L’Australie, cancre mondial du climat

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Au charbon contre le climat. Contrairement à tous les autres grands émetteurs de CO2 de la planète, le gouvernement australien refuse d’accroître ses efforts pour le climat et masque son inaction derrière des chiffres truqués.

Les violents incendies qui ont saccagé le sud-est du pays en 2019 et 2020 n’ont visiblement pas réveillé Scott Morrison. Le premier ministre australien est toujours un ardent défenseur du charbon, énergie la plus émettrice de CO2. Son pays en est le second exportateur mondial, et cet hydrocarbure est toujours utilisé pour produire l’essentiel de son électricité. En moyenne, un·e Australien·ne génère trois fois plus de CO2 qu’un·e citoyen·e de l’Union européenne (Carbon brief).

Lors du sommet en ligne sur le climat, organisé fin avril par les Etats-Unis, de nombreux dirigeants (Japon, Canada, Union Européenne) ont annoncé de nouveaux objectifs climatiques, plus ambitieux, pour les décennies à venir. Pas Scott Morrison, qui a indiqué que son pays s’en tiendrait à une réduction de 26 à 28 % de ses émissions d’ici 2030 par rapport à leur niveau de 2005 – un objectif qui date de l’accord de Paris de 2015.

En 2017, alors ministre des finances, Scott Morrison avait brandi un morceau de charbon en plein parlement pour vanter les bienfaits de l’hydrocarbure et moquer les énergies renouvelables, prétendument responsables d’un black-out dans le sud du pays. © DR

Pour justifier son inaction, le chef du gouvernement a plaidé que l’Australie avait déjà fait décroître ses émissions de CO2 de 19%. Hélas, pour atteindre ce résultat, Scott Morrison a choisi 2020 comme référence, année où les chiffres ont chuté en raison de la pandémie. En réalité, les émissions liées à l’énergie sont en hausse et la légère baisse constatée entre 2005 et 2019 tient au fait que certains Etats australiens ont mis fin aux pratiques de déforestation à des fins agricoles, comme le montre le site Climate action tracker.

Au cours du sommet, Scott Morrison a annoncé que son pays tenterait d’atteindre la neutralité carbone « de préférence » d’ici 2050. Un objectif qu’il compte remplir sans faire décroître l’industrie fossile. Pour réaliser ce miracle, il parie sur la capture et la séquestration de CO2 : une technologie complètement immature (Vert) et qui est inapplicable pour le secteur de l’énergie.

Pire, pour relancer l’économie nationale, Scott Morrison veut encourager un fort développement de la production de gaz, dont l’Australie est désormais le premier exportateur mondial (AIE). Et tant pis si le pays possède un potentiel hors-norme pour développer l’énergie solaire et éolienne.


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