Chères toutes et chers tous,
🐱 À la suite du Vert du faux de la semaine dernière sur l’impact sur les oiseaux des chats et des éoliennes, plusieurs d’entre vous nous ont signalé que les colliers à clochettes, conseillés par certaines associations pour avertir les proies des matous de leur arrivée, pouvaient être mauvais pour ces derniers en raison du bruit constant que cela génère à proximité de leurs oreilles. Nous souhaitons préciser que cet article a été écrit avec autant d’amour pour les oiseaux que pour les chats, et pour la transition énergétique ! 💚
⏰ Il ne reste plus que sept jours avant la fin de la campagne pour le premier poster, consacré au CO2, de notre série Désordres de grandeur. Faites un don pour mettre la main dessus et le découvrir en exclusivité !
Les États doivent se mettre au chevet de la biodiversité pour éviter d’avoir une planète inhabitée.

À quoi bon sauver le climat sur une planète morte ?
En France, cet été infernal a révélé aux yeux de toutes et tous certaines des conséquences les plus aigües de l’emballement du climat. De quoi faire naître de nombreuses et salutaires conversations - des machines à café aux plateaux de BFM TV - chez de bonnes volontés enfin décidées à « sauver la planète ».
Or, « la planète », boule de gaz et métaux divers qui orbite autour du Soleil, va bien, merci pour elle. Ce sont ses habitant·es – dont nous sommes - qui se trouvent en grand péril.
La moitié des espèces animales ou végétales ont entamé une migration vers les pôles ou les sommets à la recherche de fraîcheur. Sur les huit millions d'espèces que compterait la Terre, un million d’entre elles sont déjà menacées de disparition à moyen terme. En 50 ans, 70% des populations de vertébrés sauvages ont été anéanties.
Surexploitation, braconnage, déforestation, pollutions diverses, déplacement d'espèces invasives : nous avions commencé à éreinter nos colocataires bien avant que la crise climatique, que l'on doit aussi à nos activités, ne s'en mêle.

D'aucuns oublieraient parfois que nous sommes tissé·es du même fil que le reste du vivant. Nos congénères nous nourrissent, nous oxygènent, nous soignent et peuplent depuis toujours nos corps comme nos esprits. Climat et biodiversité sont les deux côtés d'une même pièce que nous ne devons pas jouer à pile ou face.
En outre, n'en déplaise aux vendeurs d'aspirateurs à CO2, ce sont les végétaux et les sols (vivants) qui absorbent le mieux nos excès carbonés et nous protègent d’un réchauffement plus grave encore. Dans des ordres de grandeurs incomparables.
Réduction de la menace anthropique et climatique, protection et restauration des écosystèmes terrestres et marins, et le tout dans le respect des droits humains et des moyens de subsistances des peuples ; les États qui se rendront à la 15ème conférence mondiale (COP15) sur la biodiversité qui s'ouvre cette semaine à Montréal auront le devoir impérieux de sceller un accord historique pour enrayer la catastrophe.
Pour l'occasion, Vert passe en édition spéciale pendant les deux prochaines semaines pour vous faire vivre ce sommet majeur de l'intérieur, et vous raconter les défis et les solutions à notre portée.

· Début décembre, cinq départements ont prolongé les restrictions d’eau en raison de la sécheresse persistante, aussi bien dans le Sud que dans les Hauts-de-France. L’usage de l’eau est toujours strictement encadré dans une vingtaine de départements, parfois jusqu’en janvier ou mars. Une situation inédite à l’entrée de l’hiver météorologique, alors que le mois de novembre a été légèrement excédentaire en précipitations, d’après Météo-France. - Libération
· Ce weekend, alors que la 15ème conférence mondiale (COP15) sur la biodiversité s’ouvre dans quelques jours à Montréal (Canada), un groupe de travail s’est réuni pour débroussailler le terrain. Les représentant·es des États n’ont pas réussi à décider s’ils préféraient travailler sur le brouillon officiel « alambiqué » et bourré de crochets - c’est-à-dire d’éléments incertains qu’il reste à négocier - ébauché à Nairobi (Kenya) en juin, ou bien le texte officieux, simplifié, discuté fin septembre à Montréal. Pour arriver à un accord sur la biodiversité avant le 20 décembre, date de clôture de la COP, on murmure qu’il faudrait « un miracle ».
· Le projet de loi visant à accélérer le développement des renouvelables arrive à l’Assemblée nationale ce lundi. En raison de l’opposition du Rassemblement national et des réticences d’une partie des député·es Les Républicains, le gouvernement devra convaincre la gauche pour faire adopter le texte. Ce dernier doit rattraper le retard français dans les renouvelables, qui n’ont représenté que 19,3% de la consommation finale brute d’énergie en France en 2020, contre un objectif initial de 23,7%. - Le Monde (abonné·es)



Emballement médiatique. Très emballée par l’affichage par le collectif Pour un réveil écologique des messages-clefs du Giec dans le métro parisien et les gare SNCF, la mairie de Paris a décidé de pousser le bouchon encore plus loin en enveloppant l’Arc de triomphe dans le premier poster de Vert sur les ordres de grandeur du CO2. Un rappel constant aux automobilistes de cet immense rond-point que la voiture est l’une des principales source d’émissions en France et une affiche visible depuis les tours de la Défense (Hauts-de-Seine), où sont installées certaines des entreprises les plus polluantes du pays.

Je calcule mon empreinte forêt pour adapter mes habitudes et limiter la déforestation
Forêt pas se planter. À la manière de l’empreinte carbone, qui quantifie les émissions de CO2 liées à nos habitudes de consommation, l’empreinte forêt calcule la surface de forêt nécessaire pour subvenir à notre mode de vie. Savoir la mesurer, c’est aussi connaître les leviers pour la réduire.
352 mètres carrés : voici l’empreinte forêt moyenne des Français·es, calculée en 2018 par l’association Envol vert. À l’échelle de la France, cela correspond à 2,4 millions d’hectares de forêt déforestés pour répondre à nos habitudes de consommation (alimentation, essence, habillement, etc), soit un peu moins que la taille de la Bretagne.
Pour obtenir ce résultat, Envol vert s’attache à l’impact de huit matières premières (huile de palme, soja, café, cacao, hévéa, bois, viande, papier et carton). L’empreinte forêt est mesurée à partir des consommations moyennes des Français·es de produits fabriqués à partir de ces matières premières, pondérées avec la surface nécessaire à leur production et le risque de déforestation de chacune. Le soja, principale nourriture des élevages européens, est (de loin) le plus gros contributeur à l’empreinte forêt des Français·es. 90% de la déforestation est liée à l’expansion agricole, a averti l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en 2021.

« En devenant végétarien.ne, en divisant par deux sa consommation d’œufs et de produits laitiers, en préférant des produits responsables ou locaux, on peut réduire jusqu’à 88 % son Empreinte Forêt », détaille Envol vert sur son site. On peut aussi limiter ses achats de produits en cuir, ou favoriser leur acquisition d’occasion. Enfin, l’ONG recommande de privilégier les produits certifiés (label FSC pour le bois, Naturleder pour le cuir par exemple). À la fin du simulateur d’empreinte forêt d’Envol vert, réalisable en quelques minutes, l’outil offre des préconisations personnalisées supplémentaires pour limiter son impact sur la déforestation.

Faut-il arrêter de faire des enfants pour sauver le climat ?
Un jeu d'enfant. Le passage officiel du cap des huit milliards d’humains sur Terre a enflammé le débat à propos du lien entre démographie et climat (notre article). De nombreux médias ont souligné qu’un enfant en moins, c’est une réduction de 58 tonnes de CO2 chaque année. Dans une vidéo de 10 minutes, Le Monde remonte aux sources de ce chiffre et en décrypte les limites. En plus de représenter des émissions de long terme et hypothétiques, cette moyenne masque le fait qu’il est bien plus efficace de réduire l’empreinte carbone individuelle des pays les plus émetteurs.

+ Loup Espargilière, Alban Leduc et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.