Chères toutes et chers tous,
Jusqu'à la fin de la semaine, Vert passe à l'heure d'Égypte pour vous faire vivre la COP27 comme si vous y étiez. Parce que l'événement le réclame, les éditions quotidiennes seront un peu plus riches qu'à l'accoutumée - le climat le vaut bien!
📅 Vendredi 25 et samedi 26 novembre, l’Unesco, à Paris, accueille l’Université de la Terre. Deux journées exceptionnelles pour tous les âges sur le thème de « La vie à l'heure des grandes transitions » avec des intervenants fameux tels que la primatologue Jane Goodall, l’économiste Gaël Giraud ou le biologiste Marc-André Selosse. Juliette Quef de Vert animera une table ronde, samedi 26 à 11h30, intitulée « Je change de vie, mode d’emploi » avec Fanny Agostini, journaliste à TF1 et Ushuaia TV, Mathieu Labonne, directeur de la Coopérative Oasis et Henri Landes, cofondateur de Landestini. Inscription et programme sont à retrouver à ce lien.
📻 Ce lundi, Vert fut l'invité de La science, CQFD, une émission de France culture que vous pourrez réécouter plus bas dans cette édition.
Les pays du Sud ont besoin qu'on les aide de manière énergétique pour réussir leur transformation climatique.

Comment la crise de l’énergie complique les négociations à la COP27
Le courant passe mal. La 27è conférence des Nations unies (COP27) sur le climat est percutée par la crise énergétique mondiale, au point de risquer l’avarie. Retour sur ses origines et la façon dont elle perturbe aujourd’hui les négociations.
Malgré des engagements prometteurs pris à la COP26 de Glasgow (Vert), les pays réunis à Charm el-Cheikh peinent à maintenir le cap sur l’indispensable sortie des fossiles (gaz, pétrole et charbon). La crise de l’énergie y est pour beaucoup. Celle-ci a commencé dès 2021, lorsque l’économie mondiale s’est remise en branle après la pandémie de Covid. La demande d’énergie a alors rebondi à des niveaux bien supérieurs aux capacités de production, entraînant une première envolée des prix (Vert).
Celle-ci s’est encore accentuée en mars 2022 lorsque la Russie a envahi l’Ukraine. L’Europe a alors dû réorganiser en urgence ses approvisionnements, alors que Moscou était jusqu’alors son fournisseur numéro 1 en gaz (45%) et en pétrole (27%). Pour parer à l’urgence, plusieurs pays d’Europe ont relancé la production de charbon et rallumé des cheminées. L’Union européenne s’est également tournée vers le gaz naturel liquéfié (GNL) américain, dont l’empreinte carbone est 2,5 fois plus élevée que le gaz russe, selon les expert·es de Carbone 4.

Face à l'inflation délirante, les pays d’Europe n’ont pas hésité à subventionner massivement l'achat d'énergie fossiles pour protéger les consommateurs finaux. Rien qu’en France, l’État a déboursé 24 milliards d’euros pour limiter la hausse des prix en 2022. Il prévoit encore 45 milliards pour 2023.
Dans ce contexte, l’Europe arrive plus affaiblie que jamais à Charm el-Cheikh. « Elle continue de pousser pour plus d’ambition climatique, mais c'est difficile de se faire entendre quand on a soit même un rapport ambigu aux énergies fossiles », analyse Aurore Matthieu, responsable des politiques internationales au Réseau action climat.
La semaine dernière, le président Ougandais, Yoweri Museveni, a publié un virulent billet de blog dans lequel il accuse l’Europe « de la plus pure hypocrisie » dans l’action climatique. « Nous n’accepterons pas une règle pour eux et une règle pour nous », a-t-il prévenu. Un coup dur pour l’Europe, qui voit son leadership climatique sérieusement écorné.

· Lundi, plus d’une centaine d’habitant·es d’Eugowra, une petite ville australienne, ont été secouru·es sur leurs toits à la suite d’importantes inondations. Des pluies torrentielles se sont abattues tout le week-end sur l’État de la Nouvelle-Galles du Sud, au sud-est du pays. - Le Monde (AFP)
· Lundi toujours, l’Observatoire des multinationales a publié son bilan annuel du CAC40, qui compile et analyse les données des grandes entreprises françaises. On y apprend notamment que les membres du CAC40 ont réalisé des bénéfices records de 156,7 milliards d’euros en 2021, plus de quatre fois ceux de 2020 (37,2 milliards) et près du double de l’année 2019 (81,4 milliards).
· Mardi, Coca-Cola a été sacré « champion du monde » de la pollution plastique, d’après le bilan annuel de l’ONG Break free from plastic. La marque de soda américaine, sponsor de la COP27 en Égypte, remporte son cinquième titre d’affilée depuis la création de cet audit par l’ONG, en 2018. - Le Monde
· Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la transition énergétique, ne pourra pas s’occuper de dossiers liés à trois sociétés, dont l’entreprise pétrolière Perenco qui a été dirigée par son père, selon un décret publié au Journal officiel mardi. Il y a une semaine, une enquête de Disclose révélait les liens supposés de la ministre avec le pétrolier Perenco. Elle serait à l’origine de ce nouveau décret. - France info


« Nous sommes face à la pire crise alimentaire et humanitaire depuis la seconde guerre mondiale »
La faim justifie les moyens. David Beasley est directeur du Programme alimentaire mondial des Nations unies depuis 2017. « Quand j’ai été nommé, il y avait 80 millions de personnes dans le monde au bord de la famine. Juste avant que le Covid ne frappe, ce chiffre avait grimpé fin 2019 à 130 millions, en raison des chocs climatiques et des conflits armés. […] Il s’élève désormais à 345 millions », a-t-il confié au Monde. Parmi les raisons de ce chaos qui vient : la pandémie de Covid, la guerre en Ukraine et le changement climatique. Selon lui, les dirigeant·es de la planète ont deux options « soit ils s’attaquent aux causes profondes de la faim dans le monde, soit ils ne le font pas et cela leur coûtera mille fois plus cher en conflits et en migrations ».

L'énergie des espoirs. Actuellement à Bali (Indonésie), à l'occasion du sommet des 20 plus grandes économies mondiales (G20), les dirigeants chinois et américains ont décidé de reprendre les discussions bilatérales pour aborder la lutte contre le changement climatique, entre autres. Les deux pays, qui sont aussi les deux plus gros émetteurs de la planète, ne se parlaient plus depuis l’été dernier en raison de vifs désaccords autour de Taïwan. Or, leur coopération est cruciale pour l’issue de la COP27. - France Info (AFP)
Ça envoie du bois. Le Brésil, l’Indonésie et la République démocratique du Congo ont conclu une alliance stratégique en faveur de la protection des forêts tropicales à l’ONU. Les trois pays concentrent à eux seuls 52% des forêts primaires tropicales au monde. Leur préservation est cruciale dans la lutte contre le changement climatique. - Les Echos (Reuters)
Femmes actuelles. Les femmes indigènes d’Amazonie réclament d’être intégrées aux discussions climatiques. « Nous sommes celles qui protégeons la biodiversité donc il y a besoin des femmes indigènes dans les espaces de décisions », a expliqué Sônia Bone Guajajara, une leader autochtone récemment élue au Congrès brésilien lors d’une conférence de presse, lundi, à l'occasion de la journée de la COP27 dédiée au genre. Elles ont également prévenu les compagnies privées : « si vous venez [sur nos terres, ndlr], nous vous arrêterons car il s’agit de nos vies. Ce sera mauvais pour le business ». - The Guardian (en anglais)

J comme Justice climatique
Ce concept, brandi par les ONG dans les négociations sur le climat, souligne que les pays les plus vulnérables, qui subissent le plus lourdement les conséquences du bouleversement climatique, en sont aussi les moins responsables. Le concept de justice climatique défend l’idée que les pays développés doivent agir en conséquence de leur responsabilité historique, notamment au niveau des moyens financiers. La question de la répartition de l’effort entre nations fait partie des points de tensions entre les différents pays du monde dans le cadre des négociations sur le climat.


Les jeunes poussent. Moins nombreux que lors des précédentes éditions, les jeunes présent·es à la 27ème conférence des Nations unies (COP27) sur le climat en Égypte espèrent mettre leurs revendications à l’agenda des négociations. Nous avons rencontré trois étudiant·es qui portent le même message chacun·e à leur façon et à leur niveau. Un article à découvrir sur vert.eco

Vert dans “La science, CQFD” sur France Culture
RadiosCOP. A quoi servent les COP ? La France est-elle une si bonne élève ? Peut-on encore contenir le réchauffement climatique à moins de 1,5°C ? Autant de questions fondamentales auxquelles ont tenté de répondre Loup Espargilière, le climatologie Jean-Pascal Van Ypersele et le directeur de l’Institut du développement durable et des relations internationales, Sébastien Treyer, dans la dernière émission Sciences, CQFD, de France culture.

+ Loup Espargilière, Justine Prados et Alban Leduc ont contribué à ce numéro