Sky is (not) the limit. Après le réchauffement climatique ou la destruction de la biodiversité, les activités humaines ont entraîné le dépassement d’une nouvelle « limite planétaire », menaçant un peu plus notre existence : la pollution chimique.
La production de produits chimiques a été multipliée par 50 depuis 1950 et devrait encore tripler d’ici 2050. Une progression jugée « préoccupante » par les auteur·rices d’une étude publiée ce mardi dans la revue Environmental Science & Technology, car elle nous fait franchir une « limite planétaire ». Inventée en 2009 par des scientifiques du climat et de l’environnement, cette notion exprime les seuils que l’humanité ne doit pas dépasser dans certains domaines pour que les conditions dans lesquelles elle a pu se développer ne soient pas compromises (Stockholm Resilience Centre).
Au total, neuf limites ont été répertoriées : le changement climatique (la concentration de CO2 doit rester inférieure à 350 parties par million – PPM – dans l’atmosphère), l’érosion de la biodiversité (mesurée en disparition d’espèces et en perte des fonctions écologiques), la modification des usages des sols, la perturbation des cycles de l’azote et du phosphore, l’utilisation d’eau douce (inférieure à 4 000 km3/an), la diminution de la couche d’ozone, l’acidification des océans, la concentration des aérosols atmosphériques et, enfin, la pollution chimique. Les quatre premières limites sont déjà considérées comme franchies à des niveaux divers. Par exemple, la teneur de l’atmosphère en CO2 s’établit déjà aux environs de 420 ppm.
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Cette fois, les chercheur·ses ont étudié l’impact de la pollution chimique sur la stabilité du système terrestre, pour constater que cette limite était également dépassée. La pollution chimique – qualifiée par les scientifiques de « nouvelles entités » créées par les humains – est beaucoup trop élevée. Selon l’étude, il existe environ 350 000 types différents de produits chimiques manufacturés sur le marché mondial : plastiques, pesticides, produits chimiques industriels, produits chimiques dans les produits de consommation, antibiotiques et autres produits pharmaceutiques. Or, des volumes importants pénètrent les écosystèmes et les organismes vivants chaque année.
« Le rythme auquel les sociétés produisent et libèrent de nouveaux produits chimiques et d’autres nouvelles entités dans l’environnement n’est pas compatible avec le fait de rester dans un espace d’exploitation sûr pour l’humanité », a déclaré Patricia Villarubia-Gómez, l’une des co-autrices de l’étude. Les chercheur·ses appellent à la création d’un plafond sur la production et le rejet de produits chimiques et préconisent de se tourner vers l’économie circulaire.