L'estivale

Au charbon pour le climat

🕶️ L’été, tout ralentit, Vert y compris ! En juillet et en août, les éditions quotidiennes et hebdomadaires laissent la place à une édition estivale unique. Vous aurez droit à un large tour d’horizon de l’actualité de l’écologie des sept derniers jours, chaque mercredi à midi dans votre boîte mail, jusqu'à la rentrée de septembre.

📚 Vous avez peur de manquer de lecture ? Vous trouverez quelques conseils en cliquant ici.

🎁 Est-ce que vous avez vu la super classe de notre bannière spéciale été  ? C'est une œuvre unique réalisée par notre amie Marie Megy rien que pour vous  ! Retrouvez sa page Instagram ici.


Des jeunes, des journalistes et des député·es s'engagent pour le climat et contre les géants des fossiles qui nous engazent.


Devant l’Assemblée nationale, des jeunes à la pêche aux députés engagés pour le climat

Mardi, à Paris, une dizaine de jeunes militant·es du mouvement Fridays for future ont investi la place du président Edouard Herriot, face à l’Assemblée nationale, pour faire pression sur les député·es afin qu’elles et ils s’engagent face à l’urgence climatique.

« Excusez-moi, est-ce que vous êtes député ? », pouvait-on s’entendre demander mardi 28 juin, jour de rentrée parlementaire, en passant aux abords de l’Assemblée nationale. À l’occasion de la première séance publique dans l’hémicycle, un groupe de militant·es attend de pied ferme les représentant·es de la nation fraîchement élu·es pour « les interpeller et les tenir pour responsable de leurs votes à venir sur le climat ». Elles et ils se sont inspiré·es de l’action menée la semaine dernière par le mouvement Pour un réveil écologique, qui proposait aux député·es une formation « express » sur le climat et la biodiversité, dispensée par des scientifiques expert·es de ces sujets (notre reportage).

Malgré une présence plutôt discrète sur le bord de la place Edouard Herriot, de nombreuses discussions s’engagent entre jeunes militant·es et député·es. ©  Anna Sardin / Vert

En toile de fond, quelques pancartes peintes à la main avec lesquelles les élu·es peuvent se faire photographier, et des affiches accrochées à un fil – une pour chaque limite planétaire – sous lesquelles se déroulent des discussions animées au sujet de la réintroduction des pesticides néonicotinoïdes ou la dépollution de la Méditerranée.

Sur le côté, une pile de feuilles à signer : il s’agit d’une lettre à destination de la future présidence de l’Assemblée nationale [la députée Renaissance Yaël Braun-Pivet a été élue au perchoir après la réalisation de ce reportage, NDLR], qui demande que « les choix politiques soient dorénavant faits en conscience de l’enjeu climatique » et sollicite une formation de l’intégralité des élu·es. 40 signatures au compteur en fin de journée – en grande partie des député·es élu·es sous la bannière de la Nouvelle union populaire, écologique et sociale (Nupes). Quelques représentant·es du Rassemblement national ou de petits groupes parlementaires, mais peu de membres d’Ensemble, regrette Pablo Flye, porte-parole de FFF : « nous ne visions pas de groupe politique en particulier, mais notre action me semblait compatible avec la coalition créée par le parti présidentiel. Ils sont une vraie réserve de voix pour le climat, mais très peu d’entre eux sont passés ».

Les député·es étaient invité·es à signer une lettre adressée à la prochaine personne qui prendra la présidence de l’Assemblée Nationale, « pour qu’il y ait un élan écologique dès le départ ». ©  Anna Sardin / Vert

Alors que Léo Walter, député Nupes-LFI de la 2ème circonscription des Alpes-de-Haute-Provence, cherche une pancarte pour faire une photo « qui va plaire à ses filles, des militantes radicales ! », Coline Percheron, porte-parole de FFF, conclut : « nous, les jeunes, on a un vrai pouvoir de mobilisation pour le climat. On peut être écouté si on fait assez de bruit, si on est assez nombreux. Notre avenir est en jeu ».

· Dimanche, le gouvernement a annoncé qu’il préparait le redémarrage temporaire de la centrale à charbon de Saint-Avold (Moselle) pour sécuriser l’approvisionnement électrique de la France l’hiver prochain. Cette dernière a fermé le 31 mars, conformément à la promesse d’Emmanuel Macron d’arrêter les centrales à charbon d’ici à 2022. D’autres pays européens comme l’Allemagne ont récemment relancé des centrales à charbon afin de compenser la fin des approvisionnements en gaz et en pétrole russes et limiter la hausse des prix de l’énergie. - RTL

· Dans une tribune parue dans le Journal du dimanche, les dirigeant·es de TotalEnergies, Engie et EDF ont appelé les Français·es à réduire leur consommation énergétique face à la crise. Un appel à la sobriété qui a déclenché de vives réactions ; le député François Ruffin a notamment traité le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, de « gros tartuffe ». L’entreprise française, qui bénéficie de la flambée des cours de l’énergie, a annoncé des bénéfices records de 14 milliards d’euros en 2021 (Vert) et des voix s’élèvent pour taxer ces superprofits afin d’aider les ménages en difficulté (notre analyse).

· Depuis lundi et jusqu’à vendredi, des dirigeant·es du monde entier, expert·es et défenseur·ses de l’environnement sont réuni·es à Lisbonne (Portugal) à l’occasion de la conférence des Nations Unies sur les océans. Lors de son discours d’ouverture, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a décrété « l’état d’urgence des océans ». Parmi les sujets âprement discutés : l’impact de la surpêche sur la biodiversité, la pollution plastique qui asphyxie l’océan, ou encore la mise en place d’un éventuel moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins. - France info (AFP)

· Lundi encore, le tribunal administratif de Paris a jugé l’État français coupable de « négligences fautives » dans le scandale du chlordécone, du nom de ce pesticide cancérigène longtemps utilisé dans les bananeraies des Antilles, qui a contaminé plus de 90 % des habitant·es de Martinique et de Guadeloupe. La justice a notamment reproché à l’État d’avoir laissé ce produit en vente dans les Antilles pendant plusieurs années alors qu’il était interdit en France métropolitaine dès 1990. Le tribunal a cependant refusé les demandes d’indemnisation des 1 240 plaignant·es pour « préjudice d’anxiété ». - France info (AFP)

· Mercredi, les États membres de l’Union européenne (UE) se sont enfin accordés sur le « Pacte vert » (ou Green deal), un paquet législatif destiné à réduire de 55 % les émissions de gaz à effet de serre de l’UE d’ici à 2030 (par rapport à 1990). Ils se sont notamment entendus sur le passage de 22 % à 40 % de renouvelables dans le bouquet énergétique européen d’ici à 2030. Les ministres de l’énergie ont également validé la réforme du marché carbone, l’instauration d’une taxe carbone aux frontières, la fin des véhicules thermiques neufs en 2035 et la mise en place d’un fonds social pour le climat. - Le Monde (abonné·es)

« Tous les rapports scientifiques nous disent qu’il faut laisser les fossiles dans le sol si l’on veut rester dans un monde vivable. Il y a donc une dimension criminelle à poursuivre l’exploration et l’exploitation de nouveaux gisements. »

Capitalisme faucille. Mickaël Correia est journaliste à Mediapart. Dans son ouvrage Criminels climatiques, publié aux éditions La Découverte, il conduit une vaste enquête sur trois mastodontes des énergies fossiles en remontant les pipelines, les stratégies et les techniques qui leur permettent de continuer à polluer. À Vert, il livre quelques fragments de ce vaste système au croisement des pouvoirs politique, culturel, économique et financier. Un riche entretien à lire sur vert.eco

· Dans l’œil du cyclone. Le changement climatique a réduit de 13 % la fréquence des cyclones tropicaux depuis l’ère pré-industrielle, révèle une étude publiée dans la revue Nature climate change ce lundi. Là où l’on subissait plus de 100 cyclones tropicaux par an entre 1850 et 1900, les scientifiques ont évalué qu’il n’y en avait plus qu’environ 80 chaque année en 2012. Cette évolution s’explique par la hausse des températures. Celle-ci affaiblit certains flux d’air atmosphériques qui favorisaient la création de cyclones tropicaux. Mais si leur nombre diminue, leur intensité et leur impact sur les populations a tendance à augmenter avec le changement climatique, selon l’Institut national des sciences de l’univers du CNRS.

· Pole pollution. Environ 10 % des cas de cancer en Europe sont liés à l’exposition à la pollution, a révélé une étude de l’Agence européenne de l’environnement (AEE) publiée mardi. Le rapport a analysé les liens entre les cancers et la pollution atmosphérique, la fumée de tabac, ou encore l’exposition au radon, aux UV et à l’amiante. Selon l’organisme européen, il est possible de réduire la plupart des risques cancérigènes d’origine environnementale ou professionnelle grâce à des politiques publiques ambitieuses de lutte contre la pollution. - Ouest-France

© Météo-France

Mais t’es où, France ? Mardi, Météo France a mis à jour sa période de référence pour le calcul des normales climatiques (ou « de saison »). De 1981 à 2010, nous passons sur les trente années les plus proches dans le temps, soit la période 1991-2020. L’opération, renouvelée tous les dix ans, a pour objectif de mieux « caractériser le climat sur un lieu donné, pour une période donnée », selon le service national. D’autres variables évoluent, comme les précipitations, les vents ou encore l’humidité. En changeant la période de référence à partir de laquelle on calcule les écarts à la norme, on risque toutefois de rendre moins visible l’élévation récente des températures ; comme on peut le voir sur ce graphique, la moyenne des périodes de référence n’a de cesse d’augmenter, et elle a cru 0,42°C entre les deux dernières. S’il est pertinent de se comparer à une période récente pour les bulletins météo, « il faut en revanche choisir une référence de long terme pour caractériser le changement climatique » explique au Monde le climatologue Matthieu Sorel, pour ne pas risquer de minimiser son importance.

· On n’en veut pub ! Lundi, les 59 communes de la métropole de Lyon ont voté un règlement local ambitieux pour limiter la présence de la publicité dans l’espace public. Depuis 2017, ce projet fait l’objet d’une large mobilisation citoyenne pilotée par le Collectif Plein la vue, Alternatiba Lyon et le mouvement Résistons à l’agression publicitaire Lyon. Parmi les mesures, les panneaux lumineux devront être éteints la nuit et sont interdits sur les toitures, et les publicités seront fortement encadrées à proximité des établissements scolaires. - France 3

· Bas les steaks ! À partir de la rentrée scolaire, les menus végétariens deviendront la norme dans les cantines de Grenoble (Isère), a statué le conseil municipal écologiste de la ville, lundi. Des menus composés de viande et de poisson resteront gratuitement accessibles aux élèves en option. Grenoble est pionnière sur les questions d’alimentation durable puisque la restauration scolaire de la ville se targue déjà d’un taux d’approvisionnement bio et local de 65 %. - Actu.fr

Les dessous de l’agro-industrie bretonne

Malaise Breizh. Des agriculteurs allergiques, une journaliste opiniâtre, des vaches empoisonnées, et surtout l’omerta qui pèse sur les exploitations agricoles en Bretagne... Dans sa série audio Mauvaise graine, l’émission Affaires sensibles de France Inter retrace en quatre épisodes le combat d’agriculteurs et de locaux contre une puissante coopérative agricole. Ce récit de fiction s’inspire des enquêtes de la journaliste indépendante Inès Léraud, qui travaille depuis plusieurs années sur les pratiques secrètes qui minent les exploitations de la région. Immersion audio dans le milieu impitoyable de l’agro-industrie bretonne.

© France inter

+ Loup Espargilière, Anne-Sophie Novel, Juliette Quef et Anna Sardin ont contribué à ce numéro