Les projets pilotes de capture et stockage de CO2 (CCS), qui permettent aux industries les plus émettrices de promettre — sans aucune garantie de succès — qu’elles seront bientôt neutres en CO2, sont financés par les contribuables.
Pressées de réduire drastiquement leurs émissions de CO2, les industries lourdes (cimentiers, métallurgistes, etc.) et autres énergéticiens ont trouvé une solution à leur mesure. Plutôt que d’amorcer la réduction de certaines activités – comme le forage de nouveaux puits de pétrole, des multinationales se tournent vers les technologies balbutiantes de capture et de stockage de CO2. Et ce, souvent aux frais des contribuables.
Concrètement, il s’agit de trouver un moyen de récupérer le carbone émis lors d’activités industrielles, avant de le stocker dans les sous-sols. Depuis 2009, indique le Monde, l’Europe (et ses citoyen·ne·s) a investi près de 1 milliard d’euros dans des projets de CCS, tous abandonnés par leurs promoteurs, en raison de leur coût ou des oppositions. Bruxelles finance aussi les trois quarts du projet d’ArcelorMittal à Dunkerque. Celui-ci prévoit la construction de deux immenses tours au cœur de son aciérie (dont les fourneaux sont alimentés au charbon), qui devront séparer le dioxyde de carbone (CO2) des autres émissions. Celui-ci sera ensuite liquéfié, avant que l’on trouve où le stocker.
Financé à 80% par l’Etat norvégien, le vaste projet Northern Lights de Total et Shell a deux ambitions. D’une part, aspirer 1,5 million de tonnes de carbone par an issues de deux industries à partir de 2024. Une paille, alors que les émissions liées à la production et à la consommation du gaz et du pétrole de Total représentent environ 400 millions de tonnes de CO2 par an (les Echos). D’autre part, un réseau de pipelines doit être créé pour acheminer ce carbone jusqu’à une vaste formation rocheuse sous-marine. A grande échelle, le déploiement des CCS nécessiterait la construction d’un réseau d’infrastructures d’une ampleur parfaitement irréaliste.
L’Europe promet de ne plus sponsoriser les absurdes projets de CCS liés à l’industrie du charbon. Mais elle continuera de soutenir les tentatives dans l’industrie du ciment, de l’acier ou de l’énergie. Plus d’informations dans le Monde (abonnés).