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L’Australie dit “goodbye” à son premier ministre climatosceptique Scott Morrison

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Char­bon débar­ras. Same­di, les électeur·rices australien·nes ont évincé le pre­mier min­istre sor­tant Scott Mor­ri­son, leader pro-char­bon et cli­matoscep­tique au pou­voir depuis 2018. Il laisse la place au chef de file des tra­vail­listes, Antho­ny Albanese, pen­dant qu’une nou­velle majorité, bien plus portée sur l’é­colo­gie, fait son entrée à la Cham­bre des représen­tants.

« Le peu­ple aus­tralien a voté pour le change­ment », a tri­om­phé Antony Albanese peu après sa vic­toire aux élec­tions lég­isla­tives aus­trali­ennes. Le leader du Labour a promis de faire de son pays une « super­puis­sance » des éner­gies renou­ve­lables. Il s’est égale­ment engagé à ren­forcer la par­tic­i­pa­tion des peu­ples autochtones dans la poli­tique du pays en mod­i­fi­ant la Con­sti­tu­tion.

Autre sur­prise du scrutin : bon nom­bre de candidat·es indépendant·es, écol­o­gistes et fémin­istes — regroupé·es sous le nom de « Teals », soit bleu sar­celle ou bleu canard — ont fait leur entrée à la cham­bre des représen­tants. Le par­ti Vert a aus­si bat­tu des records de voix. Un sig­nal qui pour­rait annon­cer la fin du bipar­tisme qui a longtemps régné sur la poli­tique aus­trali­enne.

Les Australien·nes tour­nent ain­si le dos à un chapitre com­pliqué sur le plan cli­ma­tique. Pen­dant qua­tre ans, l’ancien pre­mier min­istre con­ser­va­teur Scott Mor­ri­son s’est illus­tré par ses pris­es de posi­tion cli­matoscep­tiques et son sou­tien indé­fectible à la fil­ière du char­bon, dont l’Australie est le sec­ond expor­ta­teur mon­di­al.

En 2017, alors min­istre des finances, Scott Mor­ri­son avait bran­di un morceau de char­bon en plein par­lement pour van­ter les bien­faits de l’hydrocarbure et moquer les éner­gies renou­ve­lables, pré­ten­du­ment respon­s­ables d’un black-out dans le sud du pays. © DR

Les Australien·nes ont une des empreintes car­bone par habitant·e les plus élevées au monde, trois fois supérieure à la moyenne européenne (Car­bon brief), en rai­son d’un mix énergé­tique majori­taire­ment basé sur le char­bon, la source de pro­duc­tion d’électricité la plus émet­trice de gaz à effet de serre. C’est aus­si l’un des pays les plus dure­ment touchés par le change­ment cli­ma­tique (Vert), sujet à une forte aug­men­ta­tion des cat­a­stro­phes naturelles (inon­da­tions, sécher­esse, mégafeux) et le blan­chisse­ment de la Grande bar­rière de corail, qui met en dan­ger la bio­di­ver­sité marine.

En 2019, alors que l’île-continent était rav­agée par les mégafeux, Scott Mor­ri­son encour­ageait les Australien·nes à prier pour la pluie et assur­ait — à plusieurs repris­es — ne pas voir le lien entre les incendies qui redou­blent d’intensité chaque année et le change­ment cli­ma­tique (Libéra­tion).

Le nou­veau gou­verne­ment aura donc pour mis­sion de ren­forcer l’action cli­ma­tique du pays. Antho­ny Albanese a promis de réduire les émis­sions de gaz à effet de serre de l’Australie de 43 % par rap­port à 2005, un objec­tif bien supérieur aux 28 % prévus par son prédécesseur.

Un pro­jet qui pour­rait être bien plus ambitieux au vu des moyens que pos­sède le pays, argu­mente dans le Guardian Frank Jot­zo, pro­fesseur d’économie de l’environnement et du change­ment cli­ma­tique à l’Université nationale aus­trali­enne. Certain·es des nou­veaux venus à la Cham­bre des représen­tants plaident déjà pour aller beau­coup plus loin.