Chères toutes et chers tous,
✏️ La sortie à bas bruit du dernier rapport du Giec hier nous a rappelé combien le climat est éclipsé dans les grands médias. Cette fois, point de transfert, mais l’Ukraine en guerre, sans oublier les vacances scolaires... On ne va pas vous faire un dessin... On a préféré demander à un pro de s’en charger. Une première dans Vert, à découvrir dans ce numéro !
📅 Rappel : rendez-vous demain soir à la Base (31 rue Bichat, Paris 10ème), pour débriefer tou·tes ensemble le dernier rapport du Giec, en compagnie de nos journalistes, et de nos invité·es. Le détail de l'événement est à retrouver ici.
Plutôt que d'arrêter de marcher sur la tête, certains veulent sauver l'agriculture à grand renfort de gadgets.
Au Salon de l’agriculture, l’avenir sera technologique ou ne sera pas
Oh la vache. Le Salon international de l’agriculture s’est ouvert samedi à Paris. Alors que les organisateurs promettent de se concentrer sur le lien qui unit les agriculteurs et les consommateurs, c’est le solutionnisme technologique qui est mis en avant pour répondre aux défis de la filière.
En visite expresse à l’inauguration du Salon international de l’agriculture samedi matin, Emmanuel Macron a prédit la « révolution silencieuse et difficile » que devra vivre le monde agricole pour bâtir l’agriculture du XXIᵉ siècle. « Une révolution qui passe par le numérique, la robotique et la génétique », a-t-il affirmé devant un parterre de syndicalistes, d’agriculteur·rices et de journalistes.
Non loin souffle un air de « startup nation » : d’immenses panneaux à l’effigie de la Ferme digitale délimitent un espace de quelque 600 mètres carrés. Cette association promeut l’innovation « pour une agriculture performante, durable et citoyenne ». Cinquante-trois start-ups adhérentes y présentent leurs solutions pour optimiser la filière agricole « de la fourche à la fourchette ».
L’une propose des équipements qui stimulent les plantes par flashs ultraviolets ; l’autre de recourir à l’intelligence artificielle pour piloter l’environnement en créant des microclimats au-dessus des cultures. Une dernière promet d’« encapsuler le meilleur de la nature » en fabriquant des biostimulants (des fertilisants naturels). Sans oublier la flopée d’appareils autonomes, hybrides ou 100% électriques, pour mécaniser les cultures.
La technologie peut-elle régler seule les enjeux de la filière agricole – la souveraineté alimentaire, le changement climatique ? Co-fondatrice de l’association, Karine Breton-Cailleaux admet que « ça ne résoudra pas tout. Mais ça peut aider pour être plus compétitif ».
« Avant, ils assumaient beaucoup plus le côté productiviste, mais ça s’est beaucoup verdi », s’amuse Véronique Marchesseau, secrétaire générale du syndicat Confédération paysanne et éleveuse de vaches dans le Morbihan. La « Conf’ » promeut une agriculture respectueuse de l’environnement et rejette le libéralisme économique qui ne protège pas les paysan·nes. Sans être passéiste pour autant : « Je me sens plutôt avant-gardiste par rapport aux enjeux du changement climatique. On porte un projet agricole – mais aussi de société – qui rejette le pseudo-modernisme qu’on nous vend comme une solution à tous nos problèmes », nous dit Nicolas Girod, producteur de lait dans le Jura.
Retrouvez notre reportage en intégralité sur vert.eco.
· Lundi, des pluies torrentielles se sont abattues à l’est de l’Australie, faisant neuf morts et 150 000 personnes déplacées. Les précipitations se poursuivent le long de la côte, multipliant les alertes aux crues et inondations. Le changement climatique a probablement aggravé l’évènement, selon le bureau météorologique australien. Le réchauffement des océans et de l’atmosphère sont propices à une accumulation d’humidité.- Sud Ouest (AFP), The Guardian (anglais)
· Lundi encore, les négociations ont commencé à la 5ème Assemblée des Nations unies pour l’environnement (ANUE) à Nairobi (Kenya), afin d’élaborer un futur traité international juridiquement contraignant de lutte contre la pollution plastique. Les discussions devront permettre d’acter la création d’un comité de négociation intergouvernemental. Le traité, lui, ne sera pas adopté avant 2024, date de la prochaine assemblée. 300 millions de tonnes de déchets plastiques sont produits chaque année. - Le Monde (abonnés)
· Lundi toujours, en réaction à l’invasion de l’Ukraine, l’UEFA (la fédération européenne de football) a rompu son contrat avec son sponsor russe Gazprom. Proche du Kremlin, le géant des hydrocarbures et 4ème plus gros émetteur de carbone de l’Histoire finançait les compétitions à hauteur de 40 millions d’euros par saison (Vert). Cette mesure s’ajoute à l’exclusion des équipes russes de tous les championnats européens. Plus tôt dans la journée, le club allemand de Schalke 04 avait aussi lâché Gazprom.- Le Figaro (AFP)
· Ce mardi, TotalEnergies a annoncé qu’il ne mettrait pas fin à ses engagements avec la Russie contrairement aux autres géants mondiaux des hydrocarbures BP, Shell et Equinor. Le groupe français a simplement précisé qu’il « n’apportera[it] plus de capital à de nouveaux projets en Russie ». Il reste donc, pour le moment, actionnaire à 19,4 %, de l’entreprise russe Novatek et la Russie demeure sa première ressource de production pétrogazière - Le Monde (abonnés)
Il faut leur faire un dessin. En août dernier, la sortie du premier volet, consacré à l’évolution du climat passé et futur, avait été éclipsée par l’arrivée de Lionel Messi au Paris Saint-Germain. Cette fois-ci, ce sont les chars russes massés devant la capitale ukrainienne de Kiev. Une disparition croquée par Sanaga dans sa première contribution à Vert.
Pour tout savoir du dernier rapport du Giec, retrouvez notre dossier en cliquant ici. Et pour nous aider à mettre le climat à l’agenda politique et médiatique, soutenez-nous en faisant un don à Vert !
Les six chantiers prioritaires pour l’avenir de l’agriculture française
Du pain sur la planche. Quatre expert·es de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) nous éclairent sur les six défis à relever pour nourrir la population sans aggraver la crise climatique et nuire au vivant.
→ Réduire l’usage de pesticides. Les différents plans Ecophyto engagés depuis 2008 par la France n’ont pas engendré la baisse escomptée. Ces plans ont permis d’identifier des axes de progrès - tels les pratiques agroécologiques, la sélection variétale orientée sur la résistance des cultures aux maladies ou le biocontrôle.
→ Diminuer les émissions de gaz à effet de serre agricoles. L’agriculture française représente 21 % des émissions du pays. Elles peuvent être réduites en modifiant l’alimentation des animaux, en utilisant moins d’engrais azotés, en favorisant le stockage de carbone dans les sols et en participant à la production d’énergie renouvelable.
→ Développer l’agriculture biologique (AB) à grande échelle. Les pratiques de l’AB permettent de réduire les émissions par hectare. Le développement de l’AB nécessite des innovations (sélection variétale, pratiques agronomiques, etc.), un marché accessible à tous et des débouchés commerciaux.
→ Adapter l’offre agricole aux évolutions des régimes alimentaires. Le passage à une alimentation plus végétale va réduire les consommations de produits animaux. Cette baisse doit être compensée par une augmentation de la qualité, le développement de filières compétitives de fruits, de légumes et de protéines végétales et par un travail d’éducation et d’information pour modifier les habitudes de consommation.
→ Concilier protection de l’environnement et revenus agricoles. Les revenus des exploitations françaises dépendent largement du soutien de la Politique agricole commune (PAC), qui rend difficile toute modification des modalités d’octroi des aides, notamment pour satisfaire des objectifs écologiques. Il faut renforcer le pouvoir de négociation des agriculteurs, développer des sources complémentaires de revenu, et engager une réflexion plus globale.
→ Rendre le métier d’agriculteur plus attractif. Au vieillissement de la population agricole s’ajoute le non-renouvellement des générations. La revalorisation des retraites et leur conditionnement à la transmission du foncier à des nouveaux entrants limitera la rétention des terres par les plus âgés. Une politique foncière efficace limitera l’artificialisation des sols et favorisera leur accès en priorité aux actifs agricoles.
Ceci est une courte synthèse des recommandations faites par ces expert·es de l'Inrae dans un grand format à retrouver sur vert.eco. Un article rédigé par Cécile Détang-Dessendre, Christian Huyghe, Hervé Guyomard et Xavier Reboud, issu du média collaboratif The Conversation France.
Présidentielle 2042 : « en 2022, on aurait pu éviter le pire »
Politique anti-ride. Dans une de ses dernières vidéos, Greenpeace met en scène les journalistes et politiques actuels, vingt ans plus vieux, en 2042. Elles et ils méditent sur ce qui aurait pu être fait à l'époque de la présidentielle de 2022. Le procédé de communication n’est pas nouveau : lors de la COP15 à Copenhague en 2009, les ONG avaient imaginé une campagne où s’affichaient Obama et Sarkozy, les cheveux gris, méditant sur leur inaction climatique. Une vidéo efficace et attendrissante.
+ Anne-Sophie Novel et Mathilde Picard ont contribué à ce numéro