La quotidienne

Donner de la voix au climat

Chères toutes, chers tous,

C'est la dernière ligne droite, dimanche, pour désigner nos représentant•es à l'Assemblée nationale ! Alors que cette mandature va être décisive pour le climat, il est crucial de pousser des député·es ambitieux·ses sur le sujet. Pour (re)découvrir nos articles sur les élections, c'est par ici !


Ce week-end, on lance une dernière fois les dés pour renverser - ou pas - le nouveau jeu de lois.


Législatives : la coalition présidentielle en a (déjà) fini avec l'écologie

Jeux de lois. Après avoir lourdement dragué la gauche à l'entre-deux-tours de l'élection présidentielle, les partisan·es d'Emmanuel Macron évitent maintenant d'évoquer les sujets chers à la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes). Tout indique que cela restera le cas pendant la suite du quinquennat. Explications.

À la veille du second tour des législatives et alors que la France brûle sous les effets du réchauffement climatique, les candidat·es d'Ensemble s'émeuvent avec force des dangers des... « anarchistes d'extrême gauche ». Sans s'attarder sur le choix de ce vocable intriguant, on pourrait surtout s'étonner d’un changement de ton radical alors que le président en campagne avait, il n'y a pas si longtemps, promis « d’enrichir » son programme des propositions des écologistes et des insoumis·es (Vert). Le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, se voyait « des valeurs communes » avec Jean-Luc Mélenchon au soir du premier tour de la présidentielle ; il juge désormais que leurs deux coalitions sont « aux antipodes ».

Cette contorsion idéologique des partisan·es d'Emmanuel Macron n'a en fait rien de surprenant. Comme Vert vous le racontait dès lundi, la Nupes est arrivée au coude-à coude avec Ensemble au premier tour des législatives. À tel point que la coalition présidentielle craint désormais de voir la majorité absolue de 289 sièges lui échapper. Elle n'a donc d'autre choix que d’attaquer la gauche sur tous les fronts. Et d'éviter les sujets qui sont chers à cette dernière, comme le changement climatique ou la justice sociale.

Amélie de Montchalin, nouvelle ministre de l'écologie actuellement en ballotage défavorable face à son concurrent socialiste dans l'Essonne, a accusé la Nupes d'être peuplée d' « anarchistes d'extrême gauche ». © Xose Bouzas / Hans Lucas / AFP

Pragmatiques, les candidat·es macronistes n'hésitent pas à mettre l'extrême droite sur le même plan que la Nupes pour lui empêcher de grappiller des sièges. Adieu le « front républicain » et tant pis si c'est le Rassemblement national (RN) qui en profite. Ainsi, dans les 62 circonscriptions concernées par un duel RN-Nupes, seul·es sept candidat·es Ensemble ont explicitement appelé à glisser des bulletins Nupes dans l'urne, dix ont incité à ne pas donner de voix au RN, 8 à voter blanc et 28 n’ont pas voulu donner de consignes de vote, selon un décompte de Libération. Si l'extrême droite peut espérer entre 25 et 35 sièges (contre huit dans la précédente mandature), elle le devra donc en partie au « ni-ni » d'Ensemble.

Dangereuse à court terme, cette stratégie visant à décrédibiliser la gauche et ses thèmes de prédilection risque bien de se poursuivre tout au long du mandat, comme l'a expliqué le chercheur Bastien François à Reporterre. En effet, si le gouvernement n'obtient pas de majorité absolue à la chambre haute, il est probable qu'il s'appuie sur la droite pour légiférer. Or, ses député·es n’ont jamais brillé par leur ambition climatique. Le climat attendra.

· Jeudi, le suspense qui pesait sur la disparition de l’anthropologue brésilien Bruno Pereira et du journaliste britannique Dom Philips a pris fin. La veille, la police fédérale annonçait qu'un des deux suspects avait reconnu avoir enterré leur corps dans la forêt amazonienne. Ces deux fervents défenseurs des peuples autochtones et de l'environnement avaient disparu le 5 juin lors d'une expédition dans la Vallée du Javari. Dans une tribune pour The Guardian (en anglais), le journaliste Jonathan Watts dénonce « une guerre non déclarée contre la nature et les personnes qui la défendent ». - Mediapart (abonnés)

· Jeudi aussi, les pourparlers en vue de la prochaine conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP27) se sont achevés à Bonn (Allemagne). Les pays pauvres se disent déçus par « un dialogue riche, mais sans débouchés concrets » et « par le manque de progrès » en particulier sur la question des financements et la prise en compte des « pertes et dommages » endurés par ces pays, qui sont pourtant les moins responsables du changement climatique. - AFP

· Jeudi encore, le nouveau premier ministre australien Anthony Albanese a annoncé une forte hausse des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre de son pays, qui passent de -26/-28 % à -43 % en 2030 par rapport à 2005. Il y a quelques semaines, les Australien·nes ont tourné une longue page climatosceptique (notre article) en portant au pouvoir un premier ministre travailliste qui a promis de remettre le pays sur les rails de l’action climatique. - France info

· Jeudi toujours, douze départements, principalement sur la façade atlantique du pays, ont été placés en alerte rouge canicule. Ce niveau de vigilance, le plus élevé du plan national canicule, correspond à un événement météorologique exceptionnel et à une alerte sanitaire qui justifie une « mobilisation maximale ». Plusieurs événements publics ont été annulés et les élèves des écoles et collèges sont autorisé·es à rester chez eux ce vendredi. C’est la quatrième fois que l’alerte rouge est mise en place depuis sa création, en 2003, et elle n’avait jamais été déclarée aussi tôt dans l’année. - Le Monde

 © Sanaga / Vert

Déclin des clim’ ? Alors qu’ils vivent et travaillent dans des espaces climatisés, nos dirigeants peuvent-ils prendre toute la mesure des souffrances infligées par les pics de chaleur à leurs concitoyens ? Si on les privait de climatisation pendant de tels épisodes, combien de temps tiendraient-elles et ils avant de mettre en place de réelles mesures d'adaptation à la hauteur de la crise climatique ?

Les écoliers décernent leur prix du livre jeunesse écolo 2022

Forêt vert. Vendredi 17 juin, les jeunes lecteur·ices du Festival du livre et de la presse d’écologie (Félipé) ont récompensé Chez nous, de Jin Joo et Jin Kyung, et S.O.S forêt en détresse de Marie Colot et Annabelle Gormand.

Ce matin, 20 classes d’élèves âgé·es de sept à douze ans, du Lubéron à Marseille, ont désigné leurs favoris parmi douze ouvrages présentés. La sélection « Graines de lecteurs », qui s’adresse aux 6-8 ans, a récompensé Chez nous, des Coréennes Jin Joo et Jin Kyung, paru aux éditions La joie de lire. Dans cet album aux illustrations douces, les animaux du zoo vivent la bella vita dans un monde entièrement humanisé. Le guépard s’entraîne sur un tapis de course, les éléphants sirotent un cocktail au bord d’une piscine de leur « grande et vaste demeure » et les paons « boivent le thé avec distinction » dans un intérieur cossu. Un ouvrage pour interroger ce qu’il reste de « chez nous » aux animaux sauvages.

 © Kilowatt et La joie de lire

Dans la catégorie « Lecteurs en herbe », destinée aux 8-11 ans, c’est le roman graphique S.O.S forêt en détresse de Marie Colot et Annabelle Gormand, publié aux éditions Kilowatt, qui a été distingué. Ce polar met en scène Eva et Vadim qui, à peine arrivé•es chez leur grand-mère pour les vacances, se précipitent retrouver leur cabane suspendue. Mais là – stupeur – les enfants découvrent des pans entiers de forêt abattus, de lourdes crevasses puis la carcasse d’un bulldozer. Qui a rasé les arbres ? Avec l’aide du garde-forestier Ignace, les enfants mènent l’enquête en même temps qu’ils sensibilisent leurs lecteur•ices à la protection des frondaisons.

Europe, un continent bouleversé

Surprises sur crises. Désorienté par les crises climatique et sanitaire, projeté dans les affres de la guerre en Ukraine, le vieux continent donne parfois l'air de naviguer à vue et de se perdre dans la modernité. Le documentaire en six volets diffusé par la chaîne franco-allemande Arte propose, au contraire, de mettre les choses à plat et de redonner des clés de compréhension dans six domaines essentiels : l’énergie, l’immigration, la mobilité, le numérique, l’écologie et agriculture. Du Portugal aux États baltes, de la Norvège aux Balkans, cette coproduction européenne pose à la fois des constats clairs et montre que des réponses positives existent. On en ressort éclairé•es, parfois même rassuré•es.

© Arte

+ Justine Prados, Anna Sardin et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.