Portraits

Mymozette, Corentin et Anastasia : trois façons de porter la voix de la jeunesse à la COP27

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Les jeunes poussent. Moins nom­breux que lors des précé­dentes édi­tions, les jeunes présent·es à la 27ème con­férence des Nations unies (COP27) sur le cli­mat en Égypte espèrent met­tre leurs reven­di­ca­tions à l’agenda des négo­ci­a­tions. Nous avons ren­con­tré trois étudiant·es qui por­tent le même mes­sage chacun·e à leur façon et à leur niveau.

Entre l’impossibilité de s’y ren­dre sans avion, les men­aces qui pèsent sur certain·es activistes et la lim­i­ta­tion des man­i­fes­ta­tions par le régime égyp­tien, les jeunes représentant·es français·es pour le cli­mat ne sont qu’une dizaine à avoir fait le déplace­ment à la COP27 con­tre une cen­taine l’année dernière à Glas­gow. « Après de longues dis­cus­sions, on a choisi d’envoyer deux per­son­nes et non six comme d’habitude », explique Anas­ta­sia Léauté, 22 ans, représen­tante du Réseau étu­di­ant pour une société écologique et sol­idaire (Reses).

Anas­ta­sia, Corentin et Mymozette sont à Charm el-Cheikh cette année pour faire enten­dre leurs reven­di­ca­tions et mieux com­pren­dre le fonc­tion­nement des négo­ci­a­tions à la COP27. © DR

Depuis plusieurs années déjà, les asso­ci­a­tions inter­na­tionales ten­tent plutôt de favoris­er la venue de représentant·es des pays en développe­ment. C’est le cas de Mymozette, vice-prési­dente de Cli­mates Mali qui assiste à sa pre­mière COP, entre ses cours d’ophtalmologie. Engagée depuis plus de trois ans, elle espère tou­jours expos­er ses préoc­cu­pa­tions aux négo­ci­a­teurs inter­na­tionaux. Elle fera peut-être face à Corentin, mem­bre de la délé­ga­tion offi­cielle française et ancien mil­i­tant. « J’ai vu la COP26 de l’extérieur, c’était un peu frus­trant donc j’ai eu envie d’aller voir de l’intérieur », jus­ti­fie-t-il auprès de Vert pour expli­quer sa can­di­da­ture au poste insti­tu­tion­nel occupé par deux jeunes chaque année.

Des rôles différents, une même solidarité

La COP est un évène­ment mil­limétré où cha­cun a des accès dif­férents. En tant qu’observatrices et mem­bres d’ONG, Mymozette et Anas­ta­sia sont tenues de quit­ter les dis­cus­sions si un pays le demande. « Je n’ai pu assis­ter qu’à la pre­mière plénière pour l’instant — et en dis­tan­ciel », regrette Mymozette qui s’investit tout de même dans les évène­ments par­al­lèles organ­isés dans les pavil­lons de chaque État. Pour espér­er voir de près les dis­cus­sions offi­cielles, Anas­ta­sia a choisi de se focalis­er sur les ren­con­tres autour des minorités — les jeunes, les femmes et les pop­u­la­tions autochtones — seuls sujets où « les négo­ci­a­tions sont plus ouvertes à la par­tic­i­pa­tion de la société civile ». Corentin a lui, la pos­si­bil­ité d’aller au-delà, grâce à son badge rose réservé aux mem­bres de délé­ga­tions. « On est plutôt les yeux et les oreilles, plus que les voix », dit-il. Il essaie d’informer le plus pos­si­ble les autres jeunes de ce qui se passe dans les réu­nions entre États.

L’argent, le nerf de la guerre

S’ils sont sur dif­férents fronts, les jeunes se coor­don­nent et défend­ent la même exi­gence : faire pres­sion pour obtenir de meilleurs finance­ments. « On est réal­istes : pas de fonds alloués égal pas de pro­jets », con­state Anas­ta­sia qui, tout comme Mymozette, entend porter la voix de celles et ceux qui subis­sent les iné­gal­ités cli­ma­tiques. « Au Mali, nous subis­sons [la crise cli­ma­tique, NDLR] alors qu’on pol­lue moins et on ne reçoit pas assez de dédom­mage­ments », s’indigne la jeune femme de 31 ans. Le finance­ment, c’est ce qui peut blo­quer toutes les avancées, prévoit Corentin. Il s’inquiète de voir les pays rich­es camper sur leur refus de financer les pertes et dom­mages, ces destruc­tions irréversibles dues au cli­mat, subies par les pays pau­vres.

L’après COP27 est déjà dans toutes les têtes. « C’est un moment où on est à fond H24 pen­dant deux semaines et après plus rien », anticipe Corentin, évo­quant les nom­breux burn-out chez les jeunes mil­i­tants éco­los. « Est-ce que je serai à la hau­teur ? », s’interroge de son côté Mymozette, qui garde espoir : « Si nous étions pes­simistes, nous ne seri­ons pas ici à la COP ! »