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En ville, la pollution lumineuse accélère l’arrivée du printemps

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Les lampadaires font le printemps. Le printemps apparaît en moyenne six jours plus tôt en ville que dans les zones rurales, à cause de la pollution lumineuse et des températures plus élevées.

Des fleurs qui bourgeonnent, des bosquets qui s’étoffent, des arbres qui reprennent leurs couleurs… Nous ne sommes pas tous égaux face au retour du printemps : en ville, ce spectacle annuel se fait de plus en plus tôt par rapport à la campagne. C’est ce que révèle une étude, publiée le 25 novembre dernier dans la revue américaine Science.

Première cause à ce décalage de six jours : des températures globalement plus élevées en zone urbaine qu’en zone rurale, avec une différence d’1,3 degré en moyenne. Un écart qui facilite le développement anticipé des végétaux dans les 85 villes américaines étudiées.

En outre, selon Lin Meng – la chercheuse à l’origine de l’étude, la pollution lumineuse joue un rôle déterminant dans l’arrivée prématurée du printemps en ville. Les lampadaires, les vitrines de magasins et les panneaux publicitaires accentuent le décalage entre la ville et la campagne. « L’éclairage artificiel peut remplacer la lumière du jour », explique la scientifique dans son rapport. Ce phénomène vient modifier le cycle de croissance des végétaux : ces derniers sont exposés à la lumière plus longtemps chaque jour, comme à l’arrivée du printemps. 

Or, plus la pollution lumineuse est intense dans une ville, plus ce phénomène s’amplifie et décale le rythme saisonnier naturel. « Nous avons trouvé qu’une exposition intense à la lumière artificielle correspondait avec une floraison printanière arrivant, en moyenne, neuf jours plus tôt et avec une coloration automnale des feuilles jusqu’à six jours plus tard », détaille la chercheuse.

En France, 85% du territoire métropolitain est exposé à un niveau élevé de pollution lumineuse selon un nouvel indicateur développé par l’Observatoire national de la biodiversité (ONB) en novembre 2021. Et au-delà des végétaux, cette pollution affecte aussi largement les animaux. Comme Vert l’expliquait en septembre dernier, la majorité des animaux sont nocturnes et se retrouvent directement perturbés par l’éclairage artificiel. Après l’usage des pesticides, la pollution lumineuse est d’ailleurs l’une des causes majeures de la mortalité des insectes selon une étude publiée dans la revue scientifique Biological Conservation en 2020. 

La pollution lumineuse se concentre autour des grandes agglomérations mais 85% du territoire français subit des pressions liées à l’éclairage nocturne. © Olivier Debuf – Office français de la biodiversité