La quotidienne

La lutte des places

Chères toutes et chers tous,

🗓️ Le Mouvement de l’écologie culturelle et Vert vous donnent rendez-vous jeudi prochain, le 8 février à l'Académie du Climat à partir de 19h, pour un grand entretien avec l’essayiste et politologue Fatima Ouassak, autrice du très remarqué Pour une écologie pirate (notre article). Pour assister à cette rencontre gratuite, retrouvez toutes les infos pratiques juste ici.


Elles ne pourront plus se garer pour trois fois rien, mais les grosses voitures restent les reines de l’Ouest parisien. 


Nicolas Legendre : «La détestation viscérale d’une partie du monde paysan à l’égard des écologistes est entretenue par certains acteurs agro-industriels»

Nicolas Legendre est journaliste indépendant. Il a publié Le silence des champs (Arthaud), vaste enquête sur un monde agricole breton aux dérives mafieuses pour lequel il a reçu le prix Albert Londres en 2023. Auprès de Vert, il décrit un système agro-industriel à bout de souffle, biberonné aux énergies fossiles et toujours plus néfaste pour les agriculteurs, les sols et le vivant.
 

Comment analysez-vous le mouvement des agriculteurs ?

C’est un mouvement hétérogène, assez disparate entre les revendications de la base et ce qu’exigent les représentants. Les premières étincelles sont venues du sud-ouest, des territoires qui ont subi des sécheresses importantes. Le mouvement a surtout été porté par la Coordination rurale - le syndicat le plus à droite et le plus souverainiste.

Le problème principal, c’est la question des revenus, les embouteillages administratifs et l’empilement des normes, la concurrence avec le dumping social et environnemental.

Il y a aussi des spécificités ; des possibilités de convergence avec d’autres corps de métiers à certains endroits depuis le mouvement des gilets jaunes en 2018. Et puis, il y a une dimension européenne. L’approche libre-échangiste de l’agriculture ne convainc personne et aboutit à du chaos et à un agricide [une disparition des paysans, NDLR].

Le journaliste Nicolas Legendre a reçu le prix Albert Londres en 2023 pour son enquête sur le système agro-industriel en Bretagne. © Fred Beveziers

Les agriculteurs sont-ils vraiment opposés aux normes environnementales ?

Il y a tout un pan du monde agricole qui n’a pas été formé, ou très peu, aux questions de biodiversité, aux services écosystémiques, au fonctionnement des corridors écologiques et pour qui tous ces aspects-là sont des freins plus que des atouts. Dans les années 70 à 90, ces questions n’étaient pas du tout présentes. Les choses commencent à évoluer depuis.

👉 Cliquez ici pour lire la suite de cet entretien mené par Juliette Quef, où il est question de la dépendance des paysans au système agro-industriel, des dérives mafieuses du secteur et du remembrement.

· Vendredi, la justice britannique a abandonné ses poursuites contre la militante Greta Thunberg lors de son procès à Londres pour trouble de l’ordre public. Elle avait perturbé l’accès à l’Energy Intelligence Forum, une conférence des compagnies pétrolières et gazières, en octobre dernier. Le juge a estimé que les forces de l’ordre avaient imposé des conditions illégales aux manifestants. - Libération (AFP)

· Samedi, les blocages de la part d’agriculteur·rices se sont poursuivis dans de nombreux pays européens dont l’Allemagne, l’Italie ou encore l’Espagne, malgré les récentes promesses de la Commission européenne. Jeudi, celle-ci s’était engagée à défendre les «intérêts légitimes» des agriculteur·rices et à réduire le «fardeau administratif» de la Politique agricole commune (PAC). - L’Express (AFP)

· Samedi, la police néerlandaise a arrêté 1 000 manifestant·es, lors du blocage de l’autoroute A12 près de la Haye organisé par le mouvement Extinction Rebellion pour s’opposer aux subventions publiques aux combustibles fossiles. C’est la neuvième action de ce type depuis juillet 2022. - Le Monde (AFP)

· La surface enneigée dans les Pyrénées est la plus faible depuis 24 ans, selon Simon Gascoin, chercheur au Centre d’études spatiales de la biosphère (CESBIO) à Toulouse. Le tourisme mais aussi la production hydroélectrique sont impactées. - France 3 Occitanie

Le 4 février 2024, à Quilpué, dans la région de Valparaiso au Chili. © Lucas Aguayo Araos/Anadolu/AFP

«C'est la plus grande tragédie que nous ayons connue depuis le tremblement de terre de 2010», a déploré, dimanche, le président chilien Gabriel Boric en déplacement à Quilpué, commune de la région centrale de Valparaiso ravagée par les incendies. Un bilan provisoire fait état de plus de 100 personnes tuées et près de 30 000 hectares brûlés. En cause, des températures élevées et une grave sécheresse, le tout accentué par le phénomène El Nino (notre article) et le réchauffement planétaire. «Toutes les régions de climat de type méditerranéen s’assèchent sous l'effet du changement climatique, a commenté sur X le climatologue Christophe Cassou. Personne n'est aujourd’hui à l'abri, ni au Chili, ni en Europe, ni en France, de ces incendies dévastateurs. Notre déni de vulnérabilité est sidérant».

Les Parisiens valident le triplement des tarifs de stationnement pour les SUV

Ça suvfit. Ce dimanche, près de 55% des votant·es se sont prononcé·es en faveur de la hausse du prix de stationnement des voitures les plus encombrantes à Paris - un scrutin marqué par une forte abstention.

Le scrutin faisait polémique ; les Parisien·nes ont finalement donné raison à la mairie. Le montant du stationnement des véhicules de plus de 1,6 tonne (2 tonnes pour les modèles électriques) passera à 12 ou 18 euros de l’heure selon les arrondissements - en dehors du tarif résidentiel pour se garer autour du domicile (notre décryptage de la mesure). Les professionnel·les et personnes à mobilité réduite seront aussi exempté·es de cette augmentation.

La maire de Paris Anne Hidalgo a salué «un choix clair» et «une forme de résistance»

78 000 personnes se sont déplacées sur les 1 375 000 inscrites sur les listes électorales de la capitale - soit une participation de 5,68%. Un pourcentage encore plus faible que le dernier scrutin au sujet des trottinettes en libre-service, qui avait réuni moins de 7,5% des votant·es en avril 2023. Le groupe d’opposition Changer Paris (qui réunit les Républicains, les centristes et les indépendants) a fustigé la représentativité «quasi-nulle» du vote et son résultat «anecdotique».

Le scrutin a également révélé une rupture très nette entre l’Est et l’Ouest de la capitale. Les habitant·es du 10ème, 11ème, 18ème, 19ème et 20ème ont plébiscité la mesure à plus de 70% ; l’Ouest parisien s’est largement prononcé «contre». Dans le cossu 16ème arrondissement, l’opposition au triplement des tarifs de stationnement pour les SUV atteint 82% des votant·es.

Après un vote au Conseil de Paris au mois de mai, la réforme devrait être mise en œuvre au 1er septembre prochain.

Les bonnes nouvelles de la semaine

Moins de SUV, de golfs et de trophées de chasse. Plus d’ours bruns et une meilleure information sur l’origine des produits de la mer… La récolte de bonnes nouvelles en provenance de France, de Belgique et d’Australie est bonne !

© Vert

+ Alexandre Carré, Loup Espargilière, Gaëtan Gabriele, Jennifer Gallé, Juliette Mullineaux et Justine Prados ont contribué à ce numéro.