La quotidienne

Comme un poison dans l’eau

Chères toutes et chers tous,

Vous avez loupé le coche pendant les trois premières semaines de janvier (décidément) ? Il n’est jamais trop tard pour se lancer dans le « Sober january » (« janvier sobre »), un challenge lancé par le réseau Makesense pour apprendre à faire preuve de sobriété au quotidien. Plus d’informations sur ce « calendrier de l’après » dans notre article.


Billes de plastiques sur les plages, plomb et pesticides dans les sols et les nuages ; il y a de quoi être vert de rage.


Granulés plastique sur les plages : un « cauchemar environnemental »

La pilule blanche. Depuis des semaines, d’immenses quantités de petites billes en plastique s’échouent sur les plages du littoral français, provoquant des ravages sur la biodiversité marine et terrestre.

Après le Finistère et la Vendée, le fléau des micro-billes a essaimé sur les plages de Loire-Atlantique ces derniers jours. Ce week-end, à l’appel de l’ONG Surfrider, de vastes opérations de collectes ont été menées par des bénévoles pour nettoyer la côte Ouest de ces granulés plastiques industriels (GPI), appelés encore « pellets » ou « larmes de sirène ». Une opération particulièrement ardue, tant ces petites sphères blanches s’infiltrent dans les moindres recoins.

Mercredi 18 janvier, Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique, a déploré un « cauchemar environnemental ». Quelques jours plus tard, il ajoutait que l’État intenterait une action en justice aux côtés des collectivités locales. Les maires de Pornic et des Sables-d’Olonne, ainsi que la présidente (ex-LR) de la région Pays de la Loire, Christelle Morançais, ont décidé de porter plainte contre X devant le procureur de la République.

Des billes de plastiques sur une plage de la côte Aquitaine. © Maldeseine

Transportés par voie maritime puis stockés dans des conteneurs, les pellets servent de matière première à la production de la quasi-totalité des produits en plastique. Pour le Centre de documentation, de recherche et d'expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux (Cedre), qui a mené des recherches sur le littoral français, l’origine industrielle de cette pollution ne fait « aucun doute ».

La loi française ne semble plus suffire. Publié en 2021, un décret d’application de la loi anti-gaspillage impose aux fabricants et aux distributeurs de mettre en place des actions de prévention pour limiter les fuites de granulés au moment des opérations de manutention. « Mais ces procédures ne s’appliquent pas en dehors du territoire français, et sont insuffisantes pour prévenir les autres causes de pollution telles que les pertes de conteneurs », souligne encore Surfrider.

Des concertations ont lieu en ce moment même dans le cadre du Traité mondial sur la pollution plastique, dont la France accueillera une session au printemps.

· Ce lundi, à l’appel du Collectif pour la survie de la boulangerie et de l’artisanat, des boulangers manifestent dans plusieurs villes de France contre l’envol des prix de l’énergie, alors que certains ont vu leur facture multipliée par plus de dix. Ils réclament notamment de bénéficier du bouclier tarifaire, dont les critères (moins de 10 salarié·es, un compteur électrique d'une puissance inférieure à 36 kilovoltampère…) ne peuvent être remplis par beaucoup. Nombre d’artisans n’ont pas accès aux tarifs régulés de l’électricité d’EDF fixés par l’État, conséquence de la libéralisation du marché de l’énergie.

· Huit cas de saturnisme et 75 cas d’imprégnation élevée au plomb ont finalement été comptabilisés chez des enfants riverains de l’ancienne usine Metaleurop, autour d’Evin-Malmaison (Pas-de-Calais), a confirmé l’Agence régionale de santé des Hauts-de-France ce vendredi. Ce dépistage à grande échelle a été lancé à la suite d’une enquête menée par la série documentaire Vert de rage (notre article), qui avait estimé que jusqu’à 5 815 enfants pourraient avoir été atteints de saturnisme depuis les années 1960. Cette intoxication au plomb peut générer de graves retards de développement intellectuel et physique. - Libération (AFP)

· Une nouvelle colonie de manchots empereurs a été découverte en Antarctique, ont révélé des scientifiques du British Antarctic survey ce vendredi. Ces derniers ont retrouvé la trace de ce groupe de 500 individus grâce aux images satellites qui ont fait apparaître leurs excréments, visibles depuis l’espace. Au rythme actuel d’émissions de CO2, 80% des 66 colonies recensées dans l'Antarctique pourraient être éteintes d’ici à la fin du siècle.

Image satellite du groupe récemment découvert, repéré à cause de son guano (ses déjections). © Maxar technologies
La carte Adonis © Solagro et Ecotone

Pas bio à voir. Publiée à la mi-2022 par l’entreprise de conseil en agroécologie Solagro et le géant du bio Ecotone (qui possède les marques Bjorg ou Bonneterre), la carte Adonis permet de visualiser les communes françaises les plus (et les moins) dépendantes aux pesticides. Celle-ci se base sur l’indice de fréquence de traitement (IFT), soit le nombre de doses de produits phytosanitaires utilisées à l’échelle d’une exploitation, recensées par le ministère de l’Agriculture. Dans des nuances de rouge, la carte révèle les régions où la viticulture, l’arboriculture fruitière et les grandes cultures (blé, maïs, colza, etc) sont les plus développées, comme le Bordelais, le Languedoc-Roussillon, la vallée du Rhône, l’Île-de-France ou encore le Nord. En zoomant, on peut afficher les données pour chaque commune : consommation de pesticides, principale culture, ou part du bio.

Un collectif d’associations saisit le Conseil d’État contre le label Haute valeur environnemental

Tirés par l’HVE. Lundi, un collectif d'associations écologistes et de défense des consommateur·rices, ainsi que d'acteurs du bio a saisi le Conseil d’État à l’encontre du label agricole Haute valeur environnementale (HVE), dénonçant « la tromperie du consommateur » et réclamant de mettre « un terme au greenwashing entretenu par cette mention ».

Cette requête est portée par l’UFC-Que choisir, Générations futures, Agir pour l’environnement ou le Réseau environnement santé, ainsi que la Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB), le Syndicat national des entreprises de l’agroalimentaire bio (Synabio) ou l’association Bio consom’acteurs.

Lancé en 2012, le label HVE certifie des exploitations « utilisant des modes de production particulièrement respectueux de l’environnement », d’après le Code rural. Il est censé récompenser la valorisation de la biodiversité sur les terres agricoles, ainsi que la réduction (et pas l’interdiction) de l’usage de produits phytosanitaires et une meilleure gestion des ressources en eau. Malgré un cahier des charges bien plus léger que celui du label Agriculture biologique, par exemple (notre article), les exploitations labellisées HVE peuvent prétendre à des fonds verts de la Politique agricole commune (PAC).

Les exploitations viticoles sont les plus représentées parmi celles qui sont labellisées HVE. © Flickr/Isabelle Blanchemain

« Le problème c’est qu’en l’état actuel, et alors qu’il est de plus en plus apposé sur les produits, il n’est qu’un label trompeur pour les consommateurs et les citoyens en général qui y voient, par méconnaissance, un modèle agricole ayant un impact positif pour l’environnement », déplore le collectif.

Dans son dernier rapport sur le label HVE d’octobre 2022, l’Office français de la biodiversité (OFB) a mis au jour de nombreuses insuffisances et préconisé de relever le niveau d’exigence de ses critères… ou de trouver un nouveau nom plus cohérent pour éviter « le décalage ressenti entre son appellation et le niveau de performance environnementale qu’il garantit ».

Demeter, AB, HVE... Retrouvez ici notre comparatif des principaux labels écolos.

Glaciers

Se regarder dans la glace. Dans son nouveau court-métrage, le duo Avant l’orage nous invite à suivre un père et son fils en pleine ascension d’une montagne. Avec la participation de l'orchestre Curieux et de celui du nouveau monde, l’activiste Camille Étienne prend la parole sur la sauvegarde fragile des glaciers et l’urgence de réagir au dérèglement climatique. Entre fiction et discours militant, Mina Cuche, Solal Moisan et Camille Étienne signent un court-métrage engagé au cœur des montagnes savoyardes.

© Avant l'orage

+ Pénélope Dickinson, Lou-Ève Popper et Justine Prados ont contribué à ce numéro.