Chères toutes et chers tous,
À quelques jours du premier tour des élections législatives, et alors que tout le monde ne jure plus que par l'écologie, nous nous poserons tou·tes ensemble cette folle question : l'écologie de droite peut-elle nous sauver ?
📅 Le lundi 6 juin, à 19h à la Recyclerie (Paris 18ème), nous échangerons avec le politiste Bruno Villalba, spécialiste de l'écologie politique ; Olivier Blond, fondateur d'un think tank qui veut créer un récit écologique de droite ; la députée (Horizons) Valérie Petit, qui a théorisé « l'écologie turquoise », ainsi qu'avec la candidate (Nupes) à Boulogne-Billancourt Pauline Rapilly Ferniot, habituée à ferrailler avec la droite locale sur l'écologie et fondatrice du collectif Ibiza (oui, celui du faux Blanquer).
Pour tout savoir de cette soirée et vous inscrire, cliquez ici.
Fini de faire tout ce cinéma, les films de demain seront verts ou ne seront pas.

À Cannes, le climat se prend les pieds dans le tapis rouge
Affaire dissonante et trébuchante. Voitures électriques, rétrécissement de la moquette, lancement d'un prix dédié à la fabrication écologique de films et d'une société de production de nouveaux récits... Au festival de Cannes, dont la 75ème édition s'achève ce samedi, le vieux et le nouveau monde défilent sur le tapis rouge pendant qu'en coulisses, des acteurs se mobilisent pour mettre plus de climat dans le cinéma.
« Pouvons-nous faire autre chose que d’utiliser le cinéma, cette arme d’émotions massives, pour réveiller les consciences et bousculer les indifférences ? », s’est interrogé l’acteur Vincent Lindon, mardi 17 mai, à l’ouverture du 75ème festival de Cannes, dont il préside le jury. Avec ses critiques scrutées, ses grappes de célébrités endimanchées et ses dizaines de mètres carrés de moquette rouge, le plus célèbre raout du 7ème art livre remède et poison aux caméras du monde entier.
Ces derniers jours, on a vu Omar Sy rallier Cannes depuis Paris en jet privé et Tom Cruise atterrir en hélicoptère sur la croisette. Une débauche d’émissions de carbone qui rappelle que les plus riches ont une responsabilité prédominante dans la crise climatique (Vert). Le festival a annoncé des partenariats avec des acteurs des nouvelles technologies tels que le réseau social Tiktok, la plateforme YouTube et le média en ligne Brut, mais aussi des jeux vidéos comme Fortnite dans lequel les joueurs pourront se balader sur les lieux du festival et rencontrer des stars (Les Échos). Or, le streaming est responsable d’une part importante de l’empreinte carbone de l'industrie du cinéma et ce type de partenariat ne peut que l’alourdir.

Dans un mouvement inverse, en 2021, le festival avait pris des engagements pour réduire son impact environnemental. L’organisation avait présenté douze mesures, parmi lesquelles : mettre à disposition des voitures officielles électriques, supprimer les bouteilles d’eau en plastique, réduire de 50% le volume de moquette utilisée dans le tapis rouge, ou encore mettre en place une contribution environnementale pour compenser les émissions de CO2 de l’événement. Le montant collecté de cette « taxe carbone » s’était élevé à 515 189 €, reversé à six projets environnementaux. Une paille (en carton) au regard de ses 20 millions d’euros de budget (Le Figaro) et du lourd bilan environnemental de ses sponsors, comme le constructeur BMW ou le groupe de luxe Kering.
« J’ai encore l’impression d’être dans Don’t look up », confie à Vert Magali Payen, fondatrice de l’association On est prêt. Dès lors, comment faire basculer le monde du cinéma ? Cette année et pour la première fois, un prix « Ecoprod », remis en marge du festival, a récompensé le film produit le plus écologiquement possible. Jeudi 26 mai, il a été décerné à l'équipe de La Cour des miracles, réalisé par Carine May et Hakim Zouhan, sur le stand du Conseil national du cinéma et de l’image animée (CNC) - engagé depuis juin 2021 dans un « Plan Action ! » pour réduire l'empreinte carbone des œuvres cinématographiques. Dès 2023, les films qui auront touché des subventions du CNC devront réaliser un bilan carbone et travailler à diminuer leur impact.
La suite de l’article sur vert.eco

· Lundi, le média Contexte a révélé qu’Eléonore Leprettre, l’ex-cheffe de cabinet du tout nouveau ministre de l’agriculture Marc Fesneau, était nommée directrice de la communication et des affaires publiques de Phytéis, l’association professionnelle (le lobby) des fabricants de pesticides. Tous deux pourraient donc se retrouver lors de réunions au sujet de la réglementation des produits « phytosanitaires ». – Contexte
· Mercredi, le tribunal administratif de Strasbourg a annoncé la suspension des travaux préalables à l’enfouissements de déchets hautement toxiques sur le site de Stocamine à Wittelsheim (Haut-Rhin). Un énième retournement de situation dans la bataille qui oppose les partisans du déstockage (collectivités locales et associations environnementales) à l’État, en faveur du confinement des déchets. Cette suspension est provisoire, dans l’attente de la décision du tribunal concernant la légalité des travaux, qui visent à enfouir définitivement quelque 42 000 tonnes de rebuts à proximité de la nappe phréatique d’Alsace. – Le Monde (abonné·es)
· L’association 60 millions de consommateurs à révélé des « erreurs en pagaille » dans la réalisation des diagnostics de performance énergétique (DPE) des logements, dans une récente enquête. Alors que la loi « climat et résilience » prévoit de rendre les « passoires énergétiques » (logements classés F et G) progressivement impossibles à louer dès 2023, les tests réalisés révèlent des évaluations faites à la va-vite qui conduisent à des classements aléatoires. - France Info


« Pour beaucoup, l’écologie reste un truc de militant·es énervé·es, les gens ont besoin de sentir qu’il y a au contraire pleins de manières différentes d’en parler. »
Le Festival de Cannes est l’occasion d’interroger la manière dont les récits de fiction peuvent influencer l’évolution des comportements et des modes de vie. En 2020, un nouveau type de partenariat s’est noué entre Imagine 2050, une société de conseil et de production audiovisuelle à impact et la série Plus belle la vie, qui va bientôt s’achever après 18 saisons sur France 3. Yasmina Auburtin a collaboré pendant plus d’un an avec des scénaristes de la série pour intégrer les enjeux écologiques et de justice sociale à leurs narrations. Elle raconte à Vert les dessous de cette opération inédite et l’importance d’insuffler de nouveaux récits dans les programmes populaires pour sensibiliser le grand public. Un réjouissant entretien à lire sur vert.eco

Basculer vers un monde soutenable
Le point B. Dans Basculons ! dans un monde vi(v)able, une trentaine de jeunes entre 18 et 35 ans témoignent de leur point de bascule vers l’engagement et de la manière dont elles et ils envisagent l’avenir. Un cahier militant, coordonné par deux « citoyens engagés », Tanguy Descamps et Maxime Ollivier, pour prendre la tangente et nourrir les alternatives qui enflent partout sur le territoire.
Elles et ils s’appellent Léna, Jérémy, Marine, Matthieu, Julie ou Côme. Leur point commun ? Avoir pris conscience de l’urgence écologique et décidé d’œuvrer au futur dès à présent. Diplômé·es de grandes écoles pour la plupart, toutes et tous poussent un cri de révolte face aux entreprises polluantes et à leur gouvernement empêtré dans l’inaction, et refusent de contribuer à la destruction de la vie. Leur voix rejette en même temps qu’elle propose et invente. En écho, résonnent celles de leurs aîné·es, comme la journaliste Juliette Nouel, l’agronome Marc Dufumier, la députée Delphine Batho ou encore le philosophe Dominique Bourg.

« Nous comprenons que réussir sa vie dans un système qui la détruit n’a aucun sens […]. Ainsi, nous nous lançons : investissement associatif, grèves pour le climat, ateliers de sensibilisation, tentatives de décarbonation des entreprises, tour de France des écolieux, lettres de démission, formations en agroécologie, influence politique, nous tentons tous les leviers », écrivent les auteur·rices. Sans caricature, avec une large variété de radicalités et de parcours d’engagement, cet ouvrage invite à élargir la brèche de rébellion entrouverte en nous et à s’y engouffrer. Portrait d’une certaine génération, indignée et « bouillonnante », qui met ses privilèges au service de l’action écologique et sociale.
Basculons ! dans un monde vi(v)able, Tanguy Descamps, Maxime Ollivier, Romane Rostoll, Actes Sud, avril 2022, 304p, 16,9€.

Une assemblée générale sous le signe du seum
Le seum Total. Mercredi matin, l’humoriste et chroniqueur Guillaume Meurice a baladé son micro sous le nez des actionnaires mécontents de TotalEnergies, privés d’assemblée générale par les activistes écolos qui leur en bloquaient l’entrée (Vert). Entre ceux qui insultent les militant·es, ceux qui s’insurgent d’être ainsi « pris en otage » à l’extérieur, et ceux qui suggèrent de tuer des Africains pour résoudre la crise écologique, Guillaume Meurice nous offre un aperçu glaçant du vieux monde qui refuse de bouger. « Si le seum était côté en bourse, il aurait pris 15 points ce matin », ironise l’humoriste au micro de France inter.

+ Loup Espargilière, Juliette Quef, et Anna Sardin ont contribué à ce numéro.