi le gaz, une source pourtant très émettrice de CO2.

Pour récupérer une partie des émissions qui subsisteront, Exxon prévoit de pratiquer la capture et séquestration de CO2 - une palette de solutions encore parfaitement balbutiantes (nos articles sur le sujet ici et ) - « ou d'autres technologies émergentes ». Autrement dit, le pétrolier réalise un pari sur d'autres paris. Pour compenser, Exxon mise aussi sur les « solutions fondées sur la nature ». Parmi celles-ci, on trouve la plantation d'arbres à grande échelle, une technique qui pose de grave problèmes en matière de droits humains, comme Vert l'avait raconté.

La firme promet aussi d'améliorer la détection de fuites de méthane (qui compose le gaz « naturel »), une immense source d'émissions de cette industrie (Vert) ; ainsi que la fin du torchage systématique des rejets de gaz.

En 2019, ExxonMobil produisait en moyenne 272 000 barils par jour de pétrole et de gaz non-conventionnels, issus des couches de schiste du Bassin permien. Comment ces quelques mesures pourraient-elles suffire à atteindre la « neutralité carbone » - c'est-à-dire l'équilibre entre rejets et absorption de CO2 – dans ces immenses puits ? C'est bien simple : ExxonMobil a décidé de ne pas compter les émissions liées à l'utilisation, par les consommateurs, des combustibles vendus.

De plus en plus répandue, cette astuce consiste à ne prendre en considération que les émissions directes dues à la production (dites « scope 1 »), ainsi que celles, indirectes, liées à l'énergie (scope 2). Comme d'autres pétroliers, ExxonMobil se garde de comptabiliser les émissions du scope 3, liées à l'utilisation des produits. Le pétrole neutre en CO2, c'est plus facile sans compter le pétrole.

· Lundi, la mairie de Lyon a annoncé son intention de bannir le foie gras de tous ses événements officiels. Pour la municipalité écologiste, « le foie gras est un produit d’un élevage allant intégralement à l’encontre du bien-être animal ». Ce n’est pas la première ville à passer le cap : les mairies de Strasbourg (EELV), Grenoble (EELV) et de Villeurbanne (PS) ont déjà interdit le foie gras de leurs buffets. La municipalité lyonnaise aimerait désormais que son initiative soit progressivement suivie par les restaurants de la ville. - Lyon Capitale

· Mardi, la cour d’appel de Lyon a confirmé la condamnation de l’entreprise EDF pour une pollution des eaux souterraines à proximité de la centrale nucléaire du Bugey (Ain), occasionnée en 2017. Selon un communiqué du réseau Sortir du nucléaire, association à l’initiative du procès, un rapport d’inspection de l’Autorité de sûreté nucléaire (dévoilé par Médiacités) avait montré que « cette pollution était la conséquence d’une inquiétante chaîne de dysfonctionnements ». Des pics de concentration de tritium jusqu’à 1600 becquerels par litre avaient été détectés. Selon les associations, cette substance radioactive ne devrait exister qu’à l’état de traces dans la nature. 

· Comme Vert sur Twitter ou Instagram, chacun y va de son calendrier de l'avent. Consacré aux perles du greenwashing repérées cette année, celui qu'a réalisé l'association Pour un réveil écologique est particulièrement savoureux. Mention spéciale à Toyota, dont la voiture à hydrogène prétend purifier l'air à mesure qu'elle roule.

6 jours

Les lampadaires font le printemps. En moyenne, le printemps apparaît six jours plus tôt en ville que dans les zones rurales, selon une étude américaine publiée fin novembre dans la revue Science. En cause : des températures urbaines globalement plus élevées, jusqu’à 1,3 degré de plus que dans les campagnes, mais aussi la pollution lumineuse. Selon la chercheuse à l’origine de cette étude, Lin Meng, l’éclairage nocturne (lampadaires, vitrines, panneaux publicitaires) accroît ce décalage en modifiant le cycle de croissance des végétaux. « L’éclairage artificiel peut remplacer la lumière du jour et accélérer le développement des végétaux lié au printemps », explique la scientifique dans son rapport. Pour en savoir plus, lisez notre article paru sur vert.eco.

Greenpeace saisit la justice pour éclaircir les liens entre TotalEnergies et le Louvre

De l'art et des cochons. Mardi, Greenpeace France a saisi la justice pour lever l'opacité sur les donations réalisées par TotalEnergies au musée du Louvre.

Plus fort que le greenwashing : l'artwashing. Pour s'acheter une belle image – mais pas que – de nombreux pétroliers sponsorisent les grands musées. Depuis de longues années, la fondation de Total finance des expositions au Louvre (comme ici en 2009), le plus célèbre des musées parisiens. Pour Greenpeace France, « en échange de ces financements, le groupe dispose de contreparties généreuses lui permettant de pratiquer une diplomatie économique et culturelle avec les pays dans lesquels il souhaite s’implanter ou développer son activité ». Une tactique de « soft power » qui « permet à la multinationale de signer toujours plus de contrats et d’étendre son influence sur la société », ajoute l'organisation dans un communiqué.

En octobre, des activistes de Greenpeace avaient creusé un faux puits de pétrole devant le musée, arborant des messages tels que « Total criminel, le Louvre complice ». © Anne-Christine Poujoulat / AFP

En juillet, Greenpeace a envoyé des courriers au musée du quai Branly, ainsi qu'à celui du Louvre, pour réclamer davantage de transparence sur les accords noués avec la fondation TotalEnergies. Le premier a transmis à l'ONG l’ensemble des conventions passées depuis le 1er janvier 2015 ; le second est resté silencieux.

C'est pourquoi Greenpeace a saisi le tribunal administratif ce mardi. La requête de l'organisation vise à obtenir la liste des partenariats entre Total et le Louvre, ainsi que la liste des membres du Cercle Louvre Entreprises et le montant de leur cotisation. « Face à la crise climatique, il est urgent de réduire drastiquement l’extraction d’énergies fossiles. Dans ce contexte, estime l'ONG, la responsabilité des institutions qui acceptent l’argent de grandes compagnies pétrolières et gazières se pose ».

Total : de l'art de s'infiltrer

« Total se rend bien plus souvent au musée que vous ne le croyez » ; Greenpeace a mené l'enquête sur les nombreux liens qui unissent le pétrolier aux plus célèbres musées. Il en ressort un court documentaire intitulé Total : de l'art de s'infiltrer, qui s'inscrit dans une série plus large sur les multiples astuces et stratégies d'influence du géant français.

© Greenpeace

+ Justine Prados et Juliette Quef ont contribué à ce numéro